Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du janvier, 2019

Peter Cannon : Thunderbolt [K. Gillen / C. Wijngaard]

Carburant à l'énergie fossile comme aucune autre industrie au monde, la BD étasunienne est aussi la championne du recyclage. Miroir solipsiste de ses propres péripéties, la bande dessinée mainstream ( i.e. le genre dominant des super-héros) n'en finit plus de ressasser.  Thunderbolt #1 (avec une couverture de S ean P hillips), commercialisé par l'éditeur Dynamite , en est un nouvel exemple.  En effet, ce numéro commence là où se terminait la maxi-série Watchmen (ou presque).  C'est de bonne guerre me direz-vous, puisque Peter Cannon (apparu pour la première fois en 1966), de la défunte écurie de l'éditeur Charlton , a servi de modèle à l'ex- Minuteman connu sous le pseudonyme d' Ozymandias , inventé par M oore & G ibbons.  Dans une mise en abyme assez vertigineuse (que la sobriété des planches de C aspar W injgaard, renforce d'autant plus que le dessinateur fait appel au découpage dit en « gaufrier » de 9 cases), K ieron G illen, dont

Le pot au noir [Robert Ferrigno / Hubert Galle]

Ce roman m'a été recommandé par D uane S wierczynski [ Pour en avoir + ]. Jeune lecteur encore adolescent, assidu de Sf et de fantastique, S wierczynski est entré dans le monde du polar et du thriller , grâce au roman de R obert F errigno.   « Le pot au noir » commence comme un roman policier tout ce qu'il y a de plus conventionnel : une disparition inquiétante, un suspect tout ce qu'il y a de crédible, et un duo de flics. L'ambiance rappelle celle de la série « Miami Vice », mais l'histoire se passe sur la côte Ouest des U.S.A. . D'une certaine manière, les premiers chapitres pourraient desservir ce roman, en en cachant ce qui fera son originalité, sous le vernis du tout venant. Sauf que dès le départ, R obert F errigno, traduit par H ubert G alle pour les éditions Flammarion , a la bonne idée de peupler son ouvrage de personnages atypiques qui réussissent à captiver l'attention. La quatrième de couverture ne se prive d'ailleurs pas de l'a

Deathlok [Charlie Huston / Lan Medina]

Les remakes , relaunchs , reboots , voire les réécritures de « classiques » façon littérature de genre, sont devenus omniprésents dans le divertissement de masse. Rien qui ne puisse, un jour ou l'autre, se voir  « updater ». En 2009-2010, c'est au tour de Deathlock , un personnage créé par R ich B uckler & D oug M oench pour Marvel [ Pour en savoir + ], et qui n'a jamais vraiment trouvé sa place chez l'éditeur des Avengers et consorts, de se voir offrir un nouveau tour de piste. C'est à C harlie H uston, auréolé de son run sur la série consacrée à Moon Knight , qu'on a commandé un scénario qui devra tenir sept numéros mensuels. H uston est, avant de travailler pour la Maison des idées™, d'abord connu pour ses romans. C'est via son agent littéraire qu'il a mis un pied dans la BD, au moment où Marvel recrutait en dehors de sa zone d'influence. Cela dit, il reconnaît une attirance pour la SF contractée dès son plus jeune âge ; et parti

Le Temps de Lumières [G. Rennie / Mark Harrison]

Le thème de l'unité militaire disciplinaire est de ceux dont les déclinaisons semblent infinies. De Les Douze salopards à Enfants de salauds , en passant par La Colline des hommes perdus , pour ne citer que ceux qui me viennent à l'esprit, et en restant dans le domaine du cinéma. G ordon R ennie, importante cheville ouvrière des revues anglaises 2000 AD et Judge Dredd Megazine s'y essaye aussi avec Le Temps des Lumières , un album commercialisé dans l' Hexagone par l'éditeur ERKO en 2001. Intitulée Glimmer Rats en anglais, cette aventure a paru dans le numéro spécial ( annual ) #2000 de l’hebdomadaire, de décembre 1999 ; pour ensuite feuilletonner du 2000 AD #1174 au #1182.  Dixit R ennie lui-même, il s'est inspiré d'un auteur de récits de guerre nommé S ven H assel. Individu semble-t-il controversé, ses romans dépeignent une guerre menées par des repris de justice, ou des condamnés à la cour martiale, loin de l'idéal héroïque. Pour H assel, c

Le Nom de la rose [Marjorie Liu / Daniel Acuña]

Techniquement, le récit épisodique intitulé « Le Nom de la rose », de M arjorie L iu et D aniel A cuña, est un scénario hitchcockien. En effet la scénariste utilise ce qu'on appelle communément un « McGuffin © ». Autrement dit ,un prétexte qui se révélera moins important que ce qu'il dévoilera. Portée par son personnage principal, les cinq numéros qui constituent ce recueil (traduit par S ophie W atine- V ievard), n'en négligent pas pour autant les envolées dynamiques conflictuelles, qui cimentent le genre. Natasha Romanov alias la Veuve Noire , déploiera toute la théâtralité de la violence dont elle est capable, pour arriver à ses fins. Tout en étant très dynamique, l'histoire de M arjorie L iu, qui plonge ses origines dans le monde romanesque de l'espionnage de la Guerre froide™, plutôt que dans l'univers des super-héros, s'attache plus à ce qui fait de son héroïne ce qu'elle est. Plutôt qu'à enchaîner les péripéties sans autre but qu'à

Cher pays de notre enfance [É. Davodeau / B. Collombat]

Particulièrement passionnant, j'ai pour ma part lu les presque 220 pages de cette bande dessinée (24 €, prix unique du livre), quasiment d'une traite, Cher pays de notre enfance revient sur une page de l'Histoire de France . Une Histoire parallèle, comme le laisse entendre la couverture de l'album, où non seulement le général D e G aulle est éclaboussé, mais plus encore peut-être ; où son regard, très inquiet, porte à son extrême droite. Là où la photo officielle le montre dans une attitude bien plus régalienne, regardant sur sa gauche. Bien que familier, par goût de l'Histoire, du Service d'Action Civique ( SAC ), et de l'affaire B oulin. Voire, grâce au cinéma de l'assassinat du juge R enaud, la minutie de l'enquête qu'ont menée B enoît C ollombat et É tienne D avodeau a été un rappel salutaire. Et surtout rempli de détailles dont je n'avais pas connaissance, ou que j'avais oubliés.  Le SAC donc, service d'ordre du mouveme

Astro City [Des Ailes de plomb] Panini

Influencé, selon ses propres dires, par Super-Folks , le roman de R obert M ayer ; paru en 1977. Un ouvrage qui concentre et quintessencie les aspirations les plus sombres, et les plus au diapason de son époque (en anglais on dit « relevant ») [ Pour en savoir + ], en matière de récit de super-héros.  Livre à qui on prête une influence notable sur quelques-uns des plus éminents scénaristes travaillant (alors et encore aujourd'hui pour certains) dans la bande dessinée de super-héros & affiliés.  Même si selon mes recherches (et la lecture du roman en question) la manière dont Super-Folks traite des super-héros est, hormis un sujet bien précis, déjà très présent dans une bonne partie des scénarios de l'époque.  [ Pour en savoir + ] K urt B usiek donc, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a ainsi créé, sous l'influence dudit roman * , quelques-unes des meilleures séries mainstream , commercialisées outre-Atlantique. Du moins si je me fie à mes propres goû

Les Chats du Louvre [Taiyô Matsumoto / Isabelle Merlet]

" U n musée, de nuit, on se croirait dans le ventre d’une baleine." D’un partenariat scellé entre les éditions F uturopolis et le musée du L ouvre s’est développée une collection atypique de bandes dessinées au fil des années au gré de l’inspiration d’auteurs venus d’orient comme d’occident. Le cadre de ces publications autorise aux auteurs conviés un accès privilégié pour visiter les galeries et les coulisses du L ouvre, d’en arpenter couloirs et recoins de jour comme de nuit pour s’imprégner de l’atmosphère du musée. Empli des énergies qui parcourent les lieux, à charge de l’auteur d’imaginer un récit s’inscrivant au sein du décor fantasmatique louvresque. Après diverses publications, c’est au tour de T aiyô M atsumoto de se voir offrir l’opportunité de s’aventurer dans « le ventre de la baleine » avec son nouveau manga Les chats du Louvre . Initialement publié en deux tomes en noir et blanc, ce récit a été complété d’une édition intégrale parée de couleurs réalis

Balles Perdues / Stray Bullets [David Lapham]

Dans son essai à charge, de 1947, T homas N arcejac donnait, à son corps défendant sûrement, la plus belle définition du roman « noir » américain qu'il m'a été donné de lire, lequel faisait alors son entrée dans le paysage culturel hexagonal. Ce qui est « noir » disait-il, «[..] ce n'est pas, [...] sa violence, sa crudité ; ce n'est même pas le désespoir qu'il peut éveiller chez le lecteur facile à suggestionner, c'est quelque chose de plus foncier et de plus mystérieux que l'on pourrait définir en disant qu'il nous présente le monde comme un TRAQUENARD. [..] ». D avid L apham, continue ce travail que des prédécesseur, souvent illustres, ont accompli avant lui, via sa série au long court  « Stray Bullets ». Une entreprise ambitieuse, qui le place sur un pied d'égalité avec les meilleurs.   Sous la forme d'histoires courtes, il dépeint de brefs moments de l'existence d'individus, amenés à se croiser, sans qu'ils sachent qu'

Angel Town [Gary Phillips / Shawn Martinbrough] Vertigo

Polar tamisé par le soleil californien, cette mini-série a visiblement été écrite pour une publication différente que les cinq numéros qu'on lui a octroyée. G ary P hillips, par ailleurs romancier de polars (non traduits en France à ma connaissance) construit un réseau de personnages, qui ne feront, pour la plupart, que de la figuration.  Mais visiblement le passé et le passif, des uns et des autres, devaient servir à quelque chose. Angel Town est dessinée par le très talentueux S hawn M artinbrough, dont le travail à lui seul, vaut le temps passer à lire cette mini-série. D'autant que L ee L oughridge, le coloriste est très en forme. Si cette mini-série, estampillée Vertigo , et « woke » avant l'heure, n'a pas connu le sort de Vigilante : Southland [ Pour en savoir + ], il me semble que la BD ne réussi pas très bien à P hillips.  Reste une enquête dont l'ironie du dénouement n'échappera sûrement, à personne. Et certains partis pris courageux.    

The Authority : Coup d'Etat / Fractured World

Pour cette seconde partie de ma critique du run du scénariste R obbie M orrison sur la série The Authority , j'ai décidé d'en faire l'édition. Dans le sens de trier le meilleur, en désignant ce qui m'aura semblé moins bon. Ou franchement mauvais. Cette dernière catégorie est essentiellement représentée par le dernier numéro qu'écrira M orrison, et qui est intitulé « Street Life ». Le scénario n'est pas plus mauvais qu'un autre, mais il n'a clairement pas sa place à cet endroit. Il est en outre dessiné par W hilce P ortacio, un dessinateur qui même dans ses bons jours, est très loin de correspondre à ce j'aime dans la BD. En termes de cohérence avec tout ce qui a précédé, ce quatorzième numéro n'apporte rien de neuf. À éviter si on n'est pas un complétiste acharné.         Faisant suite directement aux numéros précédents [ Pour en savoir + ], mais en marge tout de même, le crossover   « Coup d'Etat » convoque pour quatre numéros