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Articles

Affichage des articles du mai, 2022

Batman : Fortress [Gary Whitta / Darick Robertson / Diego Rodriguez / Simon Bowland]

Je lis de la bande dessinée américaine depuis presque 50 ans. J'ai eu des périodes plus ou moins intenses, et ces dernières années sont certainement les moins intenses de toutes celles que j'ai connues. Du moins en termes de lecture de nouveautés.             En effet les éditeurs français ont décidé de se pencher sur certaines séries du patrimoine qui n'avaient pas trouvé de lectorat suffisant en France , par exemple Nexus (chez Délirium™) ou Savage Dragon (chez Black & White™), voire qu'on n'avait tout simplement pas testé : Madman est annoncé chez Huginn & Muninn™, et les éditions Reflexions™ propose le premier tome de The Maxx . On a même eu droit à un fort recueil d' American Flagg chez Urban Comics™, reste plus qu'a voir arriver la série GrimJack en version française. Bref. Si je lis de la BD U.S. elle appartient au passé. Les séries actuelles, mais surtout leur scénaristes, ne m'emballent pas du tout.             Néanmoins, je surveil

red power [Thomas King / Lori Saint-Martin & Paul Gagné]

« red power » ressortit du Polar, sous-genre ethnique. Son auteur, T homas K ing, installe en effet son personnage principal, Thumps DeadfulWater , un Cherokee, ex policier et présentement photographe, dont « red power » est la deuxième enquête, au cœur d'une intrigue dont le titre est suffisamment explicite. Le titre original l'est plus encore ( The Red Power Murders ).             Or donc, Thumps DeadfulWater s e trouve mêlè à l'affaire qui occupera la totalité de l'intrigue en tant qu'adjoint ( deputy ) du shérif  Duke Hockney de Chinook , dans le Montana . Et accessoirement photographe de scène(s) de crime(s). Si je prends le clavier ce n'est pas tant pour faire une critique de ce roman, que je n'ai pas encore terminé, mais pour rapporter une pratique que je croyais définitivement passée de « mode ». Le contexte             À un moment donné du récit apparaît un terme qui par ailleurs reviendra ensuite plusieurs fois tout en occupant une place import

Widowland [C.J Carey / Fabienne Gondrand]

« Widowland » de C.J. Carey , le pseudonyme d'une journaliste anglaise, par ailleurs veuve d'un romancier de renommée internationale, est une uchronie dont le point Renouvier™ se situe en mai 1940.             Contrairement à ce que dit notre Histoire, C.J. Carey fait de Lord H alifax le premier ministre du Royaume-Unis au mois de mai 1940. Et lui fait signer un traité de « Grande Alliance » avec l' Allemagne , ce qui place le Royaume-Unis sous protectorat. Avec ce roman, C.J. Carey rejoint les préoccupations romanesques de feu son mari, mais sous l'angle uchronique donc, mais également dystopique.             On y retrouve en effet toute la panoplie disponibles des utopies qui tournent mal. Cependant celle de Carey réserve un sort préférentiel, si je puis dire, aux femmes. Son personnage principal en est une, et le roman nous invite à voir le Protectorat au travers de ses yeux. Il faut dire que leur sort n'est pas enviable, même si Rose Ransom (le personnage

Widjigo [Estelle Faye / Aurélien Police] Albin Michel Imaginaire™

(Port-Royal) Annapolis Royal, Acadie anglaise, avril 1754.             Claude Gendron , puissant commerçant de Port-Royal , rassemble un nobliau français en rupture de ban, une métisse et un botaniste au passé trouble pour les lancer sur les traces d'un cartographe français disparu lors d'une mission secrète. Seul rescapé de cette expédition, un jeune homme choqué les accompagnera. Cette entreprise « au cœur des ténèbres » révélera cependant un tout autre dessein.             Presque 40 ans plus tard, le dernier témoin de cette aventure de sauvetage au fin fond de la Wilderness nord-américaine raconte son histoire dans une tour, battue par les vents et les flots.             Si le titre évoque une créature du folklore algonquien, et si de fait E stelle F aye nous emmène dans les brumes fantastiques, ça serait bien le diable si vous ne faisiez le lien avec deux des whodunits les plus célèbres de la littérature policière. Si le plus évident ne pose pas réellement de problème, sa

Annapurna 1950 [Christian Greiling]

« Annapurna 1950 » est un de ces essais dont la portée dépasse le strict cadre de son propos. En effet s'il décortique ce qui est arrivé à cet exploit quasi surhumain entre ce qu'il reflétait il y a un peu plus de 70 ans et ce qu'il est devenu au tournant des années 1980 (et encore méchamment entretenu aujourd'hui), il jette également une lumière crue sur l'entreprise générale d'auto- « déconstruction » qui agite le monde occidental avec de plus en plus de virulence. Je ne vous cacherai pas que son sous-titre « Un exploit français sous le feu de la cancel culture » m'a un peu refroidi au moment de mon achat (24 euros TTC), reste qu'en définitive ce que je prenais pour un vilain anachronisme n'en était pas un, et que l'enquête très méticuleuse et argumentée de C hristian G reiling lui donne toutes les justifications nécessaires. Toutefois, pour ceux qui à l'inverse bien évidemment de l'auteur, ou de moi-même (entre autres), ne seraient p

La Ruse [2022]

            Ce qui m'a le plus surpris dans cette affaire, c'est la surprise. Celle lue dans un magazine d'information national qui relatait la diffusion du film, et où il apparaissait que la journaliste à l’œuvre n'avait jamais entendu parler de « l'opération Mincemeat ». Ce n'est pas comme si cette opération d’enfumage n'était pas tout bonnement incroyable, et qu'elle était étroitement associé à I an F leming. « La Ruse » évoque d'ailleurs, manière de running gag , la propension des huiles du renseignement anglais à écrire des romans, et certains aspects des romans de F leming (« M », « Q ») sont expliqués au travers de l'opération en question. Ou, pour en revenir à l'étonnante surprise donc, que « l'opération chair à pâté » avait déjà fait l'objet d'un long-métrage en 1956. Sans parler du récit - plus récent - de  B en M cintyre (2011 pour la traduction française). Bref une cécité intellectuelle plutôt surprenante. Toutefois,

Savage Dragon, les choses de la vie

Si le retour des aventures de Savage Dragon à l'intérieur de la sphère francophone est une bonne chose, les conditions dans lesquelles elles s'effectuent le sont tout autant.              L'éditeur Black & White™ a ainsi négligé les omnibus (un peu trop en vogue à mon goût) pour un format de recueil moins épais (6 fascicules américains inside ). Et ce qu’il « perd » en quantité immédiatement disponible, il le compense par une ergonomie de lecture plus agréable, qu'un rythme soutenu (1er tome en février et deuxième tome en mai) accentue encore.  Ensuite, s'agissant de réintroduire la série après deux départs qui n'ont pas eu l'heur de monopoliser un lectorat suffisant pour en pérenniser l'erre, tout en négociant le remplacement du personnage en titre par son fils, chaque recueil propose une contextualisation pour chaque épisode qui le compose, plus une vue d'ensemble plus générale.              En plus de situer tel ou tel personnage apparaissant

Chef [Gautier Battistella]

La mère Brazier, « voilà un patronyme cracheur de feu »   C'est à une histoire de la cuisine française que G autier B attistella nous invite à prendre part.              Au menu rien ne manque : la cuisine familiale de l'immédiate après-guerre (voire un peu avant), puis l'apprentissage chez un maître ( B ocuse), la découverte de la bistronomie bien avant son heure de hype (je vais vite), la cuisine moléculaire, la « guerre des étoiles » façon « petit livre rouge », et enfin la consécration mondiale, sans oublier Netflix™ et sa soif inextinguible de contenu.  « Quand les dieux veulent perdre un homme, ils exaucent tous ses vœux »  ( Oscar Wilde .)             Écrit par un connaisseur, B auttistella a été salarié pendant 15 ans du Guide Michelin © , ce qui lui permet sûrement les philippiques qu'il prononce, « Chef » (22 euros aux éditions Grasset™) est une description très documentée du royaume des toquets français.  Écrit à la manière du « Voyage du héros » à la sauce

Pagan Peak

Les huit épisodes de la série télévisée germano-autrichienne « Pagan Peak » ne laissaient guère d'horizon à une nouvelle saison.  Et pourtant, J ulia J entsch et N icholas O fczarek sont apparemment de retour pour une huitaine d'épisodes supplémentaires.              Inspirée par un concept qui, depuis la coproduction suédo-danoise Bron , a essaimé dans toutes l'Europe, « Pagan Peak » lorgne aussi, du moins dans sa première partie, du côté de la première saison de True Detective 2014 . Elle ne fait d'ailleurs pas mystère de cet aspect jusqu'à dans son titre.  Mais d'une manière curieuse, et un peu décevante je dois dire, l'aspect surnaturel laisse place à une énième variation sur l'archétype du tueur en série, sans rien y apporter de nouveau.  Alors que si on était resté sur la lancée des premiers épisodes, la possibilité d'accoucher de quelque chose de neuf était largement à la portée de l'histoire. En plus d’apporter une petite touche d’exoti

The Northman

Si je n'aime rien plus que d'avoir un éclairage érudit sur les fictions qui m'intéressent (voire sur celles qui ne m'intéressent pas), je suis souvent amusé du peu de recul dont disposent les sachants lorsqu'ils décident d'en parler. Et parfois les journalistes.  Ainsi en est-il d'un article paru dans l'hebdomadaire Le Point™, en date du 5 mai 2022. Il s'intéresse à Northman , le film de R obert E ggers, dont la sortie en salle est prévue le 11 mai prochain.              P hilippe G uedj, qui rédige l'article pour le magazine, indique que la production dudit long-métrage s'est entourée d'acteurs prestigieux, ce qui est un très bon début. Et surtout de plusieurs spécialistes - gage certainement d'une volonté d'authenticité ; dont une spécialiste islandaise en littérature médiévale et un archéologue britannique.  Néanmoins P hilippe G uedj semble aussi apprécier tout ce que le film véhicule comme stéréotypes. Ce qui n’est pas le cas

L.A.Byrinthe [Randall Sullivan / Benjamin & Julien Guerif]

Livre-enquête ayant servi de base au scénario du film de B rad F urman [ Pour en savoir + ], « L.A.Byrinthe » vaut d'être lu quand bien même vous avez comme moi vu l'excellent City of Lies .             Tout d'abord R andall S ullivan explore bien plus en profondeur l'histoire de Death Row Records™, les biographies de M arion H ugh « Suge » K night, Tupac Shakur , Notorious B.I.G. , et bien évidemment celle de R ussell P oole. Plus une belle poignée d'individus gravitant dans leur entourage respectif, certes un peu moins fouillés. En lisant « L.A.Byrinthe » l'impression générale qui en ressort fait du film de F urman un succédané bien moins polémique que le récit de R andall S ullivan.  En effet la thèse du livre est que si les assassinats (et non pas les meurtres) de Tupac Shakur et de Notorious B.I.G. n'ont toujours pas été élucidés c'est uniquement pour des raisons idéologiques. Et dans une moindre mesure, mais l'une n'allant pas sans l&#