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Articles

Affichage des articles du avril, 2023

White [Bret Easton Ellis / Pierre Guglielmina]

J'étais curieux de lire ce que B ret E aston E llis avait à dire sur ce que j'appelle le wokisme . Toutefois « White » ne peut se réduire à un pamphlet sur la « Génération dégonflée », comme il l'écrit lui-même.              Il y a par exemple de très belles pages sur le métier d'acteur, et aussi sur celui d'écrivain. B ret E aston E llis revient surtout sur son roman American Psycho , sur ses turpitudes hollywoodiennes s'agissant de monter tel ou tel projet, bref c'est instructif et surtout très divertissant.  Sauf par moments où, je ne sais pas si cela tient à l'écriture de BEE ou à la traduction de P ierre G uglielmina, mais la lecture est un poil pénible.             E llis met le doigt sur pas mal de choses que nous avons en commun.  Même si je ne suis pas Américain , mais plutôt Gallo-ricain , et si je ne viens pas d'un milieu aussi aisé, sans parler que je n'avais pas au même âge les mêmes obsessions, je suis néanmoins de la même générati

Joe Ryker : Les anges noirs [Jack Cannon / Christophe Claro]

Inspiré par « Dirty Harry », Joe Ryker rempile pour une nouvelle enquête.  Laquelle semble justement très influencée par le deuxième opus de la franchise cinématographique. Mais d'abord un mot sur cette série de romans, dont je vous en ai déjà touché deux [ Pour en savoir + ]. Mots, deux mots !             Joe Ryker , série publiée en France par les édition Fleuve Noir™, a connu aux U.S.A. une commercialisation à rebondissements. En 1974, les deux premiers tomes sortent sous le nom de N elson D e M ille (dont Jack Cannon est le pseudonyme), le troisième également, alors que D e M ille dit ne pas l'avoir écrit. Arrive donc celui qui nous intéresse aujourd'hui. Intitulé The Death Squad , il n'est plus un roman consacré à Joe Ryker , mais à Joe Keller . Là où ça se corse, comme dirait l'autre c'est que certains commentateurs déclarent qu'un roman de D eMile intitulé The Agent of Death publié en 1974 sous son propre nom, aurait été réédité en 1989 sous un a

La nuit nous sauvera [Philippe Ségur]

Nouvelle d'une quarantaine de pages, plus une postface façon L'Écoterrorisme pour les Nuls™, « La nuit nous sauvera » est le saisissant portrait d'un terroriste à la logique implacable.              Le récit commence par un premier chapitre de deux pages qui produit un  « effet tunnel » que j'ai rarement rencontré ailleurs avec autant de force. S'ensuit un état de stupéfaction, qui ne faiblira pas au cours des quarante pages suivantes.  Si selon la définition, frappée du coin du bon sens vous en conviendrez, le terrorisme c'est ce qui terrorise ; la mission est ici pleinement accomplie.              Du reste, au fur et à mesure que l'entreprise de sabotage avance, P hilippe S égur illumine la psychologie de l'écoterroriste Frédéric Weissman de flashbacks éclairants son parcours idéologique, façonné par une implacable rigueur.              Si le secteur du nucléaire civil, auquel s'attaque Weissman avec sa froide intelligence et une toute aussi glac

Thin Blue Line [Baron / Arnold / Slemons / Ansori]

M ike B aron, scénariste connu notamment pour la création du personnage Nexus , et son run sur le Punisher , est quelqu'un qui n'hésite pas à puiser ses idées dans les gros titres des journaux.  Bien qu'il se défende de faire de la politique, le one-shot qu'il a écrit, et fait publier en dehors du circuit des éditeurs institutionnels pour lesquels il a longtemps travaillé, est une prise de position très « Kulturkampf », qu'on ne peut pas séparer de ce qui se passe, encore aujourd’hui, aux U.S.A .  Un acte qui ne manquera pas d'être taxé de « controversé ».  D'autant que selon B aron, aucun éditeur approché n'a montré d'intérêt pour cette histoire.  Pire peut-être, selon lui, certains d'entre eux ont déclaré que transformer des flics de terrain en héros, ne correspondait pas à leur business plan . Le conservatisme qui prévalait à l'instauration de la Comic Code Authority™ est bien loin !  C'est donc au travers d'un financement partici

La nuit des généraux [ H.H. Kirst / Pierre Kamnitzer]

« Quand les hommes, même s'ils s'ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents ; au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. » R âmakrishna P aramahamsa  Comme vous le savez, le roman policier se décline en de multiples (mauvais) genres.              Le whodunit à l'anglaise, quand bien même ses fondations ont-elles été posées par l’américain E dgar A llan P oe.  Le roman hard-boiled , et son pendant un peu moins policier (et moins expéditif) mais plus social, dit  « roman noir »; nés tous les deux dans le magazine bon marché étasunien Black Mask .  La France en connaitra une version - pendant longtemps - strictement  « comportementaliste », à cause du format de la Série noire™ (tirant ses traductions vers des abrégées) et de l'idée que s’en faisait M arcel D uhamel, le créateur de la prestigieuse collection de Gallimard™.  On sait aujourd'hui que ce n'ét

Marvel vs The Punisher [Jonathan Maberry / Goran Parlov / Lee Loughridge / Alex Nikolavitch]

Synthèse de sa fascination pour L’Exécuteur , vigilante créé par D on P endleton pour le marché des livres de poche ( paperbacks ) étasunien en 1969, et son propre travail de scénariste chez l'éditeur Marvel™, G erry C onway apporte un personnage atypique en cette fin d'année 1973 dans les pages de la série The Amazing Spider-Man , qu'il écrit. Quelques mois auparavant, l'alors jeune scénariste - il a tout juste 21 ans - avait tué Gwen Stacy , la petite amie de Peter Parker . Un traumatisme dont certains ne sont pas encore revenus.             C onway est assisté pour le dessin du numéro 129, où apparait donc pour la première fois le Punisher , par le dessinateur (très sous-estimé) R oss A ndru. Mais c'est à J ohn R omita (pas encore Sr.) - qui vient d'être promu directeur artistique par S tan L ee - qu'on doit le design du vigilante new-yorkais. Il s'inspire, dit-on, de Black Terror , un personnage des années 1940, en apposant un crâne stylisé sur to

L' Agent Progressiste (alias Seventeen) [John Brownlow / Laurent Bosq]

Inconnu de la sphère littéraire des (mauvais) genres, J ohn B rownlow n'est pas un total inconnu de la dictature de la marchandise, puisqu'il a à son actif ; un scénario pour le film Sylvia (avec G wynneth P altrow et D aniel C raig), ou encore l'écriture de la série télévisée intitulée Fleming , où la vie d'agent de renseignement de I an F leming y était racontée.              Il ne quitte d'ailleurs pas les plates-bandes de l'espionnage avec son premier roman « L'Agent Seventeen », dont le protagoniste principal a lui aussi un « permis de tuer ».  Un livre commercialisé en France, via la Série Noire™ grâce à une traduction de L aurent B oscq, au prix de 23 euros.  Et puisque j'en suis à parler traduction, j'ai été surpris de trouver une note de bas de page au sujet d'une chanson qui passe à la radio (intradiégétiquement parlant si je puis dire) ; « Dans l'autoradio de la Pontiac, on vient de jeter quelque chose du pont de Tallahatchie 1 ,

Latah [Thomas Legrain]

Arrière-plan historique qui n'est là que pour imposer un « environnement très hostile », la guerre du Vietnam n'est pas le vrai sujet de la bande dessinée de T homas L egrain. Album pour lequel, et pour la première fois, il endosse le rôle de scénariste en plus d’en être le dessinateur/encreur/ coloriste.  Cette guerre donc, rétrospectivement vue comme injuste, agit toutefois ici comme un acide, qui désagrège lentement mais sûrement les conventions sociales.              1965, Sud-Vietnam , une équipe ( squad ) chargée de baliser et désigner - grâce à des fumigènes, les zones à bombarder par l'aviation américaine, se retrouve coupée de tout, en pleine jungle vietnamienne, évidemment. Et dans une situation très critique pour la vie des 8 militaires qui la composent.  « La jungle est l'univers idéal pour ce genre d'histoire. Elle est naturellement oppressante et fait sentir à l'homme qu'il n'y a pas sa place. ».              Racontée selon l’auteur via un

Les États-Unis de Captain America

Difficile de lire la mini-série « Les États-Unis de Captain America », parue là-bas justement, entre juin 2021, le 30 pour être précis, juste avant l' Independance Day , et le mois d'octobre 2021, sans penser au « Hard Travelin' Heroes » que commencent Green Arrow & Green Lantern en février 1972. On verra que les similitudes entre le travail de C hristopher C antwell & D ale E aglesham, et celui de D ennis O ' N eill & N eal A dams, ne sont pas que fortuites.             Héros patriote de façon ostentatoire, l'angle politique de Captain America est cependant à relativiser. Ainsi J oe S imon, le co-créateur du personnage, aurait déclaré que commercialement parlant une bonne histoire a toujours besoin d'un antagoniste fort. Et dans les années 1940 H itler était un candidat qui faisait alors fureur. Héros patriote donc, Captain America est aussi - comme J ack K irby le déclarera à W ill E isner ; une quasi mise à jour d' Uncle Sam (avril 1940