Accéder au contenu principal

Les Protecteurs [Thomas Mullen / Sébastien Guillot]

On a reproché, après le 11-Septembre, aux différents services chargés de protéger les États-Unis d'Amérique, de ne pas avoir collaboré.
            Dans le roman de Thomas Mullen cette incommunicabilité persiste. En outre, la privatisation des missions régaliennes de l'État, ici essentiellement le renseignement et la lutte antiterroriste, amène de nouveaux joueurs sur l'échiquier. Dont certains n'hésitent pas à se prévaloir d'appartenir à des officines sinon prestigieuses, du moins gouvernementales.
Dans cette partie du Grand Jeu™ 2.0 où l'opacité et le brouillard règnent, et où personne ne joue franc-jeu, s'inviteront quelques candides comme autant de victimes collatérales d'enjeux qui dépassent tout le monde.  
[Avertissement aux lecteurs] : Ce roman tire tout son intérêt de la déception qu'il risque de susciter (dans un premier temps).    
            Une déception assez relative, somme toute, puisque « Les Protecteurs » n'est pas publié dans une collection à laquelle il aurait droit (?) s'il ne s'agissait pas d'une fausse piste. Laquelle est cependant tracée en toute bonne foi par l'un des personnages. Et par l'éditeur français si on en croit la couverture de l'édition J'ai Lu™.
Cela dit, même en étant dupe, et tout est fait pour qu'on le soit (du moins dans un premier temps donc) ce roman s'apparente dans tous les cas à un thriller d'espionnage. Lequel se singularise par un flou opérationnel assez déstabilisant. Si Thomas Mullen joue avec maestria de nos biais, « Les Protecteurs » pâtit néanmoins de ne mettre en scène que des personnages au mieux peu sympathiques. Encore que chaque lecteurs les considérera peut-être d'une manières différentes de la mienne. Mais pour ma part donc, l'intimité que nous permet ce récit avec les personnages principaux n'a pas vraiment fait naître une quelconque empathie. Pas plus pour ce qui leur arrive d’ailleurs. Et pourtant l'auteur ne les épargne pas. 
Reste de très bons moments, Mullen parvient parfois à tricoter des situations captivantes, et un twist que vous risquez - comme moi - d'anticiper (ce qui n'enlève rien au plaisir d'avoir été berné). Et ce moment d'incertitude, qui persiste après la dernière page tournée, vaut largement le temps passé à lire les presque 400 pages de ce roman. 
Ce qu'aurait peut-être dû faire un relecteur, essentiellement le début du chapitre 18, où un artefact technique se retrouve dans des mains où il ne peut pas être. Ce que n'importe quel lecteur rectifiera de lui-même, mais non sans s'être demandé - un bref instant - si finalement l'intrigue n'était pas encore plus complexe qu'elle ne l'est en réalité. 
            Au final, puisque Philip K. Dick n'a plus écrit depuis quelques années, je propose aux amateurs de sa prose de découvrir celle que Thomas Mullen met au service de ce roman. Un auteur qui, s'il ne parvient pas à faire de l'ombre au natif de Chicago (IL), offre un roman dont l'idée-force est de celles qu'on associe le plus volontiers à l'auteur d'Ubik et de Souvenirs à vendre.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich