••• L’utilisation de l’arme nucléaire en 1945, a fondamentalement changé le monde.
L’impossibilité de faire la guerre par des moyens traditionnels, sous peine de destruction planétaire, a poussé les stratèges à en inventer une nouvelle forme.
C’est sur le terreau des décolonisations qu’elle verra le jour. Et dans les rangs de l’armée française. C’est bien connu, « en France on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ! ».
Il s’agira grosso modo, de contrôler la population, et d’essentialiser l’ennemi. L’ennemi n’est plus désigné en fonction de ce qu’il fait ou revendique, mais en tant que ce qu’il est. L’exemple le plus achevé est certainement celui des Tutsis, au Rwanda (1994).
Si cette doctrine dite de « la guerre révolutionnaire » s’appuie sur « La Guerre Totale » du maréchal Erik Ludendorf, en passant par « Le Viol des Foules » du soviétique Serge Tchakhotine (traduit en français en 1939 et immédiatement censuré), elle a été mise en pratique en Indochine (par son grand théoricien le colonel Charles Lacheroy), en Algérie, au Cameroun (1955-1962).
Tout en devenant accessible au grand public dès le début des années 1960, grâce à Roger Trinquier (La Guerre moderne/1961) un officier du service action du SDECE. Exportée aux U.S.A et en Amérique du Sud ; via des gens comme Paul Aussaresses (notamment attaché militaire au Brésil en 1973), ou encore David Galula, redécouvert par le général américain David Howell Petraeus, deux anciens de la guerre d’Algérie. Ce passage par l’armée américaine, qui applique la doctrine en Irak et en Afghanistan, signe son retour dans l’Hexagone.
Interdite d’enseignement par De Gaulle au lendemain du putsch des généraux, la doctrine de la guerre révolutionnaire revient sur les bancs de l’enseignement militaire.
Les attentats terroristes sur le sol français feront le reste, d’autant que si son enseignement était officiellement interdit, sa philosophie n’avait pas désertée les rangs pour autant.
Très documenté, grâce notamment (mais pas seulement) au travail du chercheur Gabriel Périès, fil rouge du récit, La septième arme, bénéficie en outre du dessin, presque clinique, de Jake Raynal.
Aux faits parfois insoutenables, lorsque la théorie devient un laboratoire pratique, le dessin de Raynal intensifie le sentiment de malaise. Son découpage est aussi d’une efficacité redoutable, difficile, quand bien même le sujet n’a rien de distrayant, de lâcher cette bédé de presque 140 pages.
Sans manichéisme, Servenay & Raynal indiquent qu'aujourd’hui, l’armée française ne fait pas bloc autour de l’idée d’utiliser des militaires sur le « front intérieur », lequel est d’ordinaire dévolu à la police et à la gendarmerie (quand bien même cette dernière est-elle militaire). Les actions et les paroles de certains hommes politiques (Mitterand, Joxe, Balladur, Hollande, Valls, ...) sont aussi passées au crible du recul historique, et de la documentation. Salutaire !
Un magnifique document, commercialisé par les éditions La Découverte, au prix de 19,90 €.
••• Dans le quatorzième numéro de la Revue Dessinée, a paru une version plus courte, découpée différemment, entièrement en noir & blanc, et avec une fin toute aussi différente (forcément puisqu'il parait fin 2016, début 2017) de La Septième arme.
Je vous en propose un extrait, celui concernant plus particulièrement le génocide du Rwanda :
L’impossibilité de faire la guerre par des moyens traditionnels, sous peine de destruction planétaire, a poussé les stratèges à en inventer une nouvelle forme.
C’est sur le terreau des décolonisations qu’elle verra le jour. Et dans les rangs de l’armée française. C’est bien connu, « en France on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ! ».
Il s’agira grosso modo, de contrôler la population, et d’essentialiser l’ennemi. L’ennemi n’est plus désigné en fonction de ce qu’il fait ou revendique, mais en tant que ce qu’il est. L’exemple le plus achevé est certainement celui des Tutsis, au Rwanda (1994).
Si cette doctrine dite de « la guerre révolutionnaire » s’appuie sur « La Guerre Totale » du maréchal Erik Ludendorf, en passant par « Le Viol des Foules » du soviétique Serge Tchakhotine (traduit en français en 1939 et immédiatement censuré), elle a été mise en pratique en Indochine (par son grand théoricien le colonel Charles Lacheroy), en Algérie, au Cameroun (1955-1962).
Tout en devenant accessible au grand public dès le début des années 1960, grâce à Roger Trinquier (La Guerre moderne/1961) un officier du service action du SDECE. Exportée aux U.S.A et en Amérique du Sud ; via des gens comme Paul Aussaresses (notamment attaché militaire au Brésil en 1973), ou encore David Galula, redécouvert par le général américain David Howell Petraeus, deux anciens de la guerre d’Algérie. Ce passage par l’armée américaine, qui applique la doctrine en Irak et en Afghanistan, signe son retour dans l’Hexagone.
Interdite d’enseignement par De Gaulle au lendemain du putsch des généraux, la doctrine de la guerre révolutionnaire revient sur les bancs de l’enseignement militaire.
Les attentats terroristes sur le sol français feront le reste, d’autant que si son enseignement était officiellement interdit, sa philosophie n’avait pas désertée les rangs pour autant.
Très documenté, grâce notamment (mais pas seulement) au travail du chercheur Gabriel Périès, fil rouge du récit, La septième arme, bénéficie en outre du dessin, presque clinique, de Jake Raynal.
Aux faits parfois insoutenables, lorsque la théorie devient un laboratoire pratique, le dessin de Raynal intensifie le sentiment de malaise. Son découpage est aussi d’une efficacité redoutable, difficile, quand bien même le sujet n’a rien de distrayant, de lâcher cette bédé de presque 140 pages.
Sans manichéisme, Servenay & Raynal indiquent qu'aujourd’hui, l’armée française ne fait pas bloc autour de l’idée d’utiliser des militaires sur le « front intérieur », lequel est d’ordinaire dévolu à la police et à la gendarmerie (quand bien même cette dernière est-elle militaire). Les actions et les paroles de certains hommes politiques (Mitterand, Joxe, Balladur, Hollande, Valls, ...) sont aussi passées au crible du recul historique, et de la documentation. Salutaire !
Un magnifique document, commercialisé par les éditions La Découverte, au prix de 19,90 €.
••• Dans le quatorzième numéro de la Revue Dessinée, a paru une version plus courte, découpée différemment, entièrement en noir & blanc, et avec une fin toute aussi différente (forcément puisqu'il parait fin 2016, début 2017) de La Septième arme.
Je vous en propose un extrait, celui concernant plus particulièrement le génocide du Rwanda :
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