Pour quiconque s'intéresse à la Seconde Guerre mondial et au régime soviétique, « Sara2018 », du scénariste Garth Ennis, n'apportera rien de nouveau à ses connaissances.
Et c'est sûrement là que réside - en partie - le talent du natif d'Holywood, dans le comté de Down en Irlande du Nord.
Quand
bien même est-il respectueux de l'Histoire, il s'assure de notre pleine
et entière attention en lui faisant de beaux bâtards fascinants et vigoureux.
À partir d'une solide documentation, Garth Ennis nous captive pendant plus de 150 planches en s'intéressant à des femmes dont le destin individuel est plausible, et respectueux de leurs modèles.
Comme à chaque fois chez lui, le récit de guerre, un genre qu'il affectionne particulièrement, et plus précisément la violence, sont des boîtes de Pétri©, et ses histoires, les comptes-rendus des expériences qu'il y mène.
Cependant, loin de la froideur objective qu'on exige du scientifique, Garth Ennis manipule aussi bien l'Histoire que les émotions et l'épaisseur psychologique de ses personnages.
Cette coloriste est de celles, comme Laura Martin ou encore Dean White chez les messieurs, dont le talent est capable de me faire acheter son travail, quelque soit les scénaristes et les dessinateurs avec qui elle collabore.
Même si ici la question ne se pose pas, puisque Garth Ennis et le dessinateur Steve Epting sont, dans leur domaine respectif, logés à la même enseigne.
Conduite de main de maître l'histoire de « Sara » fait mouche, grâce à une mise en récit classique à base de flashbacks. Et une science du set-up / pay-off calibrée au millimètre.
Autrement dit, le résultat de ce qui arrive a été préparé au fur et à mesure par des indices qui lui donnent, le moment venu, toute la crédibilité nécessaire aux yeux du lecteur.
Dans la préface qu'il a écrite pour le livre de Mike Conroy La guerre dans la BD, Garth Ennis y déclare : « De bonnes histoires illustrées de bons dessins : voilà la meilleure façon de faire et de vivre la guerre, [...] » ; un point de vue que « Sara » ne contredira pas !
On y apprendra également une chose ou deux sur la nature humaine, rien de superflu par les temps qui courent.
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