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Articles

Affichage des articles du novembre, 2019

Mascarade [Ray Celestin / Jean Szlamowicz]

Deuxième opus de sa tétralogie consacrée au jazz et à la Mafia, Mascarade de R ay C elestin reprend une nouvelle fois l'idée d'une écriture sous contrainte.  Assurément, si dans le premier tome le romancier britannique s'inspirait d'une nouvelle de l'auteur japonais R yūnosuke A kutagawa [ Pour en savoir + ], il reproduit cette fois-ci la structure de l’enregistrement de «  West End Blues  », un  morceau de L ouis A rmstrong.  Un Louis Armstrong qu'on retrouve d'ailleurs comme protagoniste dudit roman, dont l'action se déroule en 1928, à Chicago ; en compagnie des détectives Michael Talbot et Ida Davies , également fidèles au poste. En l’occurrence celui de l'agence Pinkerton .  « J’avais l’intention de faire en sorte que mon livre suive fidèlement l’arrangement de ce morceau et que chaque personnage constitue un élément de l’instrumentation »             Si je suis particulièrement amateur du jazz des « Roaring Twenties »,  je doi

Scott & Bailey [Lesley Sharp / Suranne Jones]

« Où sont les femmes ? » se demandait P atrick J uvet en 1977 ; un peu plus de quarante ans plus tard je peux répondre qu'elles sont employées au service des Incidents majeurs de la police de Manchester .             En effet, non seulement tous les rôles de premier plan de la série sont trustés par des actrices, mais l'idée originale, les scénarios et la mise en scène sont aussi une affaire de femmes. Sorte de Cagney & Lacey british d'obédience  matriarcale donc, Scott & Bailey s'en sortent plutôt bien dans leur rôle respectif.   C'est la présence de L esley S harp qui m'a attiré vers cette série télévisée. J'avais en effet fort apprécié sa présence dans une autre série britannique intitulée After Life , où elle interprétait avec beaucoup de conviction une médium.  Le duo qu'elle forme ici avec S urannes J ones marche tout aussi bien que celui qu'elle formait alors avec A ndrew L incoln.           Série policière volontairemen

Un homme à terre [Roger Smith / Estelle Roudet]

« J'ai un doigt sur le pouls de cette salope de ville et un autre bien profond dans son cul pourri. » Âmes sensibles s'abstenir ! Un homme à terre , le roman du sudafricain R oger S mith,  bien que disposant de tous les ingrédients d'un polar ressortit définitivement à celui du roman noir. En tant que ce dernier nous présente le monde comme un « TRAQUENARD », une prise de conscience certes désagréable, mais bien moins que celle que vont endurer certains personnages de Un homme à terre . Ce roman, particulièrement brutal, est aussi surtout un beau tour de force littéraire. En effet, sans jamais mettre à distance la violence, ni rendre sympathique ses personnages, R oger S mith captive de bout en bout. Un homme à terre , s'il démarre, et se déroule en grande partie près de Tucson en Arizona , est surtout une vue en coupe de l' Afrique du Sud . Une « boîte de Petri » auquel l'auteur apporte un style volontairement cinématographique, l'enchaînement de

Chiens de guerre [Adrian Tchaikovsky / Henry-Luc Planchat]

« Je m’appelle Rex. Je suis un bon chien. » Mais fait-on de la bonne littérature de genre avec un « bon chien » ?  Je me suis posé la question pendant 320 pages, et la réponse est non en ce qui concerne le cas d'espèce traité ici.  En effet Chiens de guerre , court (sans jeux de mots) bien trop de lièvres à la fois, et surtout n'en capture aucun. A drian T chaikovsky, s'il n'invente rien dans son roman, s'obstine à vouloir creuser l'aspect éthique de son intrigue, alors que visiblement il n'a rien à dire de plus sur le sujet qui n'ait déjà été dit. Ceci au détriment d'une intrigue intéressante. C'est creux, et en plus on s'ennuie ferme. Ses personnages ne sauvent pas les meubles, et même Rex , qui a pourtant droit à un traitement de faveur, est un personnage en qui j'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser. Miel qui occupe disons, la seconde place en terme de présence, est sûrement le personnage qui devient le plus incongru du r

La Dette [Mike Nicol / Estelle Roudet]

Vers 2005 ou 2006, la plupart des médias s'en faisait l'écho, P hilippe D jian opérait une sorte de révolution littéraire. En effet, avec Doggy bag le célèbre romancier lançait une série de romans écrits « avec les codes de la série télé ». On pouvait même lire qu'il leur empruntait « la structure en 24 images seconde » ; comprenne qui pourra. En 2019 je n'ai toujours pas lu les six tomes de la série en question, mais je viens de lire un roman dont je peux dire qu'il m'a fait penser à une série télévisée.              Divisé en trois parties, comme autant d'épisode, La Dette de M ike N icol se déroule dans une Afrique du Sud contemporaine de sa publication. On y suit les mésaventures de Mace Bishop , un Blanc, et de Pylon Buso , un Noir, qui ont pris les armes aux côtés du  « MK » la branche armée et clandestine de l'ANC, au moment de l' apartheid , et se sont depuis reconvertis dans la protection de riches amateurs de « tourisme médical

PariZ [Rodolphe Casso]

Le « zombie », tel que nous le connaissons aujourd'hui, et qui prend son essor grâce au réalisateur G eorge R omero dès 1968, s'inspire certainement plus du célèbre roman de R ichard M atheson « Je suis une légende », que des rites vaudous.  Ainsi, la horde poussée par le désir instinctif de se nourrir, le décor post-catastrophe, et bien sûr la perspective narrative du rescapé ; tout cela est déjà dans ce roman de 1954.  On peut aussi y ajouter le thème l'enfermement ; que ce soit une maison, un centre commercial, voire derrière un gigantesque mur. Dans « PariZ », R odolphe C asso, dont c'est le premier roman, situe la majeure partie de son histoire dans les couloirs du métro parisien.              Mais l'épidémie de « zonards » est surtout un prétexte.  Il n'est en effet jamais question de « zombies » dans le roman ; pas plus que les personnages dont nous ferons la connaissance n'ont vu ou lu d'histoires les concernant.  Les zonards do

L'Agence [Mike Nicol / Jean Esch]

Acheté sur la foi de son titre, le dernier roman de M ike N icol paru en France me fait par la même occasion découvrir ce romancier d' Afrique du Sud . Si en faisant quelques recherches après coup, je me suis aperçu que L'Agence était de deuxième d'une série entamée avec Du Sang sur l'arc-en-ciel , je ne regrette pas du tout cette entrée en matière. Qui ne souffre apparemment pas trop, de ne pas connaitre son prédécesseur. Commercialisé dans la célèbre collection de la Série noire™, L'Agence n'en est pas moins surtout, un « roman d'espionnage ». Lequel enfile avec élégance l'adage de J ohn le C arré disant de ce genre littéraire qu'il était, je cite, « une guerre dans les coulisses de la bonne conscience ». La bonne conscience en question étant ici, la Nation arc-en-ciel © si chère à D esmond T utu.             Entre la Mother City et Berlin , via une escale à l'aéroport de Schipol et quelques pérégrinations en République centrafric