…. Le 13 juillet 2011, Kalle Lasn fondateur du magazine anticonsumériste bien connu Adbuster, et ses collègue, créent le hashtag « #occupy-wallstreet » sur Twitter, pour inviter la gauche américaine à se révolter contre Wall Street et la mauvaise influence qu'a le monde des affaires sur nos sociétés.
Si dans un premier temps le campement de Zuccotti Park passe inaperçu, lorsque 700 personnes sont arrêtées par la NYPD alors qu’elles tentent de traverser le pont de Brooklyn, l’Amérique – et le reste du monde ou presque – apprend l’existence du groupe.
« Occupy » fait alors des émules à travers tous les Etats-Unis.
Le 2 novembre 2016 paraît le 1er numéro d’un nouveau comic book dont le titre est tout un programme : Occupy Avengers.
Le retour des « relevant comics » ?
…. Les « relevant comics » autrement dit des bandes dessinées inscrites dans les problèmes sociaux & politiques de leur temps, ont percé dans les années 1970 (pour des raisons que j’ai tenté d’expliquer dans d’autres articles), et donné certaines des plus belles, et parfois des plus étranges, pages de l’histoire de la BD mainstream (i.e. majoritaire et grand public), celle dont les super-héros sont les personnages princiapaux.
Ainsi en février 1970 voit-on, à l’instigation de Dick Giordano (editor) et sous la houlette de Robert Kanigher au scénario et de Nick Cardy aux dessins, les Teen Titans - un groupe de super-héros adolescents - remiser leurs costumes bigarrés et ne devoir plus compter que sur leur intelligence et leur habileté. Une conséquence directe de leur échec à empêcher le meurtre d’un prix Nobel de la paix.
Dans l’épisode suivant (le #26), apparaît l’un des premiers - quoique non-costumé - héros Noir du médium, en la personne de Mal Duncan. Lequel deviendra le premier astronaute en partance pour Vénus. Du moins à ma connaissance.
Ce 26ème numéro est aussi considéré comme le premier de l’histoire des comic books où a eu lieu un baiser « interracial ».
Si l’expérience « sans costume & sans super-pouvoir » des Teen Titans est de courte durée (deux numéros) je pense toutefois qu’elle a dû, à l’époque, faire son petit effet.
Tout comme ce pudique baiser entre Mal Duncan et Lilth.
D’autres « relevant comics » verront le jour comme par exemple le road trip de Green Lantern & de Green Arrow sous la conduite de Dennis O’Neil et Neal Adams [Pour en savoir +], ou l’étonnant Howard the Duck [Pour en savoir +] de Steve Gerber.
Retour aux sources
…. Après les événements de Civil War II, Clint Barton (alias Hawkeye), devenu un paria pour une partie de la communauté super-héroïque (pour des raions que je vous laisse découvrir), est parti se confronter à des problèmes plus terre-à-terre.
Dans les deux premiers épisodes d’Occupy Avengers David F. Walker & Carlos Pacheco l’envoient se frotter à un problème environnemental dans une réserve amérindienne. Un décor pour le moins original (même si assez superficiellement traité).
Habillement les deux auteurs, respectivement scénariste et dessinateur de la série, plantent le décor et commencent de construire ce qui deviendra justement les « Occupy Avengers », si tant est qu’ils portent un jour ce nom. Aspect plutôt très réjouissant de l'entreprise, pas besoin d’avoir lu Civil War II ou même Secret Wars pour savoir où en sont Clint Barton et celui qui deviendra son collègue, l'amérindien connu sous le nom de Red Wolf. Walker donne intelligemment tout ce dont un lecteur, même néophyte, a besoin pour que son scénario offre pleinement satisfaction, sans l'y noyer.
Si l’intrigue de ces deux premiers numéros n’est certes pas des plus originales, elle n’est jamais ennuyeuse et surtout très reader-friendly.
D’autant que David F. Walker use d’un « effet de texte » à la Dashiell Hammett qui a déjà fait ses preuves (et de circonstance si on veut bien se souvenir qu'en français Hawkeye se dit Œil-de-faucon) .
Carlos Pacheco assure le service minimum sans faire de vague, et la colorisation manque un peu de peps. On est clairement dans le « milieu de gamme », si je puis me permettre, de ce que peut produire l'industrie de la BD étasunienne.
Une belle entrée en matière toutefois, qui du reste invite l’un des rares super-héros amérindiens tout éditeur confondu, à partager l’affiche d'un titre estampillé Avengers ; une décision à laquelle je suis assez sensible.
Même si pour le coup, à l’instar des Teen Titans de 1970, Red Wolf ne peut s’appuyer que sur son intelligence, son habileté et ses compétences.
Tout comme Clint Barton d’ailleurs, dont David F. Walker a la très bonne idée de faire un catalyseur plutôt qu’un « homme providentiel », sur qui retomberait tout le mérite en cas de succès.
En un mot comme en cent, des hommes ordinaires faces à des problèmes ordinaires.
Le rôle des editors
.... Cette série est encore pour moi l'occasion de mettre en avant le rôle souvent méconnu qu'ont les editors (en l’occurrence ici Tom Brevoort & Darren Shan) dans les maisons d'édition américaines telle que Marvel.
Je l'ai souvent écrit, mais je me permets de le faire de nouveau, un editor n'est pas comme on pourrait le penser un éditeur à la française. Ce poste est celui d'un superviseur dont les prérogatives sont - plus ou moins - celles d'un rédacteur en chef et d'un directeur de collection.
En France, sur la série Sept, publiée par l'éditeur Delcourt, je pense qu'on peut dire de David Chauvel qu'il est un editor dans l'acception américaine du poste, par exemple.
.... Or donc, en lisant une interview qu'a donnée le scénariste de la série David F. Walker, il apparaît que l'idée d'Occupy Avengers ne vient pas de lui.
Il dit clairement pour présenter cette nouvelle série : « Mes editors me l'ont vendue comme devant s'inspirer de L'Agence tout risque (The A-Team) la série des années 1980. Je leur ai suggéré d'y ajouter une autre source d'inspiration Have Gun Will Travel ; ils ont été emballés ».
Newsrama, le site qui poste l'entretient sur son site souligne, en posant une question sur le choix du nouveau titre et ce qu'il implique, qu'il a été choisi avant que Walker soit sur le projet, je cite : « Puisque vous avez dit qu'il avait été choisi avant votre arrivée sur le projet, qu'en pensez-vous ? ».
Donc, comme on peut s'en rendre compte avec ces quelques exemples, un série et la direction qu'elle prend, ne dépend parfois pas beaucoup de celui qui l'écrit.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui
• Verdict : Un début très engageant !
Si dans un premier temps le campement de Zuccotti Park passe inaperçu, lorsque 700 personnes sont arrêtées par la NYPD alors qu’elles tentent de traverser le pont de Brooklyn, l’Amérique – et le reste du monde ou presque – apprend l’existence du groupe.
« Occupy » fait alors des émules à travers tous les Etats-Unis.
Le 2 novembre 2016 paraît le 1er numéro d’un nouveau comic book dont le titre est tout un programme : Occupy Avengers.
Illustration de Declan Shalvey & Jordie Bellaire |
…. Les « relevant comics » autrement dit des bandes dessinées inscrites dans les problèmes sociaux & politiques de leur temps, ont percé dans les années 1970 (pour des raisons que j’ai tenté d’expliquer dans d’autres articles), et donné certaines des plus belles, et parfois des plus étranges, pages de l’histoire de la BD mainstream (i.e. majoritaire et grand public), celle dont les super-héros sont les personnages princiapaux.
Ainsi en février 1970 voit-on, à l’instigation de Dick Giordano (editor) et sous la houlette de Robert Kanigher au scénario et de Nick Cardy aux dessins, les Teen Titans - un groupe de super-héros adolescents - remiser leurs costumes bigarrés et ne devoir plus compter que sur leur intelligence et leur habileté. Une conséquence directe de leur échec à empêcher le meurtre d’un prix Nobel de la paix.
Dans l’épisode suivant (le #26), apparaît l’un des premiers - quoique non-costumé - héros Noir du médium, en la personne de Mal Duncan. Lequel deviendra le premier astronaute en partance pour Vénus. Du moins à ma connaissance.
Ce 26
Teen Titans #26 : 1er baiser "interracial" recensé |
Tout comme ce pudique baiser entre Mal Duncan et Lilth.
D’autres « relevant comics » verront le jour comme par exemple le road trip de Green Lantern & de Green Arrow sous la conduite de Dennis O’Neil et Neal Adams [Pour en savoir +], ou l’étonnant Howard the Duck [Pour en savoir +] de Steve Gerber.
Retour aux sources
…. Après les événements de Civil War II, Clint Barton (alias Hawkeye), devenu un paria pour une partie de la communauté super-héroïque (pour des raions que je vous laisse découvrir), est parti se confronter à des problèmes plus terre-à-terre.
Occupy Avengers #1 : Pacheco/Fronteriz/Oback |
Habillement les deux auteurs, respectivement scénariste et dessinateur de la série, plantent le décor et commencent de construire ce qui deviendra justement les « Occupy Avengers », si tant est qu’ils portent un jour ce nom. Aspect plutôt très réjouissant de l'entreprise, pas besoin d’avoir lu Civil War II ou même Secret Wars pour savoir où en sont Clint Barton et celui qui deviendra son collègue, l'amérindien connu sous le nom de Red Wolf. Walker donne intelligemment tout ce dont un lecteur, même néophyte, a besoin pour que son scénario offre pleinement satisfaction, sans l'y noyer.
Si l’intrigue de ces deux premiers numéros n’est certes pas des plus originales, elle n’est jamais ennuyeuse et surtout très reader-friendly.
D’autant que David F. Walker use d’un « effet de texte » à la Dashiell Hammett qui a déjà fait ses preuves (et de circonstance si on veut bien se souvenir qu'en français Hawkeye se dit Œil-de-faucon) .
Carlos Pacheco assure le service minimum sans faire de vague, et la colorisation manque un peu de peps. On est clairement dans le « milieu de gamme », si je puis me permettre, de ce que peut produire l'industrie de la BD étasunienne.
Une belle entrée en matière toutefois, qui du reste invite l’un des rares super-héros amérindiens tout éditeur confondu, à partager l’affiche d'un titre estampillé Avengers ; une décision à laquelle je suis assez sensible.
Même si pour le coup, à l’instar des Teen Titans de 1970, Red Wolf ne peut s’appuyer que sur son intelligence, son habileté et ses compétences.
Tout comme Clint Barton d’ailleurs, dont David F. Walker a la très bonne idée de faire un catalyseur plutôt qu’un « homme providentiel », sur qui retomberait tout le mérite en cas de succès.
En un mot comme en cent, des hommes ordinaires faces à des problèmes ordinaires.
Le rôle des editors
.... Cette série est encore pour moi l'occasion de mettre en avant le rôle souvent méconnu qu'ont les editors (en l’occurrence ici Tom Brevoort & Darren Shan) dans les maisons d'édition américaines telle que Marvel.
Je l'ai souvent écrit, mais je me permets de le faire de nouveau, un editor n'est pas comme on pourrait le penser un éditeur à la française. Ce poste est celui d'un superviseur dont les prérogatives sont - plus ou moins - celles d'un rédacteur en chef et d'un directeur de collection.
En France, sur la série Sept, publiée par l'éditeur Delcourt, je pense qu'on peut dire de David Chauvel qu'il est un editor dans l'acception américaine du poste, par exemple.
Bientôt ... Une page dessinée par Gabriel Hernadez Walta & colorisée par Jordie Bellaire |
Il dit clairement pour présenter cette nouvelle série : « Mes editors me l'ont vendue comme devant s'inspirer de L'Agence tout risque (The A-Team) la série des années 1980. Je leur ai suggéré d'y ajouter une autre source d'inspiration Have Gun Will Travel ; ils ont été emballés ».
Newsrama, le site qui poste l'entretient sur son site souligne, en posant une question sur le choix du nouveau titre et ce qu'il implique, qu'il a été choisi avant que Walker soit sur le projet, je cite : « Puisque vous avez dit qu'il avait été choisi avant votre arrivée sur le projet, qu'en pensez-vous ? ».
Donc, comme on peut s'en rendre compte avec ces quelques exemples, un série et la direction qu'elle prend, ne dépend parfois pas beaucoup de celui qui l'écrit.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui
• Verdict : Un début très engageant !
Merci pour tous ces détails sur le contexte éditorial, c'est édifiant.
RépondreSupprimerJ'ai mis David F. Walker dans ma liste de scénaristes à suivre. J'ai beaucoup aimé sa minisérie sur Nighthawk. Je suis un peu déçu par son travail sur Power Man & Iron Fist. Je me laisserai peut-être tenter par sa série Luke Cage.