Entre avril et juin, la maison d’édition nantaise, L’Atalante™ commercialisera trois textes courts de l’auteur étasunien P. Djèli Clark.
D’abord un recueil de deux récits intitulé Les tambours du dieu noir contenant la novella éponyme, et L’Étrange affaire du djinn du Caire, une nouvelle indépendante du récit précédent. Le tout pour 12,90 euros, ou 9,99 € pour la version numérique.
Viendra ensuite, en juin donc, Le mystère du tramway hanté.
Si j'ai lu la nouvelle dans sa langue d'origine il y a déjà quelque temps [Pour en savoir +], j’ai eu le plaisir de découvrir « Les tambours du dieu noir » grâce à la traduction de Mathilde Montier.
D’ordinaire ne pas remarquer la traduction atteste de sa qualité dit-on.
Force est constater que celle-ci est, pour le coup, remarquable. Une exception qui en quelque sorte confirme donc la règle.
Plus précisément du moins, n’ayant pas lu le texte dans sa version originale, je ne peux guère donner mon avis sur la traduction proprement dite, mais le texte qui nous est donné à lire après le travail de Mathilde Montier est un très beau coup de maître.
Jugez vous-mêmes :
« Ayiti é les Zil lib essayé trapé ça dépui des lannées ! De persuadé lèspion rappoté contreband pou étidié gaz é, pétèt, trouvé coument l’affaibli. Épi vous zaut-là, vous caché ça dans la couisine d’un couvent ? »
Seule la fascination rivalise avec l’incrédulité dans sa voix. »
Un plus certain dès lors qu’il est question de conquérir un nouveau lectorat avec un auteur inconnu, que d'avoir une traductrice qui ne regarde pas à dépenser son talent.
Le récit de P. Djèli Clark est quant à lui une Uchronie qui se déroule essentiellement à la Nouvelle-Orléans en l'an de grâce 1884, et dont le point Renouvier© se situe en trois ans plus tôt, lorsque Napoléon Bonaparte missionne une expédition pour reprendre le contrôle de l’île d’Haïti.
Une reprise en main qui ne se déroulera pas comme dans notre réalité historique, grâce justement aux « tambours du dieu noir » ; un objet de convoitise, au centre de l’intrigue de ladite novella. Laquelle dispose d’un portefeuille thématique qui inclut un peu de quincaillerie Steampunk, de la Fantasy et, s’agissant d’Haïti, l’ombre portée de zombies qui ne diront pas leur nom.
Le tout est mené de main de maître par deux personnages hauts en couleur :
• Jacqueline dit La Vrille, une jeune orpheline de 13 ans.
et
• Anne-Marie St. Augustine, inspirée de Sanité Belair, officier de l’armée haïtienne, alors sous le commandement de Toussaint Louverture.
Et d'une poignée de personnages (très) secondaires dont on devine qu'ils n'auraient rien à envier à nos deux héroïnes, si l'auteur leur laissait la possibilité de le monter.
Si l’histoire met un peu de temps se mettre en place, la partie dédiée à l’action très rushée, laisse penser que P. Djèli Clark était plus intéressé par l'idée de bâtir une belle Uchronie que de livrer un énième actionner musclé.
Reste donc un texte intéressant, qui aurait peut-être nécessité une entrée en matière plus maousse costaud, et un nombre de pages plus important pour donner l’ampleur suffisante à circonscrire la menace qu’évoquent les « tambours du dieu noir ».
Visiblement P. Djèli Clark ne manque pas d’imagination. Il ne lui reste plus qu’à trouver le souffle que nécessitent ses belles idées.
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