Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du février, 2021

🦈 Gnomon t2 : un whodunit métaphysique

« Diana Hunter , 60 ans, divorcée sans enfants, écrivaine spécialisée en Réalisme magique est morte en garde à vue. L’inspectrice d’investigation d’échelon A, Mielikki Neith , est chargée de faire la lumière sur ce décès ».              Programmé pour être disponible dès le 3 mars 2021, le deuxième tome de GNOMON reprend exactement là où son prédécesseur s'était arrêté [ Pour en savoir + ]. C'est d'autant plus vrai que, comme vous le savez peut-être, l'histoire a été écrite par N ick H arkaway pour être publiée (ce qu'elle a été) d'un seul tenant.  En apprenant qu'en France son roman serait partitionné en deux, l'écrivain britannique a d'ailleurs proposé de réécrire la fin de ce qui allait devenir le premier tome, pour faciliter la transition. Mais G illes D umay, le directeur d'Albin Michel Imaginaire™, a décidé que le chapitre intitulé « voix sur vinyle rayé », qui conclut donc le premier tome, avait toutes les qualités requises pour le fai

Spider-Woman [Karla Pacheco / Pere Pérez / Frank D'armata / Junggeun Yoon]

Spider-Woman est une conséquence de l’intérêt quasi paternel que vouait S tan L ee à ses propres cocréations. Et à un sens des affaires qui en a fait la quasi personnification de la maison d’édition Marvel™ à travers presque 50 ans et cinq continents.              Une création incidente donc [ Pour en savoir + ], qui n’a pas empêché cette super-héroïne d’atteindre les 100 numéros parus sous son nom ( Spider-Woman #5 dans la nouvelle numérotation), une longévité passée –en partie – à se réinventer.  Des changements auxquels la scénariste K arla P acheco et le dessinateur P ere P érez apportent aujourd’hui leur pierre.             Si son nouveau costume créé par D ave J ohnson, est bien sûr l’élément le plus rapidement repérable, des changements plus profonds seront tout aussi vite perceptibles pour les lecteurs. Peut-être signe d’un projet à long terme (?) pour la scénariste, les neufs premiers numéros de ce nouveau départ renouent avec le passé le plus ancien du personnage en titre.

Wheelman [Frank Grillo / Jeremy Rush]

En partie produit, et surtout entièrement cornaqué par War Party™, la société de production de J oe C arnahan & de F rank G rillo, et magistralement interprété par ce dernier ; « Wheelman 2017 » repose sur la règle des 3 unités du théâtre dit classique :  • Unité temps : Une nuit.  • Unité d'action : Une attaque à main armée ne se déroule pas comme prévue.  • Unité de lieu : Une BMW E46  Autrement dit, 98% du film se déroule dans une voiture avec seulement F rank G rillo au volant et à l’écran. Son personnage n'interagit avec l'extérieur quasiment que via un téléphone portable.              Tourné à Boston en seulement 19 jours, pour un budget légèrement supérieur à 5 millions de dollars, « Wheelman » est, au moment des comptes, une péloche dégraissée et bien relevée.  D'entrée de jeu les premières minutes donnent le ton : « l'homme au volant » du titre a été embauché pour être chauffeur lors d'un braquage à main armée. Divorcé, sa fille adolescente, d

VURT [Jeff Noon / Marc Voline]

La réputation est, comme chacun sait, la somme des malentendus qu’on accumule.              Récipiendaire, en 1994, d’un prix Arthur C. Clarke © , pour son premier roman (dont il est ici question) publié l’année précédente chez Ringpull Press™, une maison d’édition mise sur pieds par les employés de la librairie où travaillait J eff N oon. Ce qui en fait de facto un roman Sf. Associé à la génération « Trash » made in I rvine W elsh & J ohn K ing. Comparé à W illiam G ibson le « pape » du cyberpunk™, J eff N oon est peut-être, surtout, un auteur « culte », à l’aune de ce que je sais de sa réception en France .  Du moins dans l’acception qui définit (ici) un romancier passé sous le radar des lecteurs, dont un petit comité entretient néanmoins la permanence dans l’une des plus obscures marges du quadrant de la culture.  Cela dit, pour qu’un auteur « culte » le soit, il faut bien évidemment qu’il ne le soit plus. Qu’il accède à une certaine notoriété, pour que ceux qui ne l’avaient p

Deadwood Dick [Michele Masiero / Corrado Mastantuono / Joe R. Lansdale]

Je l'avais évoqué au moment de mon Commentaire™ sur la nouvelle Hide and Horns [ Pour en savoir + ], laquelle racontait une aventure de Deadwood Dick , ce personnage avait fait l'objet d'une adaptation en BD par l'éditeur insulaire Bonelli™. Que les éditions Paquet™ proposent à leur tour, pour ceux qui ne liraient pas l'italien.             Intitulée « Noir comme la nuit, rouge comme le sang » ce premier album s'inspire de la nouvelle Soldierin' . Si le scénariste italien M ichele M asiero respecte quasi à la lettre le court récit de J oe R . L ansdale, son découpage permet au dessinateur C orrado M astantuono d'en faire un album de 120 planches. Auxquelles s'ajoute un entretien avec l'auteur texan sur son travail, et plus particulièrement sur N ate L ove alias Deadwood Dick . Une rétrospective et un cheminement créatif dont je parle d'ailleurs dans mon Commentaire™ en lien supra .             J'ai eu l'occasion de lire lanouvelle i

Le téléphone de M. Harrigan [Stephen King / Jean Esch]

Première nouvelle sur les quatre que contient le dernier recueil de S tephen K ing commercialisé en France, « Le téléphone de M. Harrigan » est un joli tour de force.             Superficiellement inoffensive, K ing y joue avec un cliché des histoires d'épouvante auquel n'importe quel aficionados du genre a déjà pensé, « Le téléphone de M. Harrigan » vaut surtout pour le portrait très naturaliste d'un enfant et des ses relations proches. Cela dit, les quelques coups de fils que Craig passera à monsieur Harrigan , et le malaise qui s'ensuivra, ne sont en aucun cas des pièces rapportées qui jurent avec le reste. La nouvelle est au contraire un ensemble très homogène, où l'incursion du surnaturelle appuie là où il faut.             Paradoxalement, alors que l'histoire se déroule au XXI ème siècle, l'impression de se retrouver au cœur des années 1950 ne m'a pas quitté durant toute ma lecture. Du moins des fifties idéalisées ; celles d'une société éta

Les fantômes de Saïgon [John Maddox Roberts / Francis Lefebvre]

Outre une couverture qui ne risque pas de faire ressortir ce roman du lot, « Les fantômes de Saïgon » commence de manière très conventionnelle. Quiconque feuillettera, un peu distraitement, le roman de J ohn M addox R oberts risque de le reposer assez rapidement. Trop rapidement. Il faut en fait attendre patiemment d'arriver au troisièmement chapitre pour lire quelque chose d'original. En effet, l'auteur y aborde la  guerre du Viêt Nam mais sous l'angle de la police militaire, laquelle opère, vous l'avez anticipé, à Saïgon (actuelle Hô Chi Minh-Ville ).  Et les « fantômes » du titre y prendront dès lors un double sens, en même temps que le roman adoptera sa vitesse d'immersion maximum. Laquelle ne fléchira (tout de même) qu'au douzième et dernier chapitre.             Autrement dit, après un départ qui ne prépare pas à l'originalité qui s'y niche, le roman peine à conclure de façon satisfaisante son intrigue.  Entre les deux, « Les fantômes de Saï

L' Homme qui a tué Hitler puis le Big Foot

« Quand je devais pitcher le film, j'expliquais à mes interlocuteurs que j'espérais obtenir quelque chose d'original et d'inédit. »             Une gestation assez longue, dès 2011 R obert D . K rzykowski parle déjà de son projet à qui veut l'entendre, un script de 93 pages et un montage qui resserre les 3 heures de prises de vue à un film inattendu de 90 minutes, dont un climax qui l'est tout autant. « L'Homme qui a tué Hitler puis le Big Foot » est un titre en trompe-l’œil, où les stéréotypes de la culture populaire qu'il véhicule, sont en fait des appeaux.             En effet, les préoccupations de R obert D . K rzykowski ne sont pas de faire le film d'action que peut laisser supposer son titre ou ses affiches, mais plutôt comme il le dit dans la citation * en exergue, « d'obtenir quelque chose d'original et d'inédit ».   Mission accomplie, « L'Homme qui a tué Hitler puis le Big Foot » est assurément très original.    

Nos secrets trop bien gardés [Lara Prescott / Christel Gaillard-Paris]

En 2014, des documents déclassifiés de la CIA transforment rétrospectivement Le docteur Jivago 1957 en arme de propagande culturelle.             Le roman de B oris P asternak et L ara P rescott, c'est en quelque sorte une affaire de famille.  Prénommée en l'honneur de l'héroïne par sa mère qui adorait l'adaptation du roman par D avid L ean, c'est son père qui attire son attention sur l'activisme éditorial de l'agence de renseignement étasunienne via un article publié par le Washington Post © .  En effet, à la fin des années 1950, pour des raisons idéologiques, Le docteur Jivago n'est pas autorisé a être publié en U.R.S.S., B oris P asternak se résigne à faire passer son manuscrit à l'Ouest, et le livre paraît dans un premier temps en Italie .  L'aura sulfureuse que lui prête les autorités soviétiques convainque la CIA de s'en servir, et de lui faire repasser le Rideau de fer™, et de le diffuser dans en langue russe.  À l'époque tout

Le vol noir [Martin Cruz-Smith / Michel Courtois-Fourcy]

Publié en France dès 1978 aux Presses de la Cité™, « Le vol noir » est réédité 12 ans plus tard dans leur filiale Presses Pocket™. L'invitation à la terreur que promet alors la collection n'investit cependant le Fantastique que sur la pointe des pieds.             Si le nom de M artin C ruz- S mith vous dit quelque chose, c'est certainement grâce à l'inspecteur Arkadi Renko . Policier moscovite  de la brigade criminelle, dont la notoriété a dépassé le cercle des amateurs de polars lorsqu'il a été incarné à l'écran par W illiam H urt, dans l'excellent film de M ichael A pted, Gorki Park . Cela dit « Le vol de nuit » a aussi connu une adaptation deux ans après sa commercialisation, sous le titre de Morsures 1979 (que je n'ai pas vue).             Or donc, le roman dont il est question ici se déroule aux antipodes de la Mère patrie , dans la réserve des Hopis , en Arizona .  Il met en scène Youngman Duran un Tewa adjoint du shérif, Abner Tasupi un Hop

La guerre sans fin t3 : Avènement [Jamie Sawyer / Florence Bury]

Troisième tome de la seconde trilogie consacrée aux SimOps™ [ Pour en savoir + ], « Avènement » conclu les aventures intersidérales des Chacals™ et de leur cheffe de groupe la lieutenante Keira Jenkins . Paroxystique, cette conclusion brasse une poignée de stéréotypes bien connus : les disparus au combat dont l'acronyme américain « MIA » a rempli des salles entières d'amateurs de Série © , l'ami de nos ennemis devenu notre ennemi, les lavage de cerveaux qui depuis la guerre de Corée hantent l'imaginaire collectif occidental, la théorie du complot, bref un assortiment que J amie S awyer manipule avec un brio certain. Au point que les possibles réminiscences de déjà-vu ne sont finalement pas un problème.             La raison en est que ce dernier tome va vite, très vite.  En très peu de temps on raccroche avec ce qui s'est passé précédemment, et qu'on éprouve un réel plaisir à retrouver Zéro , Feng , Lopez , Novak et Paria . La fin, tout à fait satisfaisante,

Albuquerque [Dominique Forma]

« Il faut choper le lecteur par les couilles dès le premier chapitre »  James Ellroy   Rattrapé par son passé, Jamie embarque à bord de la Corvette 1971 de sa femme, non sans avoir laissé quelques cadavres sur le carreau. Mais il n'y a pas que son passé qui veut une revanche.              Avant Manaus [ Pour en savoir + ] D ominique F orma s'était déjà essayé à la novella avec « Albuquerque ». Sorte de course de demi-fond littéraire où le nombre de pages nécessite d'avoir du souffle plus longuement que sur une nouvelle, tout en gardant le sens du finish qui devrait toujours caractériser les récits courts.  Féroce et véloce, « Albuquerque » est idéalement profilée pour nous tenir en haleine 170 pages durant.             D'aucuns affirment que la tête de D ominique F orma a été mise à prix par certains de ses personnages.  À lire « Albuquerque » on peut les comprendre.

The 7 Deadly Sins [Tze Chun / Artyom Trakhanov / Giulia Brusco]

1867, culpabilisé par la terreur que déchaîne une tribu Comanche sur une partie du Texas , Antonio entreprend de financer une mission désespérée au cœur du territoire indien.              TKO™ est un nouvel éditeur étatsunien, en place depuis 2017.  « The 7 Deadly Sins » fait partie de la première fournée de ses titres, 4 par an depuis 2018. Il s'agit d'un western hard-boiled , écrit par T ze C hun, le co-créateur de la maison d'édition en question, qui a par ailleurs fait ses armes de scénariste sur des séries cathodiques comme Once Upon a Time ou Gotham . Mais « The 7 Deadly Sins » est, à ma connaissance, sa première incursion dans le 9 ème art.  La particularité de TKO™ est de proposer des albums, aux contraire de ses concurrents qui préfèrent commercialiser des périodiques (souvent mensuels) qu'ils regroupent ensuite en recueil ( tpb ). Même si TKO™ propose aussi des magazine souples, regroupés dans un coffret, de chacun de ses titres. Une démarche qui s'

Love and Monsters [Dylan O'Brien / Jessica Henwick / Michael Rooker]

Étiqueté avec une franchise désarmante, « Love and Monsters » est un récit initiatique qui n'en oubliera aucune étape.              Situé dans une Amérique du Nord post-catastrophe, où la surface de la Terre est devenue quasi invivable pour l'être humain, lequel a perdu sa première place dans la chaîne alimentaire. Le film de M ichael M atthews s'intéresse aux tribulations de Joel , jeune adulte infantilisé qui rêve de son amour adolescente.              « Love and monsters » est un film aux légers relents de comédie qui devrait convenir aux spectateurs encore juvéniles grâce à son approche inoffensive, mais néanmoins dynamique de son sujet. Récit consolateur par excellence, ce long-métrage est, en quelque sorte, une version tout publique d' Apocalypse 2024 1975 de L . Q J ones, dont le titre original, homonyme de la nouvelle écrite par H arlan E llison qu'il adapte est A boy and His Dog . Un titre programmatique qui aurait tout aussi bien convenu au film de M

SKEUD [Dominique Forma]

Johnny Trouble est le roi du vinyle pirate, fruit d'enregistrements qui ne le sont pas moins. Des galettes vendues sous le manteau, jamais commercialisées par les maisons de disques. Le « skeud » (ou disque en verlan) du titre du premier roman de D ominique F orma. Qui pour sa réédition chez Rivages™ en 2015, a été un poil ripoliné par l'auteur.             D ominique F orma est un individu atypique dans le paysage culturel hexagonal.  Au début des années 1990 il part aux U.S.A. sans plan de carrière, et se retrouve music supervisor au sein de l'industrie du cinéma. Il en profite pour apprendre la mise en scène et l'écriture sur le tas, et après un court-métrage s'impose réalisateur sur l'un de ses propres scénarios. L'aventure, avec rien de moins que J eff B ridges au casting , ne tournera pas à son avantage, j'y reviendrai prochainement. En attendant, de retour en France , en 2007, il contacte P atrick R aynal sur les conseils de P hilippe G arnier

Venom [Valerio Evangeslisti / Serge Quadruppani]

Dans ce qu’on comprendra être l'avenir, une pandémie extraordinaire sévit.  En 1353 l'inquisiteur Nicolas Eymerich , toujours aussi sûr de lui, enquête sur un culte qui révèlera in fine un complot mortifère.  Ces deux situations finiront par s'articuler de la plus sordide des manières ; tout en offrant pour les plus aventuristes d'entre nous, une lecture politique du monde tel que vu par V alerio E vangelisti.              Mais « Venom » suggère aussi, comme le premier roman du cycle de Nicolas Eymerich d'ailleurs [ Pour en savoir + ], autre chose.  À savoir une conception particulière du Temps.  Celui-ci aurait en effet la forme de ce qu’on appelle communément un « univers-bloc ». Où le passé, le présent et le futur coexisteraient dans une structure entièrement déployée, de toute éternité. Un peu - justement - comme dans un livre,et où le présent serait indexical.  C’est une théorie, pas du tout fantaisiste, qu’on appelle l’éternalisme.              Ceci étan