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Articles

Affichage des articles du avril, 2019

La route de Jérusalem [Mary Gentle / Michelle Charrier]

« Toute histoire doit avoir un début, un milieu et une fin, mais pas forcément dans cet ordre-là. ». Cet aphorisme, de J ean- L uc G odard, semble exactement taillé pour la quarantaine de pages écrite par M ary G entle.  La route de Jérusalem , disponible dans le volume anniversaire proposé, gratuitement, à l'occasion des 10 ans de la collection « Folio SF », offre en effet un instantané de quelques années, à la chronologie chamboulée. Cela dit, l’intérêt principal de cette nouvelle tient surtout en ce que l'autrice y construit une société très séduisante en termes diégétiques. Uchronique, nous y suivront quelques moments clés de la vie du lieutenant-chevalier Tadmartin , membre de l'Ordre du Temple, entre 1991 et 2002.  Publiée en octobre 1991 aux U.S.A. , La route de Jérusalem trouve vraisemblablement une partie de son inspiration dans la première « guerre du golfe » (2/8/90 - 28/2/91), ce point de bascule qui nous a fait entrer de plain-pied dans le XXI ème si

Les meurtres de Molly Southbourne [Tade Thompson / Jean-Daniel Brèque]

J'aurais aimé aimer Les Meurtres de Molly Southbourne . Si la formule est éculée, au moins est-elle vraie. Mais avant d'aller plus loin dans ma critique, un mot pour dire que la magnifique couverture du 18 ème ouvrage publié dans la collection Une Heure-Lumière™, n'est pas pour rien dans mon envie de lire la novella de T ade T hompson. A urélien P olice a encore une fois réalisé une magnifique couverture pour la collection du Bélial' , sûrement ma favorite de toutes celles déjà publiées. Or donc, ce qui m'a contrarié dans la centaine de pages du récit proprement dit * , qui paradoxalement est un redoutable page-turner , c'est la propension de l'auteur à ne pas tenir compte des questions que ne manque pourtant pas de poser son intrigue.  Difficile en effet de croire que Molly , au moins à l'adolescence, n'interroge pas ses parents, de manière frontale, sur ce qui lui arrive (sous-entendu que cet absence d'interrogation favorise le suspense

Les Évangiles Écarlates [Clive Barker / Benoît Domis]

Manière de crossover dans lequel C live B arker fait se rencontrer deux de ses inventions les plus mémorables, Les Évangiles écarlates oppose Pinhead et Harry D'Amour . Le premier est, selon les propres termes de C live B arker, un « sado-masochiste d'outre-tombe ». Et le second, comme vous le découvrirez si ce n'est déjà fait, est un détective privé, dont le terrain de chasse privilégié est encore plus irrationnel que les adultères. Si selon l'auteur lui-même, les 360 pages de ce roman peuvent se lire indépendamment de ses précédents travaux qui mettaient déjà en scène Harry D'Amour & Pinehead ;  la forme du roman (un début, un milieu, une fin) n'en n'est pas, à mes yeux, la seule et unique raison.  Outre qu'il reprend d'une manière bien trop ostensible la structure qu'a mise en évidence l’anthropologue  structuraliste (autodidacte) J oseph C ampbell, en inventant ce qu'il appellera le Monomythe © . C live B arker pousse en e

Aube de fer [Matthew Woodring Stover / Frank Reichert]

Cinq ans après la fin de la guerre de Troie , trois mastiqueurs de bronze ; Leucas , l'ancien combattant athénien, Khépéru , le magicien égyptien et Bara , la princesse picte arrivent à Tyr , dans l'espoir de se refaire, après un puissant revers de fortune Mais la patrie d'adoption de la farouche picte a bien changé depuis son départ.        Roman existentialiste, en tant que « ce qui doit arriver », autrement dit l'aventure (du latin adventura ), n'est, ici, pas une fatalité, Aube de fer est par ailleurs une formidable réussite. M atthew W oodring S tover, sorte d'aède du XX ème siècle y décrit, sur le ton de l’épopée, additionné d'une bonne amphore d'humour, la sempiternelle lutte du Bien et du Mal. Et ce n'est pas une mince affaire que de réussir à rendre palpitant un récit aussi souvent conté.  Force est pourtant de constater qu'il y parvient pendant les 460 pages de cette édition, commercialisée à partir de 2002 par les éditions de

M. Pénombre, libraire, ouvert jour et nuit

Dans cette librairie, véritable village Potemkine romanesque, le narrateur découvrira une vérité toute balzacienne ; et nous à sa suite. Tissant, grâce à un réseau de personnages souvent hauts en couleur, un récit à fort coefficient d’intérêt, R obin S loan (traduit ici par P hilippe M othe) y déjoue avec talent le choc des cultures. C'est en effet animé d'un même élan que les héritiers de G utenberg et ceux de la Silicon Valley se disputeront un secret bien gardé. Délaissant pour le coup le « voyage du héros™ » cher à nombre de script doctors labellisés, l'auteur construit son récit en suivant quasiment, étape par étape, la pyramide dite de M aslow.  Un canevas bien moins coercitif qu'on pourrait le croire.  M. Pénombre, libraire, ouvert jour & nuit , est un roman attachant, qu'on abandonne difficilement pour vaquer à nos obligations plus terre-à-terre.  Livre dont le profil aurait tendance à lui faire traverser incognito les rayons des librairie

Warrior [Cinemax]

À l'époque, si je me souviens bien, la rumeur qui courrait, était que B ruce L ee n'avait pas été choisi pour le rôle principal de la série télévisée Kung Fu , parce qu'il était Chinois. Ce qu'on ne savait pas, c'est qu'au même moment, de l'autre côté de l' Atlantique , L inda L ee, la veuve de B ruce L ee, déclarait que l'idée de Kung Fu avait été volé à son mari. D'ailleurs quelques années auparavant, en 1971, B ruce L ee avait, lors d'un entretien télévisé [ Pour en savoir + ], évoqué un projet, intitulé « Warrior » , se déroulant dans l' Ouest encore sauvage de la fin du XIX ème siècle. Dans lequel il en aurait été le rôle principal. En 2000, la fille de B ruce et L inda L ee, S hannon, est devenue la présidente de la « Bruce Lee Foundation ». Ce qui lui a permis de retrouver un mémo de 8 pages qu'avait écrit son père, sur ledit projet évoqué en 1971, à la télévision américaine.    Et nous voilà, 19 ans plus tard (et

Bonheur™ [Jean Baret] le Bélial'

Dans la postface écrite pour l'occasion, le philosophe D any- R obert D ufour dit tout le bien qu'il pense du roman de J ean B aret, lequel s'inscrirait dans le « courant de l'anticipation sociale », dixit l'auteur de Bonheur ™ himself , à l'instar d'aînés tels que B rett E aston E llis & C huck P alahniuk.  Une comparaison dont n'a pas à rougir J ean B aret, nonobstant que son roman n'est évidemment ni écrit par l'un, ni écrit par l'autre. Mais bien par un romancier à part entière. Très inspiré par les thèses de D anny- R obert D ufour, dont je m'étonne toujours qu'elles ne soient pas plus utilisées dès lors qu'il s'agit de déchiffrer la société dans laquelle nous vivons, J ean B aret ne se contente pas, comme l'a fort bien remarqué son inspirateur, de les illustrer, mais les transforme bel et bien, en une énergie diégétique puissante. La société dans laquelle nous invite J ean B aret est à la fois familière et te

The Old Guard [Rucka / Fernández / Nikolavitch]

Le saviez-vous ? Andy , la cheffe du groupe dont G reg R ucka et L eandro F ernández nous racontent l'aventure dans ce premier tome, est inspirée de Wowbagger « l'Infiniment Prolongé ». Un personnage créé par D ouglas A dams, dans sa fameuse trilogie en cinq tomes, dont l'épithète nous éclaire autant sur Andy que sur lui. Toutefois, ne vous attendez pas à autant d'humour dans The Old Guard que dans Le Guide du Voyageur Galactique .  En effet, Andy , Nicky , Joe , Booker et Niles forment un groupe de mercenaires à qui est confié une mission que même monsieur Phelps n'aurait pu refuser. Mission de tous les dangers pour la vieille garde, certes ! Mais aussi pour le scénariste qui accumule les clichés.   Mais qui, contre toute attente, invente une histoire excitante et surprenante. Mélange de passages obligés et d'étonnants détours, The Old Guard tient non seulement la distance mais se permet un finish magnifique. Un de ceux dont on n'imagine pas