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Articles

Affichage des articles du mars, 2019

Bad Monkeys [Matt Ruff / Laurence Viallet]

Considéré par l'auteur lui-même comme son «roman de Philip K. Dick », Bad Monkeys aurait cependant très certainement irrité l'auteur de Minority Report , comme M att R uff le reconnait également. Si ce court roman, en regard des deux autres que j'ai déjà lus du même auteur, tire son titre énigmatique d'un épisode de la série télévisée South Park ; et s'inspire du récit de D avid S imon, Baltimore , le résultat est sans nul doute un roman que P hilip K . D ick aurait pu écrire. Jouant comme son aîné, avec la chorégraphie de l'information, autrement dit, qui sait quoi, quand, comment et pourquoi ? ; M att R uff construit un thriller haletant à partir de ce qu'on est prêt à croire. Comme l'explique M ichael E aton, il n'y a que trois possibilités , structurellement parlant, pour le romancier de gérer la relation entre protagoniste et lecteurs, vis à vis de l'information : • le lecteur dispose exactement des mêmes informations que le pro

Way Inn [Will Wiles / Marie Surger]

« Les numéros rouge vif sur le radio-réveil à côté de mon lit adoptèrent la forme regrettable de 6 : 12. », voilà ce que j'appelle une belle entrée en matière.  Et cette impression ira en se renforçant, au fur et à mesure que l'entreprise de réification d'une métaphore d'une stratégie commerciale internationale fera de même. Récit d'épouvante de presque 300 pages, Way Inn n'entend pas laisser les souvenirs aux seuls serial killers .  Comme le laisse entendre la citation de J orge L uis B orges, placée en épigraphe, le roman de W ill W iles fonctionne, outre sa mécanique textuelle propre, sur le mégatexte du genre auquel il appartient. En effet, nombre d'images et d'idées accumulées en matière de Fantastique (le mégatexte en question) ressurgiront, de manière subjective, tout au long de l'aventures cauchemardesque de Neil Double . Un arrière-plan, dont la familiarité augmentera l'immersion des lecteurs, et l'étrangeté des situations.

The Standoff at Sparrow Creek [Henry Dunham]

Tourné en 18 jours pour un budget de 450 000 $, le long-métrage d' H enry D unham fait sienne l'idée, frappée au coin du bon sens, que même les paranoïaques ont des ennemis. Grâce à un scénario aussi tordu qu'un tire-bouchon, et à une distribution de quasimodos emmenée par J ames B adge D ale, The Standoff at Sparrow Creek est un bel exemple de décroissance cinématographique. Loin des films blockbusterisés, ce thriller asphyxiant redonne ses lettres de noblesse à un cinéma étique, proche des souvent mésestimées « séries B » d'antan, qui faisaient la joie des doubles programmes. À la manière d'un whodunit qui ne s’embarrasserait pas de bonnes manières The Standoff at Sparrow Creek a également la bonne idée de ne pas vouloir concurrencer les séries télévisées sur la durée. Produit par Cinestate , tout comme les films de S . C raig Z ahler :  Bone Tomahawk ou Brawl in Cell Block 99 , celui d' H enry D unham ne l'aura pas été par hasard. The Standoff

Un requin sous la Lune [Matt Ruff / Guillaume Fournier]

Un requin sous la Lune est son deuxième roman que M att R uff a vu publié aux U.S.A. , mais le premier qui le sera en France . « Deux romans sont susceptibles de changer la vie d’un adolescent de quatorze ans avide de lecture. Le Seigneur des anneaux et La Grève ( Atlas Shrugged ). L’un des deux est une fantaisie infantile qui engendre fréquemment chez ses lecteurs une obsession durable pour ses héros invraisemblables, conduisant à une vie adulte socialement inadaptée et émotionnellement atrophiée, qui les rend incapables d’affronter le monde réel. Dans l’autre, il y a des orques. » John Rogers          Là où, non sans ironie, J ohn R ogers confronte l’œuvre de J . R . R T olkien et celle d' A yn R and, à qui est par ailleurs dédié Un requin sous la Lune , M att R uff les combine à la manière d'une M ary S helley.  Autant vous prévenir, ce roman de presque 550 pages, sous-titré « La Trilogie des travaux publics », fait preuve d'une logique linéaire parfois

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

T'ien-Keou [Laurent Genefort] Ed. Le Bélial'

Cette nouvelle a une histoire. D'abord publiée dans le quotidien vespéral hexagonal bien connu, elle fait ensuite partie des récits de l'anthologie Escales 2000 , un mois plus tard, en septembre 1999.  En 2004 c'est au tour des éditions Soleil d'en sortir une adaptation en bande dessinée. L aurent G enefort est au scénario, et J ean- M ichel P onzio au dessin, pour un histoire somme toute assez différente de la nouvelle originale. Laquelle se retrouve cette année parmi  10 autres, au sommaire de Colonie, un recueil commercialisé par les éditions Le Bélial' [ Pour en savoir + ]. Et entièrement consacré à G enefort. L'éditeur, qui n'en est pas à son coup d'essai dans le domaine, propose un accès gratuit à la nouvelle en question (illustrée ci-contre par Rex Rabiera )  jusqu'à la fin du mois de mars [ Pour en savoir + ]. C'est très généreux de sa part, et je l'en remercie.   D'autant que T'ien-Keou donne, je crois, une belle id

Frères de sang / La Starlette était trop belle

Si « La Starlette était trop belle » n'est pas la suite de « Frères de sang », ces deux romans mettent en scène Jimmy Gage , un journaliste du tabloïd SLAP , et Jane Holt , détective au bureau des enquêtes criminelles de Laguna Beach . Cette dernière apparaissait aussi dans le premier roman de R obert F errigno intitulé « Le Pot au noir » [ Pour en savoir + ]. Comme il l'a prouvé dans ses deux précédents romans parus dans l' Hexagone ,   R obert F errigno est un écrivain qui joue sur les conventions du thriller . Ici il juxtapose deux intrigues, dont chacune d'elle aurait pu facilement faire l'objet d'un récit autonome et roboratif. Et construit à partir d'un réseau de personnages et de leurs « lignes de désirs » deux solides intrigues. Au fur et à mesure que progressent les deux histoires, les personnages se dévoilent, leurs relations changent (ou pas) ; ce qui agit sur le cours des événements. Et vice versa.  C'est d'ailleurs l'une

Pas un pour sauver l'autre [Robert Ferrigno / Robert Pépin]

R obert F errigno, avant d'écrire de manière professionnelle, nous dit-on, aurait joué au poker pour gagner sa vie. Une activité dans laquelle il devait être redoutable, si j'en crois son indéniable sens du bluff.  Difficile en effet de connaitre son jeu tant qu'il n'a pas abattu sa dernière carte. Ajoutez-y une science du contrepied peu commune, et vous aurez un portrait-robot assez fidèle de son avoir-faire. « Pas un pour sauver l'autre » son deuxième roman commercialisé en France (janvier 2001), tout comme le premier d'ailleurs [ Pour en savoir + ], s'appuie sur un scénario modulaire loin d'être ennuyeux certes, mais qu'il n'est pas le premier à mettre en scène. Aucun doute que les lecteurs ès thrillers seront en terrain connu. D'où parfois, une impression de « déjà-lu » en début de lecture. Une impression qui cela dit, n'épargne pas beaucoup de romancier. Heureusement, F errigno maîtrise le b.a.-ba du suspense et fait montr

Blues pour Irontown [John Varley / Patrick Marcel]

Ça commençait plutôt mal.  L'idée d'un détective privé du futur, fondu de ses lointains confrères des années 1930, avait tout d'un Polaroid™ bien trop souvent photocopié. Mais peut-être que cet amour des privés made in Underwood © allait-il être de la trempe du fusil de T chekhov ? Si la présence, dès les premières pages, d'une « femme fatale », semble donner le ton. Si l'ombre porté du Faucon maltais ne fera que se renforcer. La profession de détective privé semble aussi utile à l'intrigue du roman qu'un cataplasme à la moutarde sur une jambe de bois.         Une intrigue qui, nonobstant le titre du roman, tient plus de la berceuse que du blues .    Fort heureusement, J ohn V arley gratifie son roman d'une très belle idée ; au travers du personnage nommé Sherlock . Rien qui ne rattrape totalement l'ennui profond d'une enquête poussive, et  au final, sans grand intérêt. Mais les chapitres racontés par ledit Sherlock sont les plus int