Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du novembre, 2020

L'Assassin des ruines [Cay Rademacher / Georges Sturm]

Premier tome des enquêtes de Frank Stave , Polizei-Oberinspektor de la ville de Hambourg , dans l'immédiate après-guerre.             L'originalité de ce qui deviendra la « trilogie hambourgeoise » est de se dérouler dans ce qu'on a appelé une « zone d'occupation ». Préparé dès 1943, un régime d'occupation est donc mis en place après la capitulation, et l' Allemagne est immédiatement divisée en quatre zones d'occupation. Lorsque se déroulent les faits que relate « L'Assassin des ruines », en grande partie historiques, durant l'hiver 1947, l'État allemand n'existe plus et la ville de Hambourg est alors placée sous l'autorité de la Grande-Bretagne .             Manifestement C ay R ademacher s'est fortement documenté, et la partie historique l'emporte très largement sur l'enquête policière proprement dite. Laquelle, sans être inintéressante, sert visiblement de prétexte. Pas vraiment de quoi se montrer insatisfait vu l'o

Freies Land [Christian Alvart / Felix Kramer]

Remake allemand -très scrupuleux- du film espagnol La isla mínima , « Freies Land », de C hristian A lvart, surclasse son modèle pourtant multiprimé.             Délaissant la période post-franquiste pour en situer l'intrigue juste après la chute du Mur de Berlin, C hristian A lvart envoie les deux protagonistes principaux de son film dans une région de l'ex-RDA, aux environs de Rostock . Composé d'un commissaire divisionnaire de la police de l'ex-Allemagne de l'est et d'un jeune flic intègre de l'Ouest, ce duo symbolique enquêtera sur une disparition suspecte en même temps qu'il radiographiera la réunification allemande. C hristian A lvart bénéficie d'une distribution qui n'est pas pour rien dans la réussite de son film.  Composé d'une théorie de tronches inoubliables, son casting se permet d'accoucher néanmoins d'un personnage hors-norme qui bouffe littéralement l'écran dès qu'il y est présent. Interprété par F elix K ram

La maison des tocards [Mick Herron / Samuel Sfez]

« La maison des tocards » est le titre du roman de M ick H erron, et le surnom d'une succursale du MI5 . Laquelle, vous l'avez compris, accueille les agents inaptes dont le célèbre service de la sécurité intérieure du Royaume-Unis ne veut plus. Mais qu'il ne peut pas se permettre de mettre à la porte de peur d'un procès, ou parce que les agents en question ont des relations pour éviter un licenciement pur et simple.             Le premier tome de ce qui deviendra une série feuilletonnante, 10 récits au compteur à ce jour, suit justement l'un de ces nouveaux arrivant au « placard », sis à proximité de la station de métro de Barbican .   M ick H erron mêle dans ce roman, et sa suite Les lions sont morts , avec une égale réussite, une intrigue solide et un humour noir plutôt corrosif. Il faut dire que l'équipe de bras cassés, ou supposés tels, est commandée par un ex-combattant de la guerre froide, Jackson Lamb . Sorte de Flastaff rechapé par R eiser, sans qui c

L'Épée brisée [Poul Anderson / Jean-Daniel Brèque]

Fruit d'une politique d'auteur de longue haleine menée par les énergiques éditions Le Bélial'™, « L'Épée brisée » de P oul A nderson paraît finalement en France en 2014, 60 ans après sa première commercialisation aux U.S.A. . Traduit par J ean- D aniel B rèque, qui n'a jamais ménagé sa peine lorsqu'il s'agissait de promouvoir le travail du natif de Bristol (PA). Voire de le réhabiliter après l'injuste ostracisme hexagonal dont il fut la victime à partir du milieu des années 1960, alors même qu'il était devenu l'un des auteurs fétiches de la revue Fiction™ dès 1954. Cette parution répare une injustice, en même temps qu'elle offre l'un des romans les moins ordinaires du genre.              1954 est d'ailleurs l'année où paraît « L'Épée brisée », le tout premier roman de son auteur, une Fantasy d'inspiration scandinave. Le paysage littéraire dans le domaine de la Fantasy , en ce milieu des années cinquante, est alors très d

The Silencing [Nikolaj Coster-Waldau / Robin Pront / Annabelle Wallis]

Thriller rural, « The Silencing » accumule les bons points au fur et à mesure que se déroulent ses 90 minutes.             Si la distribution, resserrée, est exemplaire, le choix qu'opère N icolaj C oster- W aldau en donnant sa chance, de ce côté-là de l'Atlantique, au réalisateur R obin P ront n'est pas pour rien dans la réussite du film. Visiblement le réalisateur belge sait raconter une histoire avec sa caméra.  Une réalisation à laquelle son monteur, A lain D essauvage, avec qui il a déjà travaillé sur Les Ardennes en 2015, apporte tout son savoir faire. M anuel D acosse, le directeur de la photographie est lui aussi sur la même longueur d'onde dès qu'il s'agit de poser une ambiance qui en dit plus long que n'importe quel discours. Sur un scénario qu'on pourrait croire convenu, écrit par M icah R anum, « The Silencing » ménage quelques surprises qui ajoutent au plaisir qu'on y prend.               Âpre, « The Silencing » fait l'économ

GoST 111 [Eacersall / Scala / Mousse]

  « GoST 111 » est une plongée très originale dans le Polar, genre pourtant déjà très encombré. C'est aussi le nom de code d'un indic, celui-là même que nous suivrons pendant près de 200 pages. Premier album de BD pour les deux scénaristes, M ark E acersall professionnel multicarte des métiers du spectacle, et H enri S cala, flic sous couverture (et pseudonyme) qui apporte ici, à n'en point douter, son expertise du terrain.  Ils sont épaulés par M arion M ousse au CV nettement plus conséquent en matière de 9 ème Art, dont les talents de strorytelling ne sont pas pour rien dans l'addiction qui risque de vous saisir dès que vous commencerez cette histoire. Laquelle, disais-je, aborde le genre par un versant  original, celui donc des « indics », et via un style béhavioriste totalement maîtrisé. Une mise en récit à « l'esthétique d'un rapport de police », où la profondeur psychologique des uns et des autres est d'abord, et avant, tout le résultat de leurs acti

Les buveurs d'âmes [Michael Moorcock & Fabrice Colin]

Personnage totémique, Elric de Melniboné s'offre une aventure écrite à quatre mains.           En effet, « Les buveurs d'âmes » est un court roman rédigé, à partir d'une novella ( Black Petals ), inédite en français à ma connaissance, par M ichael M oorcock et F abrice C olin. S'il s'insère chronologiquement quelque part entre les nouvelles du tome 4 ( Elric le nécromancien ) des aventures de l'albinos dépressif, ce roman peut-être assez facilement lu par quiconque en découvrirait l'univers en l'ouvrant. C'est même, je dirais, ce qui en limite l’intérêt.  « Les buveurs d'âmes » est davantage un bilan qu'un sword & sorcery épique.  Si on ne s'y ennuie pas totalement c'est parce qu'on attend qu'apparaisse enfin la véritable héroïne du cycle. En vain !             Personnages falots, antagonistes caricaturaux, quête sous Prozac™, « Les buveurs d'âmes » est un roman qu'on peut ne pas lire. Reste la très belle couv

A Dead Djinn in Cairo [P. Djèli Clark]

« A Dead Djinn in Cairo » est une uchronie empreinte de steampunk ; une divergence que l'on doit à a l- J ahiz un intellectuel né à Bassorah vers 776.             L'histoire à proprement parler se déroule en 1912, au Caire , et commence par la découverte d'un cadavre pas comme les autres, celui d'un djinn . L'enquêtrice Fatma el-Sha’arawi , se chargera de l'enquête qu'elle mènera à tombeau ouvert, format oblige.              P . D jèli C lark, qu'on devrait rapidement retrouver dans l'écurie des auteurs de L'Atalante™, construit une uchronie captivante dont le meurtre en question ( spoiler ) est surtout un MacGuffin © , prétexte à nous la faire découvrir.  Rien qu'on ne puisse toutefois lui reprocher, tant le Caire qu'il nous propose suffit largement à contenter n'importe quel lecteur exigeant. Et si le lecteur en question peut avoir un léger temps d'avance sur Fatma el-Sha’arawi , quant à l'auteur dudit meurtre, les motiv