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Articles

Affichage des articles du octobre, 2020

Circuits [Rich Larson / Pierre-Paul Durastanti]

Peut-être n'en conviendrez-vous pas, mais le « goût » est un assemblage hétéroclite d' a prior i, de clichés, de préjugés, de lieux communs, ... de pression sociale. Bref, un bric-à-brac qui se traduit par c'est « beau » / c'est « laid ».  Ou, avec un peu plus d'humilité, par « j'aime » / « je n'aime pas ». Ce que M arcel D uchamp a traduit par « c'est le regardeur qui fait le tableau ».             À l'opposé de cette position d'autorité, existe, toujours chez D uchamp, ce qu'il nomme la « révélation esthétique ».   Laquelle, nous dit-il, échappe complétement à intellect et s'apparente à la position d'un homme amoureux, ou d'un croyant. Un effet qu'a eu sur moi la nouvelle « Circuits », de R ich L arson.              Un choc esthétique échappant donc à toute rationalisation, mais que je peux toutefois situer avec précision : « Elle l’effleure et, l’espace d’un instant, ne ressent rien. Aucune donnée entrante ni sortante. U

Les nombreuses vies de Stephen Leeds [Brandon Sanderson / Mélanie Fazi]

B randon S anderson n'est pas le premier écrivain dont le héros s'interroge sur la solidité de la Réalité © . Quand bien même cette question prend-elle place au sein d'une fiction.            Là où ça se complique vraiment, c'est que Stephen Leeds , son personnage principal, vit entouré d'aspects de lui-même, auxquels il a donné une personnalité propre. Et un savoir, qui lui est inaccessible, s'il ne peut communiquer avec l'aspect en question, de la même façon qu'il le ferait avec une personne réelle. Mais qui est, de notre point de vue (et du sien), un personnage imaginaire. Vous suivez ? « Les illusions dangereuses » est donc, si on en croit l'auteur, la dernière aventure de Stephen Leeds .              Elle est rejointe par les deux précédentes novellas du cycle, sans que visiblement l'éditeur ne se soucie des lecteurs qui les ont déjà achetées lors de leur commercialisation antérieure [ Pour en savoir + ], pour former une intégrale.  Un pr

Rentrer par tes propres moyens [Rich Larson / Pierre-Paul Durastanti]

Courte nouvelles ( offerte gratuitement en téléchargement ou en lecture en ligne ) de R ich L arson, « Rentrer par tes propres moyens » est traduite par P ierre- P aul D urastanti, et extraite d'un recueil à paraître bientôt .              Si la magnifique couverture dudit recueil ( infra ), signée P ascal B lanché, ne parvenait pas à vous convaincre de vous y intéresser, la nouvelle en question y pourvoira sans aucun doute. Pour nous appâter, l'éditeur nous promet qu'au travers de sa propre sensibilité R ich L arson « conjugue G reg E gan et K en L iu », une synthèse prometteuse ! « Rentrer par tes propres moyens » est, en tout cas, une très belle découverte.             R ich L arson nous attache à ses personnages, avec une économie de moyens stupéfiante, pour nous amener à un dénouement qui doit, en grande partie, son impact à cet attachement. Une nouvelle coup de poing, dont la violence est encore amplifiée par la réaction de ceux qui restent.     

Le Jour où Kennedy n'est pas mort [R.J. Ellory / Fabrice Pointeau]

Conscient que sur le terrain des révélations, le scoop se fait plutôt rare du côté du clan Kennedy , le romancier R . J . E llory préfère se concentrer sur une tentative de thriller paranoïaque, dans la veine de ceux que n'aurait pas manqué d'enfanter la balle magique de L ee H arvey O swald, si elle avait atteint sa cible.  Une alternative qui n'aurait d'ailleurs pas changé fondamentalement « Le Jour où Kennedy n'est pas mort ».              Si effectivement J ohn F . K ennedy ne meurt pas à Dallas le 22 novembre 1963, l'uchronie de R oger J on E llory ne lui octroi pour le coup, qu'un rôle de figurant. Son entourage est certes un peu mieux traité, mais rien, ou presque, du côté d’un attentat théoriste qu’on était en droit d’attendre d’un tel titre.  L’auteur britannique réserve en effet la part du lion à Mitch Newman ; un journaliste de troisième zone, alcoolique, hanté par la guerre de Corée et sa rupture avec Jean Boyd .  Une jeune femme dont la mère

Pâles mâles [Catherine Dufour]

Assez régulièrement l'éditeur Le Bélial™ offre à lire, gratuitement, des nouvelles qu'il publie soit en recueil soit au sommaire de sa revue trimestrielle Bifrost . Ce coup-ci c'est un court récit écrit par C atherine D ufour qui est à l'honneur, à l'occasion de la sortie de L'Arithmétique terrible de la misère . Au moins avec un titre pareil, on sait où on met les pieds. Et « Pâles mâles », la nouvelle en question ici, est une saisissante projection dans un avenir futur indéterminé et suffisamment éloigné pour qu'on y ait oublié ce qu'été, par exemple, un Rubik's Cube™ ou une « queue-de-pie ». Un futur (visiblement sans avenir) qui ne fera pas mentir le titre de l'ouvrage au sommaire duquel il prend place.  Ce bref récit est en effet de ceux dont la curiosité qu'ils éveillent et le divertissement qu'ils procurent est la source même de l'effroi qu'ils suscitent. Brillant !   « Pâles mâles » est disponible gratuitement jusqu&