Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du avril, 2021

Cherudek [Valerio Evangelisti / Serge Quadruppani / Éric Vial]

  Quatrième tome du cycle que consacre V alerio E vangelisti à Nicolas Eymerich (si on désire comme moi suivre les aventures de l’inquisiteur de manière chronologique), « Cherudek » est clairement une étape décisive en termes de complexité ; doublée d’une belle réussite.              Comme de coutume plusieurs époques ( ?) forment la trame de l’histoire, mais seule l’année 1360 est clairement identifiée comme telle.  Les deux autres points de vue apparaissent successivement, et respectivement, dans les chapitres intitulés « Néghentropie » et « Temps zéro », lesquels seront numérotés (I), (II), etc. , voire sous-titrés pour ce qui concerne les seconds.  Au même titre que l’obscur « Cherudek », la signification de « Néghentropie » et de « Temps zéro » sera révélée au comble d'une intrigue trépidante.  « Si certains célèbrent encore des cultes païens, votre devoir d’inquisiteur n’est pas de vous poser de vaines questions, mais de leur faire avouer les noms de leurs complices et

Marshal Bass t6 : Los Lobos

En regardant les six couvertures des aventures du Marshal Bass , commercialisées par Delcourt™, je me rends compte du savoir-faire à l’œuvre. Toutes, sauf la première (et pour cause), assez générique, posent la question du « comment ? ». Comment River Bass en est-il arrivé là ?             Celle du sixième, et dernier tome en date, dessinée comme les précédentes par I gor K ordey est d'ailleurs très évocatrice. Et pour une bonne raison : elle est la première planche de « Los Lobos ». Et toutes celles qui suivront - jusqu'à ce que l'histoire arrive à l'événement que ce premier plat relate (et reprend) - en seront donc le flashback . Le scénariste D arko M acan et son dessinateur I gor K ordey, (soutenus par la colorisation de N ikola V itković) n'ont pas que ce seul tour dans leur sac.  L'histoire de « Los Lobos » est en effet rythmée par l'accumulation d'indices prémonitoires que le scénario déjoue habillement. Ou ne déjoue pas tout aussi habilement.

Les tambours du dieu noir [ P. Djèli Clark / Mathilde Montier]

Entre avril et juin, la maison d’édition nantaise, L’Atalante™ commercialisera trois textes courts de l’auteur étasunien P . D jèli C lark.  D’abord un recueil de deux récits intitulé Les tambours du dieu noir contenant la novella éponyme, et L’Étrange affaire du djinn du Caire , une nouvelle indépendante du récit précédent. Le tout pour 12,90 euros, ou 9,99 € pour la version numérique. Viendra ensuite, en juin donc, Le mystère du tramway hanté .              Si j'ai lu la nouvelle dans sa langue d'origine il y a déjà quelque temps [ Pour en savoir + ] , j’ai eu le plaisir de découvrir « Les tambours du dieu noir » grâce à la traduction de M athilde M ontier.              D’ordinaire ne pas remarquer la traduction atteste de sa qualité dit-on.  Force est constater que celle-ci est, pour le coup, remarquable. Une exception qui en quelque sorte confirme donc la règle.  Plus précisément du moins, n’ayant pas lu le texte dans sa version originale, je ne peux guère donner mon avis

Japantown [Barry Lancet / Olivier Debernard]

Vivre et travailler pendant plus de 25 ans au Japon a apporté à B arry L ancet, né en Californie , une profonde connaissance des us et coutumes du pays. Un vécu qu'il lègue à son personnage principal, sensé y avoir passé les 17 premières années de sa vie, avant de rentrer aux États-Unis .  Une expérience qui donne à ce thriller un volet culturel tout aussi captivant que le suspense de son intrigue.             Loin des stéréotypes, B arry L ancet évite ainsi, contre toute attente, de mentionner le terme « ninja », une quasi prouesse vu l'histoire que raconte son roman. Son approche lui permet en outre de doter son héros d'un point de vue sur les institutions japonaises, dont la subjectivité est assez rafraîchissante.  Enfin, grâce à une idée très simple, mais encore jamais lue, il donne à son roman un point de départ qui lui permet de se déployer avec élégance. Néanmoins, « Japantown 2014 » est un thriller qui ne coupe pas tous les ponts, loin s'en faut, avec les rè

Shadow in the Cloud [Chloë Grace Moretz / Roseanne Liang / Max Landis]

Ma première confrontation avec cet aspect du folklore aéronautique a eu lieu vers 2006, au moment de la sortie de l'édition Dark Horse™ d'une travail conjoint de R oald D ahl et des studios Walt Disney™. Les « gremlins » du titre y étaient décrits comme des lutins facétieux ayant une prédilection pour la mécanique. Dans « Shadow in The Cloud » l'espièglerie est laissée de côté au profit d'une inquiétante-étrangeté © que le thème musical (aux réminiscences carpenterienne) et la mise en scène se chargent d'imposer. Du reste si les gremlins, que la R.A.F. s'est chargée de populariser, vous sont totalement étrangers ; un court documentaire en forme de dessin animé informatif de l'époque se chargera de votre édification avant que le film proprement dit ne commence. À propos d'époque, nous somme dès à présent en 1943, quelque part sur une base aérienne d' Auckland en N ouvelle- Z élande.              Tout dans ce slasher movie , et ce dès le début, pou

Andy Warhol’s Dracula [Kim Newman / Mélanie Fazi]

Au croisement de l'univers Wold Newton™ de P . J . F armer et de l'uchronie existe un Terre parallèle que d'aucuns connaissent sous le nom générique d' Anno Dracula .             Rythmée par des romans et des nouvelles, sa chronique est l’œuvre de K im N ewman. Ici aidé par M élanie F azi pour la traduction française.  Or donc, ce monde parallèle envisage un point Renouvier ® (ou point de divergence) comme n'importe quelle uchronie digne de ce nom, sauf qu'ici il se situe dans un roman ; certainement le plus célèbre  de B ram S toker : Dracula ! Là où chez le dublinois le comte Dracula échoue, il devient chez le londonien « l e père et le guide de la nouvelle race ». Et Anno Dracula retrace, à partir de cette victoire, la chronique chronologique d'un monde qui ressemble presque au nôtre.             « Andy Warhol’s Dracula » commence au Chelsea Hotel avec la mort de Nancy Spungen , et mord ensuite férocement dans le monde interlope de l'avant-gard

Adler [Lavie Tidhar / Paul McCaffrey / Simon Bowland]

Tout commence en 1912 avec C arolyn W ells, une femme déjà. La première elle a l'idée de réunir dans une même histoire des personnages inventés par des romanciers différents : Sherlock Holmes , le docteur Watson , Arsène Lupin , Craig Kennedy , monsieur Lecoq , Rouletabille , Raffles , Dupin , et quelques autres pour deux aventures publiées dans Century Magazine .  On dit que le scénariste G ardner F ox, une trentaine d'années plus tard saura s'en souvenir au moment de créer la Justice Society of America , où il ne sera plus alors question de détectives mais de super-héros. P hilip J osé F armer reprend l'idée à son compte au début des années 1970, en imaginant une origine commune à quelques héros populaires, sise à Wold Newton dans le Yorkshire , suite aux radiations d'une météorite tombée là en 1795. Quinze ans après Farmer un dessin animé réunira des personnages de comics strips dans une équipe nommée les Défenseurs de la Terre . Mais c'est vraisemblablemen

Santa Muerte [Gabino Iglesias / Pierre Szczeciner]

G abino I glesias est un nouveau venu dans la littérature de genre à qui on ne la raconte pas. Surnommé par J erry S tahl le «Palahniuk du barrio », l'adepte de la fonte venu de Puerto Rico revendique dans ses romans une violence omniprésente, une intrigue fortement colorée de multiculturalisme et la tchache qui va avec. Et dernière condition non négociable ; le récit doit intégrer une dimension mystique, quitte à méchamment flirter avec le fantastique. Et pour ne pas faire les choses à moitié, G abino I glesias s'inscrit dans sa propre veine créative qu'il appelle - forcément - le « barrio noir» ! « Santa Muerte », son premier roman traduit (chez Sonatine™) permettra à quiconque le souhaite de se faire son propre jugement sur ledit genre.              Fernando est un immigré illégal mexicain qui survit à Austin au Texas , en vendant de la drogue. Dès le début du court roman d' I glesias il est kidnappé. Relâché il va devoir délivrer un message à son employeur. À p

La Famille Winter [Clifford Jackman / Dominique Fortier]

Itinéraire sanglant d’ex-soldats de l’Union, de civils, et d’un esclave ; un groupe disparate auquel se joindra, au fil du temps, d’autres individus de la même trempe, et qui sera connu sous le surnom de « famille Winter », de 1864 à 1900, le fix-up de C lifford J ackman est une réussite totale.  Le résultat qu’aurait pu produire la rencontre entre La horde sauvage et Gangs of New-York .              Rédigé à partir d’une nouvelle ( Oklahoma 1891 ) à laquelle le jeune auteur canadien ajoutera d’autres courts récits, liés par de brefs résumés, pour finalement prendre la forme d’un roman (la définition même du « fix-up ») intitulé donc « La Famille Winter ».  Une somme à laquelle il est intéressant d’ajouter une autre nouvelle California 1901 , disponible séparément * , pour former un tout cohérent.              Des États-Désunis aux champs pétrolifères californiens, en passant par les « guerres indiennes », C lifford J ackman convoque aussi bien les groupes de vigilantes au service

Place aux immortels [Patrice Quélard]

Récompensé par le prix de la Gendarmerie Nationale © 2021, « Place aux immortels » a été écrit au début du confinement de l'année dernière.              À partir d'un ancien synopsis, P atrice Q uélard qui n'en est pas à son coup d'essai question littérature, quand bien même aura-t-il  attendu de remporter ce prix pour être publié par une maison d'édition ayant pignon sur rue, rédige en 45 jours un magnifique page-turner .  Si j'ai un goût particulier pour les enquêtes policières qui se déroulent dans des juridictions d'exception, ici sur le front entre avril et octobre 1915, « Place aux immortels » est bien plus qu'un excellent whodunit . Au même titre de Capitaine Conan , de R oger V ercel est bien plus qu'un énième récit de guerre.  P atrice Q uélard, comme V ercel ne nous décrivent par une tranche d'histoire il nous y font participer. Le talent que le prix Goncourt © 1934 met à nous immerger dans un aspect de l'Histoire assez méconnu,

A Fake Story [Laurent Galandon / Jean-Denis Pendanx]

La guerre des mondes , le célèbres roman d' H erbert G eorge W ells est à la fois un récit inaugural de la Sf moderne, et un exhausteur d'imagination à nul autre pareil. Il a par exemple engendré, rapidement, une « suite » non-officielle (signée G arrett P . S erviss), mais il a aussi fait l'objet d'un épisode radiophonique mis en scène par O rson W elles, devenu fameux grâce à une légende urbaine, qui elle non plus n'est pas près de s'éteindre. « A Fake Story », en anglais dans le texte, une bande dessinée écrite par L aurent G alandon et dessinée par J ean- D enis P endanx, prend le prétexte de ladite panique pour s'intéresser à un fait divers capable de révoquer la licence de la station de radio CBS™. Son vice-président dépêche donc à Grovers Mill , dans l'État du New Jersey , un ex-journaliste est aspirant romancier, Douglas Burroughs , pour faire la lumière sur ce qui s'y est passé dans la nuit du 30 octobre 1938. Orson Welles & The Mercury

Fantasy chez les ploucs

Dans un coin retiré de la Louisiane d'aujourd'hui vit « Le dernier dragon sur Terre ». Wyvern , dit « Vern » est un dragon qui aime les chaînes câblées, les chips , et la vodka Absolut™, ah ! et aussi Flashdance . Obnubilé par sa survie en plus de ses vices, Vern fait, depuis de très nombreuses années, profil bas. Ce qui nécessite l'entremise d'un tiers humain pour l'approvisionner.  Manque de chance, un concours de circonstances lui octroie le premier prix après qu'il eût sauver, malgré lui la vie d'une jeune adolescent « Squib », et que son partenaire en affaire lui annonce qu'il doit rapidement entrer en hibernation (?!). Qui dit sauvetage, dit souvent qu'on contrarie quelqu'un en en sauvant un autre. Pour le coup c'est le constable Regence Hooke , qui n'avait vraiment pas besoin de ça. En effet, ce fonctionnaire (à mi-temps) aux fonctions ( sic ) obscures est très occupé à conquérir et la mère de Squib , et le territoire d'un m