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Articles

Affichage des articles du août, 2022

Les spectres d'Alger [Vincent Ejarque]

Dans un entretien accordé à B runo D elion pour le journal La Nouvelle République™ V incent E jarque justifie son choix d'avoir écrit un roman sur la guerre d' Algérie en expliquant « qu’il y en a peu », puis compare ce que les Américains font, s'agissant de la guerre du Vietnam .  Outre que la comparaison me paraît mélanger les choux et les carottes : le territoire de l' Algérie que l'on connait aujourd'hui n'existait pas avant que Charles X lance sa « croisade » contre les Barbaresques, l' Algérie a été française pendant 130 ans, et last but not least , contrairement aux Américains, l'armée française a gagné militairement la guerre. Bref, rien qui rapproche de près ou de loin les deux conflits. Mais surtout, demandons-nous (comme l'a fait V iet T hanh N guyen au moment de la publication de son roman Le Sympathisant ) : où sont donc les Vietnamiens, dans tous ces films américains sur la guerre du Vietnam ?  Lesquels long-métrages rejouent

Massacres à New York [Jack Cannon / Claro]

C'est un « tweet » de J ack C arr (l'auteur de Terminal List ), qui souhaitait un bon anniversaire à N elson D e M ille, qui a aiguisé ma curiosité.  Si j'avais - je crois ? - vu une adaptation cinématographique de l'un des romans de D e M ille ( Le déshonneur d'Ann Campbell ), je n'en avais en revanche jamais lus aucun.  Mon choix s'est donc porté sur L'Île des fléaux , roman disponible à la médiathèque, et premier d'une série dont le personnage principal est un certain John Corey .  Mal m'en a pris.              Je crois que c'est la pire traduction qu'il m'a été donnée de lire. Dès les premières pages on trouve un « détective », des « officiers », en lieu et place d'un inspecteur et d'agents. Un peu plus loin mais guère plus, le traducteur confond le canon d'une arme et son barillet, et cerise sur le gâteau (c'est le cas de le dire), construit une maison en pain d'épices ( gingerbread qui pour le coup a ici l

Atlanta Deathwatch [Ralph Dennis]

Dans le courant des années 1970, un sous-(mauvais) genre populaire promettait des romans d'action au format « poche » ( paperbacks ), sous des couvertures aussi aguichantes que ce que s'attendait à y trouver les amateurs, essentiellement masculins, de ce type de lecture.  Prétexte à des scènes plus « chaudes » les unes que les autres, l'action (qui prenait souvent l'apparence d'une violence complaisante) n'y était là que pour empêcher lesdits romans d'être exclusivement vendus dans les sex-shops . Ou peu s'en faut.  Toutefois au sein de cette production standardisée (et nombreuse), certains auteurs arrivaient à sortir du lot en produisant des récits hard-boiled qui n'avaient rien à envier à ceux des maîtres du genre - H ammett, C handler pour ne citer qu'eux, mais dans un registre un peu différent.  R alph D ennis (1931-1988) était de ceux-là.              Jim Hardman est un ex-policier dans la quarantaine, détective privé sans licence, du moins

En vérité « Les versets sataniques » est une œuvre littéraire de plein droit [Sylvain Fort]

Très juste texte de S ylvain F ort à lire dans son intégralité sur La Règle du Jeu™ .   Extraits :  [..] Or, il faut quand même le dire, ce n’est pas du tout de liberté d’expression qu’il s’agit là.[..] En vérité, Les Versets sataniques [..] est une œuvre littéraire de plein droit [..]. Autrement dit, nous plaçons le meilleur de la littérature sous l’ombrelle plus ou moins rassurante d’un article de loi et sous le ressort des tribunaux.[..] au fond depuis trente-trois ans le règne de cette simple liberté de raconter s’est considérablement restreint sous l’effet de mises en cause religieuses, simili-religieuses, idéologiques. Qu’aujourd’hui les bibliothèques d’universités anglaises ou américaines retirent de leurs programmes et de leurs rayonnages des livres supposés heurter la sensibilité de tel ou tel groupe atteste que le règne de la terreur n’a fait que grandir, sans qu’il soit besoin pour cela de convoquer les mollahs. [...]

Salman Rushdie aura payé très cher sa liberté d’écrire, de parler et de créer

            Bonne, très bonne nouvelle même ; l'état de santé de S alman R ushdie s'améliore progressivement après avoir été poignardé à de multiples reprises par un islamiste de 24 ans. Même si les séquelles risques d'être très graves.             Rappel : S alman R ushdie a été condamné à mort par l' ayatollah K homeyni, il y a 33 ans, pour avoir écrit un livre !  Son traducteur français a fait son travail, et l'a signé d'un pseudonyme.  Il a manifestement bien fait.

Le mage du Kremlin [Giuliano da Empoli]

Brique parmi tant d'autres du Mur de Berlin, V ladimir P outine a été propulsé vers le plus haut sommet de la fédération de Russie grâce au souffle qu'a produit l'effondrement dudit mur en novembre 1989.              Jusqu'à présent essayiste politique, G iuliano da E mpoli puise justement la matière de son premier roman dans les recherches qu'il avait faites pour son dernier essai en date intitulé « Les ingénieurs du chaos 2019 ».              En effet, plutôt que d'inclure V ladislas S ourkov, spin doctor bien réelle de V ladimir P outine, dans son essai, l'auteur italo-suisse né à Neuilly-sur-Seine en 1973, puise dans le profil atypique du natif de Solntsevo la matière nécessaire à lui créer un alter ego romanesque : Vadim Baranov .              S'il modifie radicalement l'ascendance de son protagoniste, G iuliano da E mpoli s'attache à coller au plus près de quelques évènements marquants, qui ont réellement ponctué le règne du « Tsar », e