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Articles

Affichage des articles du mai, 2021

Poison City [Tetsuya Tsutsui / David Le Quéré]

Travaillé par le sujet bien avant d'en être l'objet, T etsuya T etsui trouvera l'angle et le temps de s'y mettre avec les arguments qui constituent la partie émergée de son talent : l’intelligence et le panache. Alors qu'il s'intéresse à la censure depuis déjà quelque temps, essentiellement celle qui a touché les bandes dessinées aux États-Unis d'Amérique au début des années 1950, T etsuya T sutsui apprend - en lisant des critiques sur l'Internet™ - que Manhole , l'une de ses propres histoires, a été frappée de censure dans la province de Nagasaki . • Mise en abyme             Le système qui a valu à Manhole d'être classée « œuvre nocive pour les mineurs » au motif de : « incitation considérable à la violence et à la cruauté chez les jeunes », repose uniquement sur l'aspect visuel du manga incriminé. Un système qu'explique très en détail l'auteur dans « Poison City », puisque ces deux tomes racontent la mésaventure d'un manga

Redbelt [David Mamet / Chiwetel Ejiofor / Alice Braga]

 « Ce film est ma lettre d'amour au monde du jiu-jitsu et à sa philosophie »    David Mamet   Mike Terry enseigne le jiu-jitsu dans son propre dojo. Les affaires ne marchent pas très fort, mais Terry place l'idée qu'il se fait de l'honneur à un point d'incandescence tel qu'il l'aveugle, en blesse certains, et en captive la plupart. Combattant hors pair et ex-militaire au passé trouble, il refuse de se compromettre dans les compétitions sportives. Deux rencontres vont changer sa vie ......              D avid M amet combine, avec « Redbelt », son intérêt pour le jiu-jitsu, à ses métier de scénariste et de réalisateur. C'est sur le tournage de La prisonnière espagnole 1997 que l'acteur E d O ' N eill l'initie à cet art martial, et plus précisément à sa variante brésilienne. Apparu au milieu des années 1920 au Brésil , ce dérivé du judo japonais est l’œuvre de H elio G racie, via l'enseignement que M itsuyo M aéda, un judoka qui fit conna

La troisième griffe de Dieu [Adam-Troy Castro / Benoît Domis]

Deuxième recueil du cycle que consacre A dam- T roy C astro à Andrea Cort , publié en France par Albin Michel Imaginaire™ ; « La troisième griffe de Dieu », titre homonyme du roman qui le compose, en compagnie d'une nouvelle intitulée « Un coup de poignard », emprunte le même canal créatif que le recueil précédent [ Pour en savoir + ].             Si l'apparition du terme space opera , en 1944, se voulait dépréciatif. W ilson T ucker reprochait en effet à un certain nombre d'histoires de voyages spatiaux et de royaumes galactiques de n'être qu'une resucée du roman national des États-Unis d'Amérique . La neutralité qu'a désormais gagné le terme, lequel désigne une catégorie particulière de récits parmi toutes celles que compte la Sf, n'a cependant pas entièrement gommé l'héritage que lui doit la fameuse « Conquête de l'Ouest ® », transposée donc aux confins de l'espace. Mais c'est à un autre héritage que puise A dam- T roy C astro, quan

Compte à rebours + Les fiancées du califat

Les 3 tomes de « Compte à rebours » et l'album « Les fiancées du califat » forment une sorte de tétralogie, consacrée au terrorisme islamique. Écrite par M arc T révidic & M atz, elle est entièrement dessinée par G iuseppe L iotti. Si R aphaël H adid assure le lettrage des quatre albums, la colorisation est, respectivement, de C hristophe B ouchard, et de G aétan G eorges.               S'agissant de terrorisme, la caution de M arc T révidic, qui a passé 10 ans au pôle antiterrorisme du TGI de Paris , en tant que juge d'instruction, est un gage de véracité incontestable. M atz, scénariste blanchi sous le harnais de la BD, dont ce n'est pas la première collaboration, garantit que ce à quoi nous avons affaire est une fiction en laquelle on peut placer quelques espoirs. Et les titres - explicites - des deux histoires, renforcés par des couvertures qui le sont tout autant ne laissent pas plus planer de doutes. Celle de « Les fiancées du califat », très symbolique, est

Picatrix [Valerio Evangelisti / Serge Quadruppani]

Cinquième tome si on se réfère à la chronologie des aventures de Nicolas Eymerich , mais sixième tome publié en I talie, « Picatrix » sous-titré d'un explicite « L'Échelle pour l'Enfer », a eu l'heur de faire l'objet d'un feuilleton radiophonique transalpin de 10 épisodes.  Commercialisé par La Volte™ dans le cadre de l'intégrale que cet éditeur a consacré à Nicolas Eymerich , « Picatrix » a précédemment fait l'objet d'unes sortie en 2002 chez Rivage™, déjà dans une traduction de S erge Q uadrupanni.             Comme d'habitude pour ce cycle, V alerio E vangelisiti intercale à l'histoire qui s'intéresse à son inquisiteur d'autres histoires se déroulant à des époques différentes. Si nous retrouvons Nicolas Eymerich en 1361, il partage donc le sommaire avec Marcus Frullifer , que nous avions découvert dans le premier tome du cycle [ Pour en savoir + ], et un détachement militaire de la RACHE en Afrique . Toutefois l'inquisiteur

Les Protecteurs [Thomas Mullen / Sébastien Guillot]

On a reproché, après le 11-Septembre, aux différents services chargés de protéger les États-Unis d'Amérique , de ne pas avoir collaboré.             Dans le roman de T homas M ullen cette incommunicabilité persiste. En outre, la privatisation des missions régaliennes de l'État, ici essentiellement le renseignement et la lutte antiterroriste, amène de nouveaux joueurs sur l'échiquier. Dont certains n'hésitent pas à se prévaloir d'appartenir à des officines sinon prestigieuses, du moins gouvernementales. Dans cette partie du Grand Jeu™ 2.0 où l'opacité et le brouillard règnent, et où personne ne joue franc-jeu, s'inviteront quelques candides comme autant de victimes collatérales d'enjeux qui dépassent tout le monde.   [ Avertissement aux lecteurs ] : Ce roman tire tout son intérêt de la déception qu'il risque de susciter (dans un premier temps).                 Une déception assez relative, somme toute, puisque « Les Protecteurs » n'est pas publié

PULP [ Ed Brubaker / Sean Phillips / Jacob Phillips / Doug Headline]

Court récit d'une soixantaine de planches, publié sous la forme d'un album dit « Original Graphic Novel », cette histoire est indépendante de tout ce qu'ont pu produire E d B rubaker & S ean P hilipps depuis la vingtaine d'années qu'ils collaborent.             À l'origine il s'agissait pour le scénariste de produire un Western pour son dessinateur, à la demande de ce dernier. Finalement « PULP » se déroule en février 1939 à New York .             « PULP » a plusieurs vertus, dont celle de donner un bel aperçu de ce qu'étaient justement les pulp magazines . Ces revues bon marché alimentées par une ribambelle de forçats attachés à leur Underwood™ et payés, comme Max Winter , deux cents le mot. Ainsi via ces magazines ont été publiés tous les genres de l'Imaginaire, dont certains sont même nés dans ces pages de mauvais papier.   En très peu de planches, B rubaker & P hilipps condensent un biographie dont la maîtrise de l’ellipse semble en a

Balle perdue [Guillaume Pierret / Alban Lenoir / Ramzy Bedia]

Le sujet : Un mécano hors pair, qui purge une peine de prison, est recruté par une unité de police spécialisée dans les « go fast ». Vous avez 1 heure 30             À partir de cet intitulé fort simple, G uillaume P ierret signe un scénario et une réalisation à l'avenant. N'évitant pas les images d'Épinal que ce type de récit suggère, il les enchaîne avec un sens du spectacle qui fait plaisir à voir. L'autre point fort de son long-métrage tient tout entier dans la concision avec laquelle le scénariste/réalisateur établit les rapports qu'entretiennent les personnages entre eux. En l’espace d'un plan, d'une moue, d'une étreinte, chacun enfile un profil psychologique et des liens affectifs qui le transforme en individu. La substantifique moelle de « Balle perdue » tient quasiment toute entière dans son incipit, un braquage pour le moins original. C'est à partir de cette scène originelle que G uillaume P ierret bâtit son propos. C'est aussi elle

CODA [Si Spurrier / Matías Bergara / Philippe Touboul]

Dans un monde (secondaire) post-catastrophe, où la magie est aussi rare et nécessaire que l'essence dans celui de Mad Max , un barde taciturne se retrouve plongé dans une quête aventure qui le dépasse, mais néanmoins à l’index romantique élevé.              Bildungsroman plein de bruit et de fureur « Coda » est une de ces histoires de High fantasy qu’on aimerait lire plus souvent.  Un (mauvais) genre dont la trilogie Le Seigneur des anneaux de J . R . R . T olkien a jeté les bases, et que son succès outre-Atlantique a transformé en modèle, pour le meilleur et pour le pire. « Coda » donc est l'un de ses plus récents épigones, dont S i S purrier, son scénariste, n'a pas à rougir.  Commercialisé aux U.S.A. sous la forme d'un cycle de 12 numéros mensuels par l'éditeur BOOM! ® , l'histoire nous arrive en France sous la forme d'un fort recueil qui en compile la totalité d'un bloc.  Ce qui ne veut pas dire qu'il faille la lire d'une traite.  En

Du bruit sous le silence [Pascal Dessaint]

Le roman policier est, en partie, devenu depuis le début du XX e siècle l'occasion d’autopsier la société dans laquelle se déroule l'enquête qu'il se propose de raconter. C'est parfois sa seule motivation. Au détriment du frisson de l'enquête judiciaire proprement dite.             Si Pascal D essaint prend quelques libertés avec la procédure, « Du bruit sous le silence » est cependant un Polar très bien ficelé dans lequel le crime n'est pas une simple excuse.  Parfois très didactique, notamment sur le rugby, son roman n'est pourtant jamais ennuyeux. D'autant que les explications sur ce « sport de voyou joué par des gentlemen » est nécessaire puisque c'est lui qui fait les frais de l'autopsie en question.             Absent de la liste des Mythologies™ de R oland B arthes ce sport, dont on dit qu'il a été inventé par un certain W illiam W ebb E llis en 1823, n'y aurait pourtant pas voler sa place. Dans les pages de son roman P ascal D

Goodnight Paradise [Joshua Dysart / Alberto Ponticelli / Giulia Brusco / Laurence Belingard]

Le texte qui suit est un point de vue sur l'album de bande dessinée « Goodnight Paradise » paru chez l'éditeur américain TKO Studios™ et commercialisé en France par Panini™.  En tant que tel, ce commentaire risque d'en dire bien trop sur le contenu de l'histoire, tout en élaborant une manière de la lire qui citera - par la force des choses - des éléments que n'importe quel lecteur préférera sûrement découvrir par lui-même. À vos risques & périls donc .....             L'accroche de « Goodnight Paradise » tient en quelques mots : « une jeune fugueuse est découverte, sans vie, dans une poubelle par un sans-abri bipolaire. Choqué il entreprend de découvrir ce qui s'est passé ».  Vu les éléments énoncés, on se doute bien qu'il ne s'agira pas pour le sans-abri en question de déployer un arsenal technique dans le cadre balisé d'une enquête. Tout indique au contraire que les investigations seront surtout le prétexte, le révélateur d'un scand

L'Indice de la peur [Robert Harris / Natalie Zimmermann]

Compte à rebours aux allures d'une catastrophe annoncée, « L'Indice de la peur », titre homonyme du surnom d'un véritable indice - dit de volatilité - des marchés financiers, le roman de R obert H arris brouille astucieusement les pistes jusqu'à ce que l'évidence rende les choses inéluctables.              Récit sans concessions au (mauvais) genre qu’il revendique, les péripéties et les personnages honorent néanmoins un classique de la littérature dont on dit qu'il a vu le jour sur les rives du Lac Léman . Et avec qui il partage un patrimoine commun.  C'est d'ailleurs essentiellement sur ses rives que se déroule « L'Indice de la peur », et plus précisément au cœur de Genève , une ville qui sans conteste incarne le plus universellement, au coude-à-coude avec Wall Street et la City , le monde des banques et de la finance.  R obert H arris y plante donc un fait divers qui au fil des pages se révélera l'innocent village Potemkine™ d'une bien

Sans aucun remords [Jordan / Solima / Sheridan / Staples / Clancy]

Comme le roman homonyme du célèbre T om C lancy, dont il est la très libre adaptation, « Sans aucun remords » est l'apax existentiel de John Kelly - lequel évènement unique conditionnera le reste de son existence - un personnage récurrent de ce qu'il est convenu d'appeler le Ryanverse © . Une franchise romanesque ayant pour axe central le personnage de Jack Ryan , un analyste de la CIA d'encre et de papier, que sa carrière, passée via le cinéma et la télévision, a installé dans l'imaginaire collectif occidental.              Laissant derrière lui les années 1970, le Vietnam , J ohn M ilius, K eanu R eeves, L aurence F ishburne, C hristopher M c Q uarrie ou encore T om H ardy, l'acteur M ichael B . J ordan recrute S tefano S olima et les scénaristes T aylor S heridan & W ill S taples pour qu'ils lui taillent dans un uniforme de Navy SEAL™ qui allait pourtant très bien à son personnage, une toute nouvelle panoplie de redresseur de torts, motivé par l