Dans l'entretien qui qui clôt le recueil français des 8 numéros de la mini-série « Le Beffroi » (The Spire), Si Spurrier, déclare son inimitié à la classification par genre.
Au risque donc d'en froisser le scénariste, j'apposerai l'étiquette « fantasy » sur cette histoire, dessinée par son complice Jeff Stokely. Un dessinateur qui n'est par pour rien dans le charme et l'attrait que « Le Beffroi » exsude. Dans l'entretien déjà cité, Stokely cite deux influences majeures : Moebius et Hayao Miyazaki. Nul doute que quiconque lira les péripéties qu'affronte Shå dans son enquête, aura également une pensée pour ces deux immenses artistes.
Néanmoins, Jeff Stokely n'est ni l'un ni l'autre, du moins pas encore, et son trait frappe surtout par sa spontanéité.
Quand bien même sa mise en récit dément toute forme d'impulsivité, et offre une rigueur qui ne parvient pas toujours à se faire oublier. D'où la première impression.
Au final, le jeu des forces artistiques en présence captive tout autant que le scénario.
Ce dernier s'appuie sur une structure rythmée par des flashbacks, lesquels se révéleront indispensable à la compréhension du whodunit imaginé par l'auteur anglais.
Mais l'essentiel est cependant ailleurs.
En effet, il me semble que « Le Beffroi » se distingue bien plus par les personnages et l'univers qui les accueille, que par l'enquête menée par Shå, l'inspectrice de la « Garde urbaine ». Tout aussi astucieux que soit ce McGuffin™, Spurrier & Stokely ont surtout eu la bonne idée de ne pas se contenter d'imaginer un décor, mais plutôt un monde, que l'on sent fourmiller au-delà de ce qui nous en est montré.
Ce qui occasionne parfois d'ailleurs, un sentiment de désorientation. Mais rassure-vous, rien d'insurmontable.
En définitive, avec ses personnages plus étranges les uns que les autres, son univers unique, et tout aussi étrange, Si Spurrier et Jeff Stokely, soutenus par la colorisation d'André May, offrent toute la sidération cognitive que l'on est en droit d'en attendre.
Loin d'être un adjuvant artificiel, l'intrigue, sans être totalement originale non plus, donne un os à ronger aux protagonistes, et révélera in fine une moelle des plus substantifique.
La fin, relativement ouverte, laisse espérer que Spurrier & Stokely n'en ont pas définitivement terminé avec ce quadrant de l'imaginaire très prometteur.
Au risque donc d'en froisser le scénariste, j'apposerai l'étiquette « fantasy » sur cette histoire, dessinée par son complice Jeff Stokely. Un dessinateur qui n'est par pour rien dans le charme et l'attrait que « Le Beffroi » exsude. Dans l'entretien déjà cité, Stokely cite deux influences majeures : Moebius et Hayao Miyazaki. Nul doute que quiconque lira les péripéties qu'affronte Shå dans son enquête, aura également une pensée pour ces deux immenses artistes.
Néanmoins, Jeff Stokely n'est ni l'un ni l'autre, du moins pas encore, et son trait frappe surtout par sa spontanéité.
Quand bien même sa mise en récit dément toute forme d'impulsivité, et offre une rigueur qui ne parvient pas toujours à se faire oublier. D'où la première impression.
Au final, le jeu des forces artistiques en présence captive tout autant que le scénario.
Ce dernier s'appuie sur une structure rythmée par des flashbacks, lesquels se révéleront indispensable à la compréhension du whodunit imaginé par l'auteur anglais.
Mais l'essentiel est cependant ailleurs.
En effet, il me semble que « Le Beffroi » se distingue bien plus par les personnages et l'univers qui les accueille, que par l'enquête menée par Shå, l'inspectrice de la « Garde urbaine ». Tout aussi astucieux que soit ce McGuffin™, Spurrier & Stokely ont surtout eu la bonne idée de ne pas se contenter d'imaginer un décor, mais plutôt un monde, que l'on sent fourmiller au-delà de ce qui nous en est montré.
Ce qui occasionne parfois d'ailleurs, un sentiment de désorientation. Mais rassure-vous, rien d'insurmontable.
En définitive, avec ses personnages plus étranges les uns que les autres, son univers unique, et tout aussi étrange, Si Spurrier et Jeff Stokely, soutenus par la colorisation d'André May, offrent toute la sidération cognitive que l'on est en droit d'en attendre.
Loin d'être un adjuvant artificiel, l'intrigue, sans être totalement originale non plus, donne un os à ronger aux protagonistes, et révélera in fine une moelle des plus substantifique.
La fin, relativement ouverte, laisse espérer que Spurrier & Stokely n'en ont pas définitivement terminé avec ce quadrant de l'imaginaire très prometteur.
(À suivre ... ?)
N'ayant pas encore lu The spire, un rapide survol de quelques planches permet de constater une créativité visuelle sidérante chez Jeff Stokely, d'autant plus perceptible que son dessin a mûri depuis sa précédente collaboration avec Simon Spurrier sur le western de science-fiction Six gun gorilla.
RépondreSupprimerLes personnages sont plus posés et charnus qu'avant, leur silhouette s'étire moins démesurément dans les scènes d'action - la narration y gagne en sobriété - et le trait travaille davantage les textures avec des hachures sans se départir d'une certaine épure dans la composition d'environnements foisonnants, en témoigne la double-page plus haut où la cité se découvre. J'appréciais déjà beaucoup le travail visuel à l'oeuvre dans Six gun gorilla dont l'aspect sec du dessin était tout indiqué pour retranscrire l'âpreté de l'histoire, mais là Jeff Stokely a fait un bond impressionnant en relativement peu de temps (je crois qu'il a démarré sa carrière professionnelle en 2009).
Si je lis peu, j'essaie de me tenir informé sur le travail de Simon Spurrier, qui s'entoure pour ses projets indépendants de talents aussi variés que les univers qu'il déploie dans ses histoires sont à la fois intimistes et bariolés. Je viens d'ailleurs de récupérer le deuxième recueil de sa dernière série Coda toujours chez Boom studios et les débuts de The dreaming chez Vertigo.
Belle analyse !
SupprimerQuand je la lis, je regrette d'autant plus ton manque de temps pour en faire de manière plus régulière. [-_ô]