Particulièrement passionnant, j'ai pour ma part lu les presque 220 pages de cette bande dessinée (24 €, prix unique du livre), quasiment d'une traite, Cher pays de notre enfance revient sur une page de l'Histoire de France.
Une Histoire parallèle, comme le laisse entendre la couverture de l'album, où non seulement le général De Gaulle est éclaboussé, mais plus encore peut-être ; où son regard, très inquiet, porte à son extrême droite. Là où la photo officielle le montre dans une attitude bien plus régalienne, regardant sur sa gauche.
Bien que familier, par goût de l'Histoire, du Service d'Action Civique (SAC), et de l'affaire Boulin. Voire, grâce au cinéma de l'assassinat du juge Renaud, la minutie de l'enquête qu'ont menée Benoît Collombat et Étienne Davodeau a été un rappel salutaire. Et surtout rempli de détailles dont je n'avais pas connaissance, ou que j'avais oubliés.
Le SAC donc, service d'ordre du mouvement gaulliste, puis police parallèle non officielle, est ici le révélateur d'un instantané des années 1970 (principalement), dont l'arrière-plan remonte jusqu'à la Résistance, en passant par la guerre d'Algérie. Seront ainsi évoqués le juge François Renaud, le patronat français, les syndicats, la « françafrique », et quelques figures politiques dont les carrières déborderont franchement ce que les deux auteurs n'ont pas hésité à appeler les « années de plomb » de la Vème République. Allusion au chrononyme désignant l'Italie des années 1970.
La bande dessinée est d'ailleurs enrichie d'une postface de Roberto Scarpinato.
Mais ce qui fait à mes yeux de Cher pays de notre enfance, un document unique, c'est la mise en scène de l'enquête elle-même. Étienne Davodeau & Benoït Collombat sont, aussi sûrement que les témoins de ce que raconte cette bande dessinée, des acteurs dudit document. Ce procédé insuffle une dynamique aux faits, aussi proche du romanesque que le leur permet la recherche honnête de la Vérité (dont je ne doute pas qu'elle les motive).
Le deuxième point essentiel, qui apparaît en filigrane, est la fragilité de la démarche des deux auteurs.
La totalité de l'enquête, la partie qui dévoile ce que nous ignorons, la plus intéressante donc, repose en effets sur des témoignages. Outre que ceux-ci se basent sur des souvenirs, leur fiabilité ne cesse d'être un motif d'interrogation. Quelque soit d'ailleurs, ceux qui les divulguent.
Cela dit, la réouverture de l'enquête sur ce qu'on appelle communément «l'affaire Boulin », du nom du ministre du travail du gouvernement Giscard, découvert mort dans l'étang Rompu de la forêt de Rambouillet, sert le travail de Davodeau et Collombat. Tout comme les documents de la commission d'enquête sur les agissements du SAC, qui restent, encore, inaccessibles.
Ce dernier, par ailleurs journaliste, a consacré un ouvrage à cet étrange suicide ; publié en 2007 chez Fayard.
En conclusion, Cher pays de notre enfance, bénéficie grandement de la forme qu'ont choisie les deux auteurs. En effet la bande dessinée apporte son carburant récréatif à une enquête finalement assez répétitive. Étienne Davodeau rend la lecture des multiples témoignages quasi diégétique, alors même qu'il s'attache à en rendre les propos et l'atmosphère les plus proches de ce qu'ils étaient lorsqu'il y a assistés.
La BD, grâce à son alchimie particulière d'images et de mots, est un puissant vecteur de transmission de l'information, Cher pays de notre enfance ou La Septième arme [Pour en savoir +], sur un sujet proche, en sont deux beaux exemples.
Une Histoire parallèle, comme le laisse entendre la couverture de l'album, où non seulement le général De Gaulle est éclaboussé, mais plus encore peut-être ; où son regard, très inquiet, porte à son extrême droite. Là où la photo officielle le montre dans une attitude bien plus régalienne, regardant sur sa gauche.
Bien que familier, par goût de l'Histoire, du Service d'Action Civique (SAC), et de l'affaire Boulin. Voire, grâce au cinéma de l'assassinat du juge Renaud, la minutie de l'enquête qu'ont menée Benoît Collombat et Étienne Davodeau a été un rappel salutaire. Et surtout rempli de détailles dont je n'avais pas connaissance, ou que j'avais oubliés.
Le SAC donc, service d'ordre du mouvement gaulliste, puis police parallèle non officielle, est ici le révélateur d'un instantané des années 1970 (principalement), dont l'arrière-plan remonte jusqu'à la Résistance, en passant par la guerre d'Algérie. Seront ainsi évoqués le juge François Renaud, le patronat français, les syndicats, la « françafrique », et quelques figures politiques dont les carrières déborderont franchement ce que les deux auteurs n'ont pas hésité à appeler les « années de plomb » de la Vème République. Allusion au chrononyme désignant l'Italie des années 1970.
Mais ce qui fait à mes yeux de Cher pays de notre enfance, un document unique, c'est la mise en scène de l'enquête elle-même. Étienne Davodeau & Benoït Collombat sont, aussi sûrement que les témoins de ce que raconte cette bande dessinée, des acteurs dudit document. Ce procédé insuffle une dynamique aux faits, aussi proche du romanesque que le leur permet la recherche honnête de la Vérité (dont je ne doute pas qu'elle les motive).
Le deuxième point essentiel, qui apparaît en filigrane, est la fragilité de la démarche des deux auteurs.
La totalité de l'enquête, la partie qui dévoile ce que nous ignorons, la plus intéressante donc, repose en effets sur des témoignages. Outre que ceux-ci se basent sur des souvenirs, leur fiabilité ne cesse d'être un motif d'interrogation. Quelque soit d'ailleurs, ceux qui les divulguent.
Cela dit, la réouverture de l'enquête sur ce qu'on appelle communément «l'affaire Boulin », du nom du ministre du travail du gouvernement Giscard, découvert mort dans l'étang Rompu de la forêt de Rambouillet, sert le travail de Davodeau et Collombat. Tout comme les documents de la commission d'enquête sur les agissements du SAC, qui restent, encore, inaccessibles.
Ce dernier, par ailleurs journaliste, a consacré un ouvrage à cet étrange suicide ; publié en 2007 chez Fayard.
En conclusion, Cher pays de notre enfance, bénéficie grandement de la forme qu'ont choisie les deux auteurs. En effet la bande dessinée apporte son carburant récréatif à une enquête finalement assez répétitive. Étienne Davodeau rend la lecture des multiples témoignages quasi diégétique, alors même qu'il s'attache à en rendre les propos et l'atmosphère les plus proches de ce qu'ils étaient lorsqu'il y a assistés.
La BD, grâce à son alchimie particulière d'images et de mots, est un puissant vecteur de transmission de l'information, Cher pays de notre enfance ou La Septième arme [Pour en savoir +], sur un sujet proche, en sont deux beaux exemples.
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