Dans le courant des années 1970, un sous-(mauvais) genre populaire promettait des romans d'action au format « poche » (paperbacks), sous des couvertures aussi aguichantes que ce que s'attendait à y trouver les amateurs, essentiellement masculins, de ce type de lecture.
Prétexte à des scènes plus « chaudes » les unes que les autres, l'action (qui prenait souvent l'apparence d'une violence complaisante) n'y était là que pour empêcher lesdits romans d'être exclusivement vendus dans les sex-shops. Ou peu s'en faut.
Toutefois au sein de cette production standardisée (et nombreuse), certains auteurs arrivaient à sortir du lot en produisant des récits hard-boiled qui n'avaient rien à envier à ceux des maîtres du genre - Hammett, Chandler pour ne citer qu'eux, mais dans un registre un peu différent.
Ralph Dennis (1931-1988) était de ceux-là.
Jim Hardman est un ex-policier dans la quarantaine, détective privé sans licence, du moins dans le premier roman de la série des 12 (publiés du vivant de son auteur entre 1974 et 1977), qui arrondit ses fins de mois en devenant le discret transporteur de fonds pour des entrepreneurs interlopes d'Atlanta.
Il fait équipe avec Hump Evans, ex-footballeur de la NFL©, et tombeur invétéré.
Hardman & Hump sont au demeurant l'une des influences des célèbres Hap & Leonard du romancier Joe R. Lansdale, qui – ce n’est pas un hasard – signe une belle préface pour cette réédition.
Dans ce premier roman de la série, « Atlanta Deathwatch1974 » (réédition en 2018 donc chez Brash Books™), le lecteur fera également la connaissance de la petite amie du héros, à cause de qui il a été éjecté de la police d'Atlanta. Ambiance .... Et d'un de ses amis proches - toujours policier.
Retorse et organique, l'intrigue démarre par une filature qui tourne mal, au point de déboucher sur une embauche par un caïd local.
La particularité de Ralph Dennis est qu’il donne à lire son content d'action, sans pour autant négliger ses personnages, ni l'ambiance. Grâce notamment à des descriptions d'Atlanta que ceux qui l'ont connue à l'époque attestent que Ralph Dennis aussi.
Pas question pour les protagonistes de n'être que des silhouettes dans un contre-jour pyrotechnique de mandales et de coups de feu, dont l'histoire ne serait finalement que la simple accumulation d'ecchymoses et de cadavres.
Si « Atlanta Deathwatch » laisse une si agréable impression, il ne le doit pas seulement à son taux de testostérone, largement au-dessus de ce que tout un chacun est capable d'encaisser, mais aussi à ses protagonistes donc, et à un millésime encore plus appréciable aujourd'hui, presque 50 ans après la première commercialisation du roman chez Popular Library™. Les années 1970 comme si vous y étiez !
Sans surprise, si vous aimez les aventures de l'attachant duo du romancier Texan J.R. Lansdale, vous aimerez « Atlanta Deathwatch ».
Si vous ne connaissez pas Hap & Leonard, rien ne vous empêche cependant de vous plonger dans « Atlanta Deathwatch ».
À condition de lire l'anglais, car à ma connaissance seuls quelques-uns des romans de la série ont été traduit pour la collection Super Noire™, mais pas celui-là.
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