On a reproché, après le 11-Septembre, aux différents services chargés de protéger les États-Unis d'Amérique, de ne pas avoir collaboré.
Dans le roman de Thomas Mullen cette incommunicabilité persiste. En outre, la privatisation des missions régaliennes de l'État, ici essentiellement le renseignement et la lutte antiterroriste, amène de nouveaux joueurs sur l'échiquier. Dont certains n'hésitent pas à se prévaloir d'appartenir à des officines sinon prestigieuses, du moins gouvernementales.
Dans cette partie du Grand Jeu™ 2.0 où l'opacité et le brouillard règnent, et où personne ne joue franc-jeu, s'inviteront quelques candides comme autant de victimes collatérales d'enjeux qui dépassent tout le monde.
[Avertissement aux lecteurs] : Ce roman tire tout son intérêt de la déception qu'il risque de susciter (dans un premier temps).
Une déception assez relative, somme toute, puisque « Les Protecteurs » n'est pas publié dans une collection à laquelle il aurait droit (?) s'il ne s'agissait pas d'une fausse piste.
Laquelle est cependant tracée en toute bonne foi par l'un des personnages. Et par l'éditeur français si on en croit la couverture de l'édition J'ai Lu™.
Cela dit, même en étant dupe, et tout est fait pour qu'on le soit (du moins dans un premier temps donc) ce roman s'apparente dans tous les cas à un thriller d'espionnage.
Lequel se singularise par un flou opérationnel assez déstabilisant.
Si Thomas Mullen joue avec maestria de nos biais, « Les Protecteurs » pâtit néanmoins de ne mettre en scène que des personnages au mieux peu sympathiques. Encore que chaque lecteurs les considérera peut-être d'une manières différentes de la mienne.
Mais pour ma part donc, l'intimité que nous permet ce récit avec les personnages principaux n'a pas vraiment fait naître une quelconque empathie.
Pas plus pour ce qui leur arrive d’ailleurs. Et pourtant l'auteur ne les épargne pas.
Reste de très bons moments, Mullen parvient parfois à tricoter des situations captivantes, et un twist que vous risquez - comme moi - d'anticiper (ce qui n'enlève rien au plaisir d'avoir été berné). Et ce moment d'incertitude, qui persiste après la dernière page tournée, vaut largement le temps passé à lire les presque 400 pages de ce roman.
Ce qu'aurait peut-être dû faire un relecteur, essentiellement le début du chapitre 18, où un artefact technique se retrouve dans des mains où il ne peut pas être. Ce que n'importe quel lecteur rectifiera de lui-même, mais non sans s'être demandé - un bref instant - si finalement l'intrigue n'était pas encore plus complexe qu'elle ne l'est en réalité.
Au final, puisque Philip K. Dick n'a plus écrit depuis quelques années, je propose aux amateurs de sa prose de découvrir celle que Thomas Mullen met au service de ce roman. Un auteur qui, s'il ne parvient pas à faire de l'ombre au natif de Chicago (IL), offre un roman dont l'idée-force est de celles qu'on associe le plus volontiers à l'auteur d'Ubik et de Souvenirs à vendre.
Commentaires
Enregistrer un commentaire