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Articles

Affichage des articles du juin, 2017

NOWHERE MEN : Un destin pire que la mort

« J'ai vu le futur, et ça marche » L incoln S teffens Quatre scientifiques surdoués se sont rassemblés au sein d’un groupe de chercheurs : la World Corp. Ils sont devenus les scientifiques les plus célèbres de leur temps. •••• S ur un pitch assez simple, donner à des scientifiques la place médiatique qu’occupent dans nos sociétés occidentales les « rock stars », E ric S tephenson a écrit l’une des séries les plus passionnantes & innovantes que j’ai lue depuis très longtemps.  Du moins les six premiers numéros que l’on peut trouver dans le recueil intitulé Un destin pire que la mort (aux éditions Delcourt ).  Sans pour autant négliger l’intrigue ou les personnages, bien au contraire, S tephenson importe dans le domaine de la bande dessinée une mise en récit qui n’est pas sans rappeler celle qu’avait inventée J ohn D os P assos pour sa trilogie dite U.S.A. , publiée entre 1930 et 1936. Les 6 premières planches telles qu'elles apparaissent dans

Birthright : tomes 1 & 2 (Delcourt)

…. L a série Birthright , de J oshua W illiamson & A ndrei B ressan, est le résultat de la mise en œuvre d’un algorithme mémétique * connu (au moins) depuis l’année 1889.  M ark T wain y publie alors un roman – Un Yankee à la cour du roi Arthur – dont la trame, débarrassée de sa charge politique, fera florès auprès des soutiers de « l’art modeste » : pulp magazines , comic books , cinéma, etc. , et ce jusqu’à aujourd’hui. Voyez plutôt : « un héros occidental vient apporter la civilisation ou le salut, à une société jugée primitive, ou médiévale ». Ce qui différencie (liste non exhaustive) Une Princesse de Mars d’ E dgar R ice B urroughs (1912), Le Dernier samouraï d’ E dward Z wick (2003) ou Autumnlands de B usiek & D ewey (2015), ce n’est pas une différence de nature mais - bien entendu - de degré.  Chacune à leur manière, ces histoires racontent l’arrivée d’un étranger à la civilisation qu’il pénètre, et qui en deviendra peu ou prou le héros en combattant les

Un entretien avec Jean-Marc Lainé

Quelques uns des essais de Jean-Marc Lainé .... I l y a déjà quelques temps j'avais sollicité l'ami J ean- M arc « Jim » L ainé pour lui poser quelques questions sur le monde de l'édition. Et plus particulièrement sur le secteur qui s'occupe d'importer la BD américaine sous nos latitudes. J im L ainé scénariste de BD, essayiste, conférencier, traducteur, pilier du prozine SCARCE, etc. , a aussi exercé (et exerce encore) de l'autre côté du miroir, celui où les choses se font en matière d'édition. Et s'il a été du staff éditorial de l'éditeur SEMIC, il s'est aussi occupé des bandes dessinée américaines que l'éditeur Bamboo a publié entre 2005 et 2007. pas loin de 40 titres avec des noms tels que G arth E nnis, K eith G iffen, S ean M urphy, P eter D avid, P aul J enkins ou encore M ark M illar ou S teve N iles (liste non exhaustive). Une tentative de sortir de la bande dessinée américaine - en librairie -  à une époque où il y en av

Ghosted (J. Williamson/D. Gianfelice/G. Sudzuka)

C e n’est pas entre la poire et le fromage, mais entre le hasard et la curiosité, que j’ai découvert la série écrite par J oshua W illimason : GHOSTED.  Quand l’occasion fait le larron, que fait le larron ?   …. U n recueil disponible à la médiathèque, Esprit au piège , publié par Delcourt, et la curiosité ont fait le reste. Commencer par le deuxième tome n’est pas forcément la meilleure chose à faire, mais contre toute attente, je l’ai lu d’un trait et je me suis procuré le premier toutes affaires cessantes.  En version originale.  Non pas que j’ai quelque chose à redire à la traduction de H élène R emaud- D auniol, pas du tout, mais l’un de mes miens amis l’avait dans sa propre bibliothèque. Surtout que si je me fie au titre français du second opus , qu’on lui doit peut-être sûrement, la traductrice montre un sens de la formule plutôt réjouissant.  Indice intéressant, lire le second arc narratif avant le premier, et en tirer entière satisfaction, donne déjà une idée

Marshal Bass (Darko Macan/Igor Kordey) Delcourt

             D igne cousin germain de Lobo , le premier héros Africain-Américain ayant eu un comic book attitré (chez l'éditeur  Dell Comics ) jamais répertorié (à ma connaissance) aux U.S.A ., et de Jemal David (alias O tis Y oung) dont le souvenir a traversé les ans (il était la covedette de la série télévisée intitulée « Les Bannis ») ; River Bass , fruit du clavier de l’épatant scénariste D arko M acan et des crayons du talentueux I gor K ordey, s’installe chez Delcourt pour au moins deux albums.  Une équipe qui a déjà travaillé ensemble et des deux côtés de l'Atlantique: s ur Soldier X [ Pour en savoir +] et sur Nous les morts [ Pour en savoir  +]. Couleurs de Desko I gor K ordey livre une prestation que son talent tendrait presque à rendre anodine tant il est constant. C’est un dessinateur rapide, au trait évocateur & ruptile * , qu’on n’oublie pas.  Rien à redire de ce côté-ci de la création : les personnages ont des trognes, sa sent la sueur et la pou

Wild Children/Aleš Kot/Riley Rossmo/Gregory Wright

"Wild" n'est pas seulement l'équivalent de "sauvage", c'est aussi le participe passé du verbe "to will" (vouloir) « Ecrire, car c'est toujours récrire » J-L G. Marcel Duchamp à plus d'un titre …. I l semble s’agir ici pour le scénariste A leš K ot de puiser dans l’inépuisable courant postmoderne, celui où la culture est devenue un immense réservoir où piocher.  Wild Children n’invente donc pas un nouvel alphabet, mais plus sûrement de nouvelles combinaisons de mots anciens.  Ce graphic novel ( i.e. album dont l’histoire paraît en une seule fois, par opposition à la compilation de périodiques) paru en 2012, l’un des tout premiers sinon le premier de ses scénarios publiés, brasse nombre de références implicites ou explicites [ Hakim Bey , M arcel D uchamp, G rant M orrison, W arren E llis, M arshal M c L uhan, J acques D errida et son concept d’hantologie (qui fait particulièrement sens ici), etc. ] dans un environnemen

Mutopia X (Marvel Comics)

Couverture d'Andy Park …. À part les deux premiers numéros (pour l’instant) de la série Second Sight publiée par l’éditeur Aftershock , et savoir qu'il avait inventé le Batman français - adepte du Parkour - Nightrunner , je crois bien que je ne savais pas grand-chose   D avid H ine au moment où j'ai lu le tpb   Mutopia X .  Dernièrement, c'est là que je voulais en venir, je suis donc tombé par hasard, sur ledit trade parperback (ou recueil) intitulé Mutopia X , et je me suis laissé tenter (sans vraiment savoir pourquoi d’ailleurs). La curiosité s'est joliment transformée en excellente surprise grâce (surtout) au scénariste. À partir d’un concept de départ (celui de House of M ) que je connaissais moins que vaguement – mais qui de toute façon est résumé dans le paratexte de cette compilation de cinq numéros – D avid H ine a écrit un scénario qui vaut le détour pour tous les fans des X-Men & associés, et me suis-je laissé dire, pour tout ceux dont l&

Le Regard (Ken Liu) Le Bélial'

Aurélien Police …. L ’art de raconter une histoire s’apparente souvent à celui de la prestidigitation, surtout dans le cadre d’un whodunit ( kilafé ), histoire policière où il y a lieu de capturer un assassin dont l'identité est inconnue. L’une des règles non écrites de ce type de récit, est de donner suffisamment de fil à retordre à l’enquêteur pour que les lecteurs oublient que l’auteur (et par la force des choses, le détective) a toutes les cartes en main depuis le début. Ce qui, corollaire intéressant, est aussi un bon moyen de les captiver en multipliant les fausses pistes, les rebondissements, et en inventant un modus operandi inédit (liste non exhaustive). K en L iu, bien que sa novella utilise une technologie qui le range (ainsi que la collection dans laquelle elle est publiée) ipso facto du côté de la science-fiction, a écrit avec Le Regard (traduction de P ierre- P aul D urastanti), un whodunit  de la plus belle eau. …. Plusieurs auteur-e-s se sont affranc