« La maison des tocards » est le titre du roman de Mick Herron, et le surnom d'une succursale du MI5. Laquelle, vous l'avez compris, accueille les agents inaptes dont le célèbre service de la sécurité intérieure du Royaume-Unis ne veut plus. Mais qu'il ne peut pas se permettre de mettre à la porte de peur d'un procès, ou parce que les agents en question ont des relations pour éviter un licenciement pur et simple.
Le premier tome de ce qui deviendra une série feuilletonnante, 10 récits au compteur à ce jour, suit justement l'un de ces nouveaux arrivant au « placard », sis à proximité de la station de métro de Barbican.
Mick Herron mêle dans ce roman, et sa suite Les lions sont morts, avec une égale réussite, une intrigue solide et un humour noir plutôt corrosif.
Il faut dire que l'équipe de bras cassés, ou supposés tels, est commandée par un ex-combattant de la guerre froide, Jackson Lamb. Sorte de Flastaff rechapé par Reiser, sans qui cette série ne serait sûrement pas ce qu'elle est ; si j'en juge par les deux premiers (et seuls) tomes commercialisés dans l'Hexagone.
Habile manipulateur Mick Herron est bien entendu un adepte du double langage dont le lecteur fera très souvent les frais, du moins si j'en crois ma propre expérience. Laquelle n'a semble-t-il pas été partagée par un nombre suffisant de lecteurs.
En effet, Les lions sont morts date déjà de 2017 pour son édition française.
La parution, cette année, d'Agent hostile, très bon dans un registre plus centré sur l'action pure et dure, un roman indépendant de cette série mais avec laquelle il entretient cependant des liens, et les rumeurs d'un projet de série télévisée adaptant « La maison des tocards », sont peut-être des indicateurs susceptibles de laisser croire que Mick Herron reprenne enfin du service de ce côté-ci du Channel.
Et rien ne me ferait plus plaisir que d'être encore convié à côtoyer les « tocards du placard ».
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Un petit mot sur la traduction, où il n'est cependant pas question de remettre en question le travail accompli par Samuel Sfez.
J'ai toutefois été étonné qu'il passe à côté de l'expression que je supposais être « cloak-and-dagger », et qu'il a traduit par « cape et d'épée » (page 52 en Babel Noir™).
Et après une petite recherche sur le Web™ pour vérifier la V.O, il se trouve que j'avais vu juste. C'est bien « cloak-and-dagger » qu'utilise Mick Herron, mais qui est à prendre ici dans son sens synonyme de mystère, de secret (et d'espionnage), et non pas dans sa traduction littérale.
Puis, quelques lignes plus loin, quelle n'a pas été ma surprise de voir apparaitre le nom de Batman, le justicier de Gotham, comme un cheveu sur la soupe.
Pour le coup c'est à Michael Caine que je dois de dire merci, puisque dans un entretien qu'il avait accordé au moment de la sortie de la trilogie de Christopher Nolan, où il interprétait le majordome de Bruce Wayne, il s'amusait d'avoir été le batman de Batman.
Autrement dit son majordome ou, plus précisément son ordonnance.
« Batman » en anglais, et sans majuscule, est de fait l'équivalent du mot français « ordonnance », c'est-à-dire un poste militaire où un subalterne est attaché à un officier.
Et dans la version originale de « La maison des tocards », batman ne prend effectivement pas de majuscule. Ce qui vu le contexte, il est précédé par les mots factotum et majordome, ne laisse aucune chance au personnage imaginé en 1939 par Bob Kane et Bill Finger.
Tu m'a donné envie de lire ce roman. Et comme il est à la médiathèque du coin c'est parfait.
RépondreSupprimerPar contre au début il parle de lettre sur la tranche du livre, ca le fait pas trop, on ? Ou alors j'ai mal compris la phrase. A suivre...
Excuse-moi, je n'ai pas vu ton commentaire plus tôt.
SupprimerUne lettre sur la tranche du livre ?
Là c'est moi qui comprend mal.
[-_ô]