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Articles

Affichage des articles du 2019

Stalingrad [Emmanuel Delporte] L'Ivre-Book

Cinq parties comme autant de points de vue sur une surnature sous influence. Celle de l'essai aussi inclassable qu'influant, écrit par J acques B ergier & L ouis P auwels, au titre explicite mais pourtant mystérieux : Le matin des magiciens . Mais que se rassurent ceux qui ne l'auraient pas lu, l'omniprésente « pop culture » a pris le relais, et autant les lecteurs que les spectateurs de Hellboy seront en terrain connu.             Stalingrad d' E mmanuel D elporte, roman dont la couverture ne laisse aucune ambigüité sur son contenu se déroule en 1942, durant l'opération Barbarossa. L'auteur, dont c'est le premier roman publié, raconte donc des faits, absents des livres d'Histoire, par le biais de cinq points de vue différents. Cette technique, fort bien maîtrisée, dote son roman d'une énergie communicative. Le tableau d'honneur de la meilleure perspective revient, à mon avis, à la quatrième partie, rédigée sous la forme d'un

Les chiens de Belfast [Sam Millar / Patrick Raynal]

« Une erreur d'interprétation, et tu bascules dans la rivière de merde, les rames solidement enfoncées dans le cul   »             Les chiens de Belfast est le premier tome d'une série de quatre romans écrite par S am M illar, à la demande de son éditeur qui voulait un héros récurrent. Karl Kane , puisque c'est de lui qu'il s'agit, est un détective privé dur à cuire, jamais en panne d'une bonne blague. S am M illar, que j'ai découvert par hasard, mais qui semble jouir d'une assez bonne presse hexagonale, livre ici pourtant un récit policier bien peu rigoureux. Ainsi, son détective privé entretient-il bien moins des six célèbres degrés de séparation avec n'importe quel personnage important de l'intrigue.  Ce qui est plutôt bienvenu puisque tous ces électrons, dont certains ne resteront pas libres longtemps, gravitent autour de l'enquêteur. Ajoutez quelques réactions assez incompréhensibles de personnages clés (le duo de tueurs, le be

Opération Sweet Tooth [Ian McEwan / France Camus-Pichon]

« Tout roman est un roman d'espionnage, tout écrivain est un espion. »  I an M c E wan             Apprendre la prochaine parution d'un album de bande dessinée consacré aux liens entre la politique américaine et J ackson P ollock * , m'a ramené dans le giron d'un de mes centres d’intérêt : « la guerre froide culturelle ». Initié, par hasard, à ce versant de l'Histoire grâce au roman de J oseph G eary - intitulé Miroir - je m'y suis totalement plongé via l'essai de F rances S tonor S aunders, le bien nommé : Qui mène la danse (la CIA et la guerre froide culturelle) . Toutefois, si la chute du Mur de Berlin™ a mis fin à la guerre froide, la CIA n'en a pas fini avec la  « la guerre culturelle ». Comme le met brillamment en lumière The Report , le récent film de S cott Z . B urns [ Pour en savoir + ].             Or donc, Opération Sweet Tooth se déroule pour sa part en Angleterre au début des années 1970. On y découvre une partie de

The Report [Scott Z. Burns / Adam Driver / Annette Bening]

« Il faut se reporter au sentiment qui prévalait en Amérique au lendemain du 11 septembre. La peur et la paranoïa étaient immenses, et je ne puis que conjecturer sur l'anxiété qui devait régner au sein de la CIA du fait de n'avoir pas pu prévenir ces attentats. » S cott Z . B urns              The Report , du réalisateur & scénariste S cott Z . B urns, est un film d'autant plus intéressant qu'il relate une enquête tout ce qu'il y a de plus ennuyeuse d'une manière très attrayante.  En effet, pendant 7 ans à partir de 2009, à la demande de la sénatrice D ianne F einstein, D aniel J . J ones va, avec une équipe restreinte ( sic ) , consulter d'innombrables documents afin de faire la lumière sur les différentes formes de torture  utilisées par la CIA sur des prisonniers, entre 2001 et 2006, durant ce qui a été convenu d'appeler la « guerre contre le terrorisme ». Et sur leurs résultats. Et contre toute attente, ce film de 2 heures captive de

Le Jardin [Pyun Hye-young/Lim Yeong-hee/Lucie Modde]

«  Une version coréenne du Misery de Stephen King.  », certes ! Mais là où le romancier du Maine explorait ses propres peurs, P yun H ye-young nous offre celles d'un quidam qui pourrait être le lecteur lui-même. C'est d'ailleurs là que se niche le talent de l'autrice sud-coréenne ; nous captiver avec un sujet déjà pourtant brillamment traité, et dont l'universalité ne devrait plus guère nous terrifier.  Et pourtant, .......             Récompensé en 2017 par le Shirley Jackson Award © , dans la catégorie « roman » ; lequel honore des auteurs qui accomplissent des réalisations exceptionnelles dans le domaine du suspense et de l'horreur psychologique, Le Jardin fait honneur à son prix.      

Mélanges de sangs [Roger Smith / Mireille Vignol]

« Il faut choper le lecteur par les couilles dès le premier chapitre », estime J ames E llroy ; R oger S mith n'agit pas autrement dans ses propres romans noirs .               Mélanges de sangs , son premier, est à la littérature ce que la guerre était pour C arl von C lausewitz ; la continuation de la politique par d'autres moyens.   R oger S mith ne dit d'ailleurs pas autre chose lorsque dans un entretien il estime que « le roman policier ne peut se contenter d'être un divertissement » dans un pays - l' Afrique du Sud - où la criminalité faisait en 2011 de Le Cap , la ville la plus dangereuse du monde. En tout cas ce dernier dresse un terrifiant portrait des Cap flats , l'immense ghetto à l'est de la Mother City , un endroit que l'auteur connait bien puisque en plus d'y être allé, son épouse en est originaire.  Mélange subtil et terrifiant de faits divers, d'individus réels, de politique et d'imagination ; Mélanges de sangs est

Mascarade [Ray Celestin / Jean Szlamowicz]

Deuxième opus de sa tétralogie consacrée au jazz et à la Mafia, Mascarade de R ay C elestin reprend une nouvelle fois l'idée d'une écriture sous contrainte.  Assurément, si dans le premier tome le romancier britannique s'inspirait d'une nouvelle de l'auteur japonais R yūnosuke A kutagawa [ Pour en savoir + ], il reproduit cette fois-ci la structure de l’enregistrement de «  West End Blues  », un  morceau de L ouis A rmstrong.  Un Louis Armstrong qu'on retrouve d'ailleurs comme protagoniste dudit roman, dont l'action se déroule en 1928, à Chicago ; en compagnie des détectives Michael Talbot et Ida Davies , également fidèles au poste. En l’occurrence celui de l'agence Pinkerton .  « J’avais l’intention de faire en sorte que mon livre suive fidèlement l’arrangement de ce morceau et que chaque personnage constitue un élément de l’instrumentation »             Si je suis particulièrement amateur du jazz des « Roaring Twenties »,  je doi

Scott & Bailey [Lesley Sharp / Suranne Jones]

« Où sont les femmes ? » se demandait P atrick J uvet en 1977 ; un peu plus de quarante ans plus tard je peux répondre qu'elles sont employées au service des Incidents majeurs de la police de Manchester .             En effet, non seulement tous les rôles de premier plan de la série sont trustés par des actrices, mais l'idée originale, les scénarios et la mise en scène sont aussi une affaire de femmes. Sorte de Cagney & Lacey british d'obédience  matriarcale donc, Scott & Bailey s'en sortent plutôt bien dans leur rôle respectif.   C'est la présence de L esley S harp qui m'a attiré vers cette série télévisée. J'avais en effet fort apprécié sa présence dans une autre série britannique intitulée After Life , où elle interprétait avec beaucoup de conviction une médium.  Le duo qu'elle forme ici avec S urannes J ones marche tout aussi bien que celui qu'elle formait alors avec A ndrew L incoln.           Série policière volontairemen

Un homme à terre [Roger Smith / Estelle Roudet]

« J'ai un doigt sur le pouls de cette salope de ville et un autre bien profond dans son cul pourri. » Âmes sensibles s'abstenir ! Un homme à terre , le roman du sudafricain R oger S mith,  bien que disposant de tous les ingrédients d'un polar ressortit définitivement à celui du roman noir. En tant que ce dernier nous présente le monde comme un « TRAQUENARD », une prise de conscience certes désagréable, mais bien moins que celle que vont endurer certains personnages de Un homme à terre . Ce roman, particulièrement brutal, est aussi surtout un beau tour de force littéraire. En effet, sans jamais mettre à distance la violence, ni rendre sympathique ses personnages, R oger S mith captive de bout en bout. Un homme à terre , s'il démarre, et se déroule en grande partie près de Tucson en Arizona , est surtout une vue en coupe de l' Afrique du Sud . Une « boîte de Petri » auquel l'auteur apporte un style volontairement cinématographique, l'enchaînement de