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Articles

Affichage des articles du septembre, 2020

Les agents de Dreamland [Caitlín R. Kiernan / Mélanie Fazi / Aurélien Police]

Si dans le Weird , un sous-genre du Fantastique où s’est notamment distingué H . P . L ovecraft, « l’intrigue ne compte pas plus que l’atmosphère induite », C aitlín R . K iernan, dont « Les Agents du Dreamland » en est un des fleurons tout juste traduit par M élanie F azi pour l’excellente collection Une Heure-Lumière™ (9,90 € TTC), porte visiblement plus d’attention au second ingrédient qu’au premier.              Si l’intrigue de la novella sus-citée tient facilement sur un timbre-poste de l’État du Vermont, son atmosphère déborde le strict cadre de la centaine de pages qu’il lui faut pour en venir à bout.  Difficile en effet de rester indifférent à cette ambiance malsaine qui risque d'affecter votre quotidien pendant quelque temps.              La nécessaire attention qu'il faut pour lire ce court récit, déstructuré en 11 tout aussi courts chapitres, accentu...

Vigilance [Robert Jackson Bennett / Gilles Goullet / Aurélien Police]

« Je veux de la télé qui saigne » Diana Christensen , directrice des programmes d'UBS © , 1976  Si des signes alarmants n'ont pas manqué de précéder le récit de R obert J ackson B ennett, celui-ci se distingue par sa virulence très documentée et la prégnance d'un atavisme américain puissant.             Dès 1976, Diana Christensen importe dans les programmes du réseau UBS © des « actes authentiques de terrorisme politique filmés sur le vif » pour booster l'audience. Howard Beale , l'un des présentateurs vedettes de la chaîne, sera par ailleurs assassiné à l'écran par lesdits terroristes. Au début des années 1980, Le prix du danger™ met la France presque au niveau des U.S.A. en matière de téléréalité musclée.   Dans les années 2020, « Vigilance », programme phare d' Our Nation's Truth ( ONT © ) , place la barre plusieurs crans au-dessus.             Si la « vigilance » du titre est ess...

Zodiac Station [Tom Harper / Claude Mamier]

Si la fin m'a paru un peu abrupte, le crescendo qui permet d'arriver au terme des presque 400 pages de ce thriller arctique est très réussi.             Adoptant l'idée d'un même récit raconté par plusieurs personnages, à la manière de la nouvelle de l'auteur japonais R yūnosuke A kutagawa, intitulée en français Dans le fourré , brillamment repris dans le film Rashōmon , pour citer l'exemple certainement le plus connu de ce type de narration chorale, T om H arper signe une histoire très haletante.             Toutefois, si l'auteur fait en définitive peu de cas du mystère de sa surprise finale, celle-ci révèle clairement sa source principale d'inspiration. Laquelle, tout aussi mystérieusement, n'apparaît pourtant nulle part. Elle est notamment absente des remerciements.  Difficile de croire que l'ombre portée de ce roman fondateur de la Sf soit une simple coïncidence. Le lieu, un bateau, le récit ...

La Marche du Levant [Léafar Izen]

Contrairement à ce que pourraient penser ceux qui n’en ont jamais lu, la littérature de genre est certainement la plus difficile qui soit à produire.  Elle repose en effet sur des « passages obligés » (propres à chacun desdits genres) qui l’identifient en tant que telle ; et que les lecteurs connaissent par cœur, et attendent. Alors même que chaque ouvrage doit se singulariser de la masse qui utilise, par la force des choses, les mêmes stéréotypes.  Comment tirer son épingle d’un jeu dont tout le monde connaît les règles, le terrain et les joueurs, et dont on ne peut totalement s’affranchir ?  « La Marche du Levant » offre une fort belle solution à cette aporie.  « La Fantasy élargit le monde, le rend plus vaste. Elle augmente les périls. » Alexandre Astier               Certes, un auteur n’a pas –forcément – vocation à rentrer dans des cases.  Toutefois la cohérence interne de ce qu’il écrit l’oblig...