Quatrième tome du cycle que consacre Valerio Evangelisti à Nicolas Eymerich (si on désire comme moi suivre les aventures de l’inquisiteur de manière chronologique), « Cherudek » est clairement une étape décisive en termes de complexité ; doublée d’une belle réussite.
Comme de coutume plusieurs époques ( ?) forment la trame de l’histoire, mais seule l’année 1360 est clairement identifiée comme telle.
Les deux autres points de vue apparaissent successivement, et respectivement, dans les chapitres intitulés « Néghentropie » et « Temps zéro », lesquels seront numérotés (I), (II), etc., voire sous-titrés pour ce qui concerne les seconds.
Au même titre que l’obscur « Cherudek », la signification de « Néghentropie » et de « Temps zéro » sera révélée au comble d'une intrigue trépidante.
« Si certains célèbrent encore des cultes païens, votre devoir d’inquisiteur n’est pas de vous poser de vaines questions, mais de leur faire avouer les noms de leurs complices et de les traîner sur le bûcher. »
Toutefois, les chapitres « Temps zéro » mentionnent deux indices (le RACHE, et le père Corona), dont la présence entre en contradiction apparente avec ce que j’avais jusque-là inféré des strates chronologiques des romans et nouvelles précédents « Cherudek ».
Ceci étant, le présent roman est celui qui évoque le plus ouvertement son appartenance à un courant littéraire qu’on appelle d’ordinaire, le Réalisme magique.
C’est-à-dire un type de récits où un environnement très détaillé (chronologiquement, historiquement, etc.) et réaliste, est cependant envahi de perspectives ambiguës, d’étranges juxtapositions. Lesquelles suggèrent une réalité fantasmée, mais décrite sur un ton réaliste.
Il ne s’agit donc pas d’un autre monde (les « mondes secondaires » de la Fantasy), mais de la révélation « magique » du nôtre.
Du reste, le Réalisme magique - politiquement militant - œuvre contre les forces sociales dominantes à la manière d’une allégorie qui (dans le meilleur des cas) s’actualise « en temps réel ». Autrement dit, l’allégorie en question n’est pas une clef (représentation) qui convient à une serrure unique (évènement), mais un passe-partout méta-historique dont la pertinence n’a pas de date de péremption.
Le Réalisme magique est hybride, baroque (entendu ici comme produisant une absence de vide), et maximisant la sensibilité du lecteur au mystère.
Un programme tout ce qu'il y a de réjouissant, et que « Cherudek » honore, point par point.
Arrivé ici au premier tiers du cycle, l’intérêt que je lui porte va croissant. Si chaque roman garde sa souveraineté propre, une cartographie plus vaste alimente dès à présent une cogitation très stimulante. Et une impatience grandissante entre chaque tome.
Il semblerait que l'éditions précédente souffrait d'une manque de relecture ; rien de tel a priori dans cette édition de La Volte™.
Si vous ne connaissez pas encore cette série, n'hésitez pas à tenter l'aventure ; ce serait bien le diable si vous n'étiez pas satisfait !
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