Un titre énigmatique, une couverture itou signée Aurélien Police, une entrée en matière qui passe par un code (DCAC:/ 1233 4456 6421 [etc...]) ; dont on ne peut négliger l’importance. En effet Michelle Charrier, la traductrice de GNOMON, en a changé l’ordre des chiffres par rapport à la version originale.
Bref, l’ouvrage de Nick Harkaway, découpé en deux tomes par le département Imaginaire d’Albin Michel™, joue la carte de l’attraction avec une certaine maestria.
Quand bien même n’espérons pas tout comprendre dès ces premières ± 480 pages.
Je passerai outre les inévitables références à des prédécesseurs littéraires célèbres dès qu’il est question de dystopie, d’implants mémoriels, voire de postmodernisme, chacun verra midi à 14 heures (sic).
Ça commence néanmoins de manière banale pour un roman.
Diana Hunter, 60 ans, divorcée sans enfants, écrivaine spécialisée en Réalisme magique est morte en garde à vue. L’inspectrice d’investigation d’échelon A, Mielikki Neith, est chargé de faire la lumière sur ce décès.
S’ensuivront différents récits, qui n’ont - semble-t-il - pas de point commun entre eux, hormis de sortir de l’imagination de Diana Hunter. Car l’autrice aux livres introuvables venait de subir une « lecture mentale », et que les enregistrements de cette séance ont été injectés dans le cerveau de l’inspectrice. Mielikki Neith va donc passer en revue les souvenirs de la défunte, enregistrés lors de sa garde à vue fatale.
Plutôt que d’accompagner le lecteur, Nick Harkaway le met dans la situation de son personnage principal.
Déstabilisée par l’irruption inopinée des souvenirs de la suspecte, Mielikki Neith n’est en effet pas d’un grand secours pour ordonner son enquête. Toutes choses égales par ailleurs.
Des récits dont l'éclectisme et l'abondance jettent le doute sur la probité de Diana Hunter.
Mais Nick Harkaway est un écrivain qui sait captiver ses lecteurs, et s’il ne nous ménage pas, la cohérence de son intrigue, qui se fait peu à peu jour, nous maintient sur le qui-vive. Surtout que les lecteurs attentifs ne manqueront pas de noter les échos d’un récit l’autre, des patronymes improbables, sans oublier que le code, déjà cité, ne demande, lui aussi, qu’à être décrypté.
Singulièrement ludique, GNOMON est donc un roman qui se lit très vite malgré sa complexité. En partie gommée cela dit, par la proximité qu’entretiennent l’exploration des souvenirs par l’inspectrice Neith et l’acte de lire lui-même.
Mais tout aussi attrayant qu’il soit, GNOMON n’est pas un roman qu’on aborde à la légère. Il demande en effet quelques degrés supplémentaires d’implication qu’exige l’habitude de lire.
Cette attention supplémentaire est néanmoins récompensée par un plaisir presque nostalgique.
Celui d’être confronté à un nouvel âge d’or ; celui d’avoir de nouveau 13 ans et d’être plongé dans ce qui se fait de mieux en termes d’évasion.
Quand bien même la dimension politique de GNOMON bourdonne-t-elle au seuil d’une crédulité revigorante et en pleine santé.
Envoyé gracieusement par Gilles Dumay, que je remercie, ainsi que les éditions Albin Michel™, GNOMON sera disponible dès demain, mercredi 3 février.
Le tome 2 devrait paraître dans un mois, jour pour jour. Une imminence salutaire.
J'espère que le fin sera à la hauteur et j'espère surtout que je vais la comprendre... lol
RépondreSupprimerC'est déjà bien parti.
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