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Articles

Affichage des articles du décembre, 2020

The Kid Detective [Evan Morgan / Adam Brody / Sophie Nélisse]

« The Kid Detective 2020 » d’ E van M organ est un faux film familial, et un vrai film noir . Ce genre où la vie est essentiellement un piège, et la destinée un guet-apens .              Abe Applebaum était un adolescent de 13 ans surdoué, qui avait trouvé sa voie dans le métier de détective. Sorte de Bobby-la-Science (alias Encyclopedia Brown dans sa version originale) de sa petite ville, il est devenu, 20 ans plus tard, un détective dépressif, victime d’un stress post-traumatique, qui s’ignore.  Abonné à la recherche de chats disparus ou d’enquête de moralité, une grosse affaire va finalement lui échoir.              Film très astucieux, au rythme et à l'ambiance qui rappelle presque celui du Privé 1973 d’ A ltman, « The Kid Detective » ne ménage ni son héros, ni les spectateurs.  Ces derniers devront en effet accepter des situations loufoques en regard de péripéties qui motivent l’enquête en question, qui ne le sont pas du tout. Abordées qui plus est à un train de séna

Doom Patrol S01- E01 à 08 [Arnold Drake / Grant Morrison / Jeremy Carver]

De son propre aveu, J eremy C arver, le créateur de la série télévisée adaptée des personnages de DC Comics™, ne connaissait pas la Doom Patrol avant d'être contacté, pour qu'il donne un avis sur son éventuel développement cathodique, par les autres producteurs du show en question : S arah S chechter, G reg B erlanti et G eoff J ones. Il a donc lu tout ce qu'il pouvait sur l'univers de cette équipe atypique née en 1963, dans les pages de My Greatest Adventure . Dont le run 1989-1992 très inspiré du scénariste G rant M orrison.  Une influence indéniable, que ne semble pourtant pas vouloir lui concéder les crédits * du show télévisé.             D'autant que si la reconnaissance en paternité de Danny the Street est un point de litige créatif entre G rant M orrison et B rendan M c C arthy, Crazy Jane vient bien de l'esprit tout aussi torturé de l'Écossais. Idem pour Flex Mentallo , personnage qu'on devrait voir apparaître avant la fin de la première

L'Arbre aux fées [B. Michael Radburn / Isabelle Troin]

Traduit de l'australien par I sabelle T roin,« L'Arbre aux fées » est un pur Rural noir ; genre dont il importe aux antipodes tous les invariants.             Muté à sa demande, dans le parc national de Ben Lomond , au Nord-Est de la Tasmanie , le ranger Taylor Bridges va se retrouver plongé dans un fait divers qui va douloureusement lui rappeler ses propres cauchemars.             Si les passages obligés d'un genre donnent parfois l'impression d'une redite par rapport aux précédents romans lus dans ledit genre, ici donc le Rural noir, B . M ichael R adburn m'a cependant captivé grâce à une belle galerie de personnages. Et au fait que son ranger reste dans son domaine de compétence, et ne s'improvise pas meilleur enquêteur que les policiers en charge de l'affaire.              Il surprend également avec deux parti-pris assez inattendus. L'un donne presque à son roman des allures uchroniques, et l'autre s'émancipe des espaces naturels de l&#

Hide and Horns, une aventure de Deadwood Dick [Joe R. Lansdale]

À la fin des années 1970, J oe R . L ansdale s'intéresse aux cowboys et aux soldats Noirs du Vieil Ouest, et s'aperçoit qu'ils n'ont pas peu contribué à le façonner. Contrairement à ce que peuvent alors dire les manuels officiels, les romans ou le cinéma. La raison en est fort simple, écœurante, mais simple : le racisme. L'information, pourtant connue, qu'un quart au moins des cowboys étaient Noirs, n'était ainsi pas utilisée. Un pourcentage qui n'était, par exemple, jamais visible dans les pourtant très nombreux westerns que le 7 ème Art étasunien diffusera à travers le monde.             Dans un texte où J oe R . L ansdale explique comment il en est venu à écrire son roman Paradise Sky , il cite l'affiche américaine du film de J ohn F ord Sergeant Rutledge (alias Le sergent noir ), où la vedette mise en avant est J effrey H unter. Et non W oody S trode, qui incarne pourtant le rôle-titre. Si le natif de Gladewater , et toujours texan, reconnait a

L'Éveil du Léviathan [James S.A. Corey / Thierry Arson]

Interrogé sur son travail, D ashiell H ammett 1894-1961 disait que le plus dur n'était pas d'écrire mais de retrancher. Son contemporain, E rnest H emingway, avait théorisé la technique dite de l'Iceberg™. Où la plupart des détails psychologiques sont sous-entendus ; c'est-à-dire sous la ligne de flottaison, invisibles à la lecture, mais bien présents à l'esprit du lecteur. Certes tout le monde ne doit pas écrire de la même manière.             Toutefois, D aniel A braham et T y F ranck, les deux auteurs que réuni le pseudonyme James S.A. Corey , auraient été bien inspirés d'élaguer les (trop) nombreuses longueurs du premier roman de leur série. C'est d'autant plus dommage de tirer ainsi à la ligne, que les idées qu'ils assemblent pour leur space opera m'ont beaucoup plus.            Autre point d'achoppement à mes yeux.  Alors que leur roman met en scène toute une théorie de personnages, les auteurs n'en choisissent que deux, au traver

The Gist [Michael Marshall Smith / Benoît Domis / Nicholas Royle]

« The Gist 2013 » est une nouvelle de M ichael M arshall S mith, relevant du Fantastique , publiée dans un dispositif expérimental.             En effet, écrite en anglais, elle a été traduite en français par B enoît D omis, puis retraduite à partir du français en anglais par N icholas R oyle. Sans que ce dernier n'ait accès au texte original. M ichael M arshall S mith voulait ainsi explorer le processus de traduction, et mettre au jour la part créative des traducteurs.             L'aspect expérimental du concept se loge également dans la mise en abyme du texte de la nouvelle, puisqu'il y est question de traduire un livre écrit dans une langue inconnue. Si l'édition commercialisée par Subterranean Press © est particulièrement soignée, le récit en lui-même est aussi un petit bijou ; comme sait en tailler M ichael M arshall S mith.             Avec une économie d'effets inversement proportionnelle au résultat il distille une ambiance de plus en plus étrange et ma

L'Énigme Colgrid [Rich Larson / Benjamin Kuntzer]

Si R ich L arson vient de faire une entrée très remarquée dans le paysage de l'Imaginaire francophone au travers d'un recueil de 28 nouvelles [ Pour en savoir + ]. Plus de 500 pages (traduites par P ierre-Paul D urastanti), dans la collection Quarante-Deux © de l'éditeur de Saint-Mammès (77), ça vous pose un auteur !              Le jeune écrivain a aussi fait quelques incursions plus discrètes ; dont celle qu'a proposé G ardner D ozois dans le recueil Épées et Magie . Traduite par B enjamin K untzer, « L'Énigme Colgrid 2017 », la nouvelle en question, ressortit à la Crapule fantasy ™.                 Elle a pour cadre la ville industrielle éponyme, et pour protagonistes principaux Crane & Gilchrist . Deux aventuriers déjà rencontrés - à ma connaissance - dans The Mermaid Caper 2013 et The Delusive Cartographer 2015 , deux nouvelles qui n'ont pas encore eu l'heur d'être traduites.             « L'Énigme Colgrid » est, on le comprend très ra

Sara [Garth Ennis / Steve Epting / Elizabeth Breitweiser / Thomas Davier]

Pour quiconque s'intéresse à la Seconde Guerre mondial et au régime soviétique, « Sara 2018 », du scénariste G arth E nnis, n'apportera rien de nouveau à ses connaissances. Et c'est sûrement là que réside - en partie - le talent du natif d' Holywood , dans le comté de Down en Irlande du Nord .             Quand bien même est-il respectueux de l'Histoire, il s'assure de notre pleine et entière attention en lui faisant de beaux bâtards fascinants et vigoureux. À partir d'une solide documentation, G arth E nnis nous captive pendant plus de 150 planches en s'intéressant à des femmes dont le destin individuel est plausible, et respectueux de leurs modèles.  Comme à chaque fois chez lui, le récit de guerre, un genre qu'il affectionne particulièrement, et plus précisément la violence, sont des boîtes de Pétri © , et ses histoires, les comptes-rendus des expériences qu'il y mène.  Cependant, loin de la froideur objective qu'on exige du scientifiq

Bodyguard [Richard Madden / Keeley Hawes]

Série télévisée auto-contenue en six épisodes (malgré une rumeur persistante qu'une deuxième saison serait envisagée), « Bodyguard 2018 », de J ed M ercurio, s'intéresse de près au sergent de police David Budd du service de protection rapprochée des personnalités, placé auprès de la Secrétaire d'État à l'intérieur britannique Julia Montague .             Scénario à tiroirs, intrigue multipiste, personnages très écrits, la série bénéficie également d'une riche distribution sur laquelle elle peut s'appuyer pour changer la direction de son récit à n'importe quel moment. Thriller politique, le sergent Budd est en effet un ancien combattant, et la ministre qu'il protège bataille pour le RIPA ; une loi qui régule la surveillance, les enquêtes et les écoutes électroniques. En outre, dès les premières minutes du premier épisode, « Bodyguard » s'engage sur le terrain du terrorisme islamique grâce à un magistral incipit. La série ne s'interdit cepen

Les Harpistes de Titan [Edmond Hamilton / France-Marie Watkins & Pierre-Paul Durastanti]

Nouvelle située aux frontières de ce qu'on appelle généralement l'Âge d'or © de la Science-fiction, « Les Harpistes de Titan 1950 » appartient au cycle dit du Capitaine Futur .               Nonobstant cette filiation Curt Newton , alias donc le Capitaine en question, n'y fait pour le coup que de la figuration. Le Capitaine Futur laisse en effet ici sa place de leader à Simon Wright, dit le « Cerveau », qui ne partagera pas plus le premier rôle avec Grag et Otho , les deux autres membres de l'équipage du Comète , qu'il ne le fait avec le jeune Curtis . Pour autant, si le rôle du héros en titre est effacé, il n'en demeure pas moins qu'on en apprend beaucoup sur lui. D'où la bonne idée de l'éditeur Le Bélial'™ d'avoir proposé ce court texte en guise d'introduction (et gratuitement) à son plus vaste plan * concernant ce fameux cycle de space opera .             Mais lire « Les Harpistes de Titan » c'est paradoxalement acce

La vengeance du comte Skarbek [Yves Sente / Grzegorz Rosinski]

Remake d'un roman-feuilleton devenu depuis un quasi stéréotype « La vengeance du comte Skarbek 2004-2005 », se lit pourtant avec beaucoup de plaisir.             Si les improbables rebondissements n'y sont pas pour rien, les planches de G rzegorz R osinski, en couleurs directes, suffisent pratiquement, à elles seules, à captiver.  D'une certaine manière, G rzegorz R osinski raconte bien plus avec une seule vignette que les gros pavés de texte d' Y ves S ente. Il y a ce qu'on voit bien sûr, mais aussi ce qu'on ressent. L'artiste polonais invoque bien plus que ce que l'image donne à voir. D'autant qu'il est aussi doué question peinture que storytelling . La couleur directe a en effet tendance à figer le récit ; ici rien de tel !   C'est même plutôt l'inverse.              Ainsi A lan M oore, pour prendre quelqu'un qui sait de quoi il parle, citait souvent M ort W eisinger (un influent editor chez DC Comics © dans les années 1960) à