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Articles

Affichage des articles du juin, 2019

Le Beffroi [Si Spurrier / Jeff Stokely / Achilles(s)]

Dans l'entretien qui qui clôt le recueil français des 8 numéros de la mini-série « Le Beffroi » ( The Spire ), S i S purrier, déclare son inimitié à la classification par genre. Au risque donc d'en froisser le scénariste, j'apposerai l'étiquette  « fantasy » sur cette histoire, dessinée par son complice J eff S tokely. Un dessinateur qui n'est par pour rien dans le charme et l'attrait que « Le Beffroi » exsude. Dans l'entretien déjà cité, S tokely cite deux influences  majeures : Moebius et H ayao M iyazaki. Nul doute que quiconque lira les péripéties qu'affronte Shå dans son enquête, aura également une pensée pour ces deux immenses artistes.  Néanmoins, J eff S tokely n'est ni l'un ni l'autre, du moins pas encore, et son trait frappe surtout par sa spontanéité. Quand bien même sa mise en récit dément toute forme d'impulsivité, et offre une rigueur qui ne parvient pas toujours à se faire oublier. D'où la première impres

Unité 8200 [Dov Alfon / Françoise Bouillot]

D'abord écrit en hébreu, Unité 8200 (prononcer 8-200) a connu un très beau succès en Israël . Traduit en anglais, il a cependant eu du mal à trouver un acquéreur anglo-saxon ; les acheteurs potentiels trouvaient l'intrigue incompréhensible pour des non-israéliens C'est finalement l'éditeur C hristopher M ac L ehose qui l’achètera, en demandant lui aussi, quelques remaniements [ Pour en savoir + ].  Traduit de l'anglais au français par F rançoise B ouillot, Unité 8200 est disponible aux éditions Liana Levi .  Une version qui si elle transpose les grades israéliens en français au contraire de la version anglaise. Ainsi « segen » devient-il lieutenant, ou plutôt lieutenante.  Par le fait, Unité 8200 adopte la féminisation des grades militaire (sergente, soldate), mais ce choix disparait en cours de route, et la lieutenante Oriana Talmor redevient un lieutenant pendant la plus grande partie du roman.  Outre que je me suis demandé si l'armée israélienne

Cette maison [David Mitchell / Manuel Berri]

D avid M itchell, romancier anglais, fait partie de ces auteurs dont on peut dire qu'ils sont des « rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir », d'après la belle définition de R aymond Q ueneau à propos des membres de l' OuLiPo . Son dernier roman, que j'ai choisi de lire sous la très belle couverture de C harles- É tienne B rochu, pour les éditions ALTO, n'y déroge pas. Ainsi son premier chapitre a-t-il d'abord paru sur Twitter™, entre le 13 et le 20 juillet 2014, pour le coup ici remanié, mais dont l'essence, & la scansion caractéristique de la plateforme bien connue a été en grande partie conservée. On y suit, en focalisation interne, la visite d'une jeune garçon qui accompagne sa mère à la « Slade House », cette maison sise Slade Alley , qui donne son titre au roman (dans sa version originale, et hexagonale aux éditions de L'Olivier). Laquelle visite sera suivie de quatre autres, par des personnages di

Les sept morts d'Evelyn Hardcastle [Stuart Turton / Fabrice Pointeau]

Un peu à la manière d' A gatha C hristie qui en son temps, avec « Le meurtre de Roger Ackroyd », subvertissait les règles de l'enquête policière littéraire, S tuart T urton propose un cadre totalement inédit pour son propre whodunit , et pour tout dire terriblement séduisant. Une originalité qui malheureusement gardera tous ses secrets ; et qui au fur et à mesure de ce qu'il voudra bien nous en apprendre, la transformera en usine à gaz.  Ce qui est d'autant plus dommage, que si on fait abstraction de ce qui fait justement son originalité, « Les sept morts d'Evelyn Hardcastle » est du niveau de ce que ce type de roman est à même de produire de mieux. Mais de manière assez fâcheuse, S tuart T uron s'entête, tout en distribuant des informations qui sapent les fondations mêmes de son entreprise.  Ainsi en va-t-il de la durée objective de l'enquête, ou des motivations premières du personnage principal masculin ; lesquelles entrent en complète contradicti

Lovecraft Country [Matt Ruff / Laurent Philibert-Caillat]

Découpé comme autant d'épisodes, puisqu'au départ M att R uff travaillait sur un pitch de série télévisée à la « X-Files » ; Lovecraft Country a un petit air de « fix-up   ». Autrement dit un recueil d'histoires courtes (nouvelles) sur le même thème, ou via un héros récurrent, reliées plus ou moins habillement, pour lui donner l'apparence d'un roman.  Détail trompeur, mais rassurez-vous, il ne sera pas le seul ! Le fil directeur de ce récit est un livre ; comme on peut légitiment s'y attendre dès lors que l'ombre tutélaire de L ovecraft est invoquée. Mais pour le coup, certainement pas du genre qu'on escompte. En effet, puisque qu'il s'agit du « Guide du voyage serein à l'usage des Noirs » . Un type de guide largement popularisé, même outre-Atlantique, depuis le film de P eter F arrelly avec M ahershala A li & V iggo M ortensen : « Green Book, sur la route du Sud ». KILOMÈTRE « JIM CROW » : Unité de mesure propre aux automobi

Blackout [Marc Elsberg / Pierre Malherbet]

Commercialisé par PIRANHA™, une maison d'édition généraliste, et traduit de l'allemand par P ierre M alherbet, « Blackout » est un thriller scientifique d'anticipation. Ce roman catastrophe, à très courts termes, écrit par M arc E lsberg, s'appuie sur la nature réticulaire de nos sociétés interconnectées. Et sur leur faible niveau de résilience.  Manifestement très documenté, l'auteur n'en perd cependant pas de vue qu'il écrit un thriller . Autrement dit, jamais le rythme ne baisse en laissant place à un didactisme scientifique qui parait extra-diégétique.  Roman choral, bien que certains personnages tiennent plus du figurant que du protagoniste, « Blackout » évite tout sensationnalisme, ce qui paradoxalement le rend encore plus glaçant. Plus percutant. D'ailleurs, et c'est à mes yeux une réussite, la plupart des individualités s’effacent derrière l'ampleur de la catastrophe. Ainsi, le personnage principal du roman semble bien être le «

La Porte d'ivoire [Serge Brussolo]

En digne héritier de sir H enry R ider H aggard, S erge B russolo nous convie à une aventure sur le continent africain, à la recherche d’un isola de civilisation occidentale disparue.  « La Porte d’ivoire » c’est 350 pages de contrepieds et de rebondissement tous azimuts, orchestrés par un romancier en pleine possession de son art. Pur roman d’évasion, « La Porte d’ivoire » ne lésine pas sur les moyens les plus efficaces de nous captiver. Ce en quoi il a parfaitement réussi en ce qui me concerne. Cependant, cette débauche pléthorique de péripéties, et de revirements psychologiques, aux limites du décrochage de la nécessaire suspension volontaire d’incrédulité™ du lecteur, ne sera peut-être pas du goût de tout le monde.  Il a néanmoins conquis les éditions DU MASQUE™, qui en plus d'en être l'éditeur, lui a attribué son Prix du roman d'aventures © .         « La Porte d’ivoire » a également vécu une aventure que n'avait sûrement pas prévue S erge B russolo ; êt

Le Bâtard de Kosigan t1 [Fabien Cerutti / Alain Brion]

Titré « L'Ombre du pouvoir », le premier tome du cycle plus généralement intitulé « Le Bâtard de Kosigan », pourrait être décrit comme un long-plan narratif.  En effet, hormis un prologue qui révélera toute sa saveur le moment venu, entre l'arrivée de Pierre Cordwain de Kosigan en Champagne vers la fin de l'année 1339 et la fin du roman, l'intrigue suit un déroulement quasi continue, et très soutenu dont il est le moteur. Sorte de « Mission : Impossible » au temps du Moyen Âge tardif, « L'Ombre du pouvoir » donne à lire un récit plein d'énergie.          Pierre Cordwain de Kosigan est une sorte de picaro ; ce personnage (venu de la littérature espagnole) qui traverse des séries d'aventures, lesquelles sont pour lui autant d'occasions de contester l'ordre social dominant.  Rusé, parfois fourbe, toujours manipulateur, le pícaro est aussi un intrigant. C'est-à-dire un agent interne de l'intrigue.  À l'origine de basse extract

Mister Miracle [King / Gerads / Wicky]

Mister Miracle , l'artiste de l'évasion, dont la légende dit que le tout aussi légendaire J ack K irby l'a inventé en s'inspirant de J im S teranko, un alors jeune trentenaire aux dents longues, dont la pourtant peu prolifique carrière artistique a marqué la bande dessinée américaine au fer rouge.  Pièce maitresse d'un pharaonique projet que K irby avait mis sur pied à l'aube des seventies pour la D istinguée C oncurrence de Marvel , connu ultérieurement sous le nom de « Quatrième monde™ », Mister Miracle alias Scott Free n'est pas que cela. Ce que rappelle fort à-propos un prologue de 4 pages inséré dans le recueil commercialisé par l'éditeur Urban Comics au prix de 28€, et qui reprend lui, la totalité de la maxi-série de 12 numéros, paru outre-Atlantique, entre août 2017 et novembre 2018, chez l'éditeur DC Comics .  Déjà partenaires sur des projets antérieurs, dont Sheriff of Babylon [ Pour en savoir + ], le scénariste T om K ing et le d