Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du août, 2021

La Flotte fantôme [Peter W. Singer & August Cole / David Fauquemberg]

La littérature n’a jamais été chiche en matière de catégories : mouvements, courants, (mauvais) genres, sous-genres, etc .             Avec « La Flotte fantôme » le duo d’auteurs, P eter W . S inger & A ugust C ole, inaugurent une nouvelle catégorie d'après leurs propres termes : la « FICINT ». Autrement dit la « Fiction Intelligence », comme on parle de « HUMINT » le renseignement de source humaine, ou de SIGINT le renseignement d’origine électromagnétique, à l'instar du système bien connu mais controversé Echelon ® .  La FICINT c’est de la fiction qui se base sur des recherches pointues dans les domaines les plus divers, mises au service d’un récit qui anticipe les conflits de demain, restreint toutefois à un « cône de vraisemblance ».  Le projet de S inger & C ole, c’est ce que tente de faire la RED TEAM™ du ministère des Armées en France , par exemple. Sauf que « La Flotte fantôme » propose une échéance moins éloignée dans l'avenir, que la RED TEAM™ français

Duo mortel [Ross Thomas / Damian Harris / Ellen Barkin / Laurence Fishburne]

Scénarisé par nul autre que R oss T homas, un écrivain américain qu'appréciait particulièrement J ean- P atrick M anchette, et pour qui le monde du renseignement n'était pas étranger, « Duo mortel 1995 » est un film élégant réalisé par D amian H arris.             D'un scénario assez simple T homas & H arris tirent une histoire où se disputent le vice, l'ambition et la brutalité. Mais aussi un film qui ne permet pas au spectateur de rester retranché derrière son écran.  Brutal donc, mais aussi sexuellement explicite, « Duo mortel » s'autorise d'ailleurs une scène à la Basic Instinct , suivi d'un coït dont il est permis de se demander s'il est vraiment simulé. En tout cas, tout est fait pour qu'on se pose la question. En outre, le duo du titre, composé d' E llen B arkin et de L aurence F ishburne, a tout pour choquer la bien-pensance. Tout comme celui formé par Todd Stapp ( M ichael B each) et Nelson Crowe ( L aurence F ishburne) d'ail

Hit & Run / פגע וברח

Segev vit dans un moshav aux environs de Tel-Aviv . Guide touristique il élève sa fille Ella en compagnie de sa nouvelle épouse Danielle , danseuse à la Batsheva Dance Company™. Cette dernière doit justement se rendre à New York pour une audition. Sur le chemin de l'aéroport, alors qu'elle rejoint son taxi à pied, elle est renversée par un véhicule qui prend la fuite.             Série télévisée américano-israélienne en neuf épisodes, co-créée notamment par L ior R az qui en assure aussi le rôle principal, « Hit & Run » est un sanglier sauvage déguisé en thriller .  Plus tordu qu'un politicien en campagne, le scénario enfile les fausses pistes et les surprises à un rythme bien trop rapide pour la bonne santé de ses personnages. L'une des forces du feuilleton, hormis l'excellente interprétation à laquelle se livre toute la distribution, est de nous faire douter des évidences. Quand bien même serait-on un téléspectateur rompu aux arcanes du genre.  Partagé entr

Qaraqosh [Maurice Gouiran]

Les auteurs de romans à suspense peuvent se diviser en deux catégories : - ceux des (nombreuses) coïncidences (très) heureuses - et ceux qui s'efforcent de ne les utiliser qu'avec parcimonie. M aurice G ouiran, à la lecture de « Qaraqosh » tout au moins, appartient sans conteste à la première catégorie.             Voyez plutôt : Clovis Narigou accueille, dans l'arrière-pays marseillais, alors qu'il s'apprête à partir pour Prague , un jeune homme de retour d' Irak en butte à des représailles pour son engagement au Proche-Orient. Pendant ce temps, Emma , son amante, flic à l’Évêché, enquête sur la découverte de deux cadavres. Une petite galerie de personnages qui se révéleront très rapidement avoir bien moins de six degrés de séparation. Et pourtant, M aurice G ouiran m'a fait lire son roman page après page avec un évident plaisir, malgré les coïncidences trop heureuses dont je parlais précédemment.             « Qaraqosh » s'avérera au final être

La Paille dans l'Œil de Dieu [Niven & Pournelle / Cowen, Durastanti & Girard]

J'ai lu The Mote in God's Eye 1974 dans le version qu'a éditée Le Bélial'™, publiée sous le titre de « La Paille dans l’œil de Dieu » en 2007.  Un roman dit de 1 er contact (extraterrestre), dont la réputation, ce récit a paru en 1981 en Super + fiction © aux éditions Albin Michel™, en faisait à ma connaissance, un space opera « militariste ».  Un adjectif que je ne contesterai pas si on entend par-là que l'armée y joue un rôle prépondérant. Mais qui ne convient guère si on veut souligner que ce roman est une histoire de guerre des étoiles aux nombreuses batailles. L'affrontement qui se déroule dans les 600 pages de sa traduction révisée est plutôt celui - très plausible - de la conduite à tenir face à une civilisation qui nous serait totalement étrangère. Et supérieure.             Découpé en quatre parties et un épilogue, « La Paille dans l’œil de Dieu » paraît étonnamment contemporain à la lecture. Peut-être que le travail de révision de la précédente t

Mange tes morts [Jack Heath / Charles Bonnot]

On peut dire que la vogue des « consultants » est consubstantiel au roman policier, et à ses dérivés. Que l'on pense au chevalier Dupin , ou à l'avocat Everett Raymond , pour n'en citer que quelques-uns. Timothy Blake est désormais, grâce à J ack H eath, l'un d'entre eux. Et certainement pas l'un des moins originaux.              Le titre français du roman et sa couverture donnent un aperçu de ce qui nous attend, et que l'original dissimulait mieux. Ainsi  le titre anglais Hangman , ou « Le Pendu », est-il, apprendrons-nous, une référence au jeu de devinettes homonyme bien connu, car Timothy Blake utilise par goût, et nécessité, une combine à base de résolution d'énigme pour gagner sa vie. Et « Le Pendu » est son pseudonyme sur l'Internet™. En effet si Timothy Blake est consultant pour l'antenne du F.B.I. de Houston (Tx), il vivote chichement d'arnaques, et partage une location avec un dealer . Rien de très reluisant chez cet individu, pa

Le contorsionniste [Craig Clevenger / Théophile Sersiron / Yann Legendre]

«  Je m’appelle John [....] Je suis dans l’annuaire.  »              Roman d'évasion, celle d'abord de John Dolan Vincent Daniel John Fletcher retrouvé dans la chambre miteuse d'un motel de troisième zone ; peut-être victime d'une « intoxication médicamenteuse volontaire ».  Hospitalisé, Fletcher devra se soumettre à un entretien psychiatrique, durant lequel il devra prouver qu'il n'est pas dangereux pour lui-même. Lequel entretien nous révélera par la même occasion ses secrets, que la couverture du roman, par Y ann L egendre, laisse déjà entrevoir. Secrets qu'il devra cacher au psychiatre.             Roman d'autant plus captivant qu'il ne se contente de l'être, mais offre en sus un retournement de situation qui parachève d'en faire une lecture inoubliable. Alors même que tout au long du récit C raig C levenger a semé tous les indices qui nous mènent à ce twist , mais que l'on ne découvre que rétrospectivement. Du très grand art ! Pub

Années-lumière, années de guerre [David Gerrold / Jean-Pierre Pugi]

  Space opera atypique, « Années-lumières, années de guerre 1982 » se concentre uniquement sur l'équipage d'un destroyer interstellaire lancé à la poursuite d'un vaisseau ennemi.               D avid G errold, qui soit dit en passant remaniera ce roman quelques années plus tard pour l'intégrer à un cycle intitulé Star Wolf , réussit avec ce récit un huis clos captivant. Sans effet superflu, usant d'un technoblabla convaincant, l'auteur raconte une histoire dont la mise en scène pourrait presque tenir sur les planches d'un théâtre. La tension ne cesse de monter quand bien même l'adversaire reste hors de portée. Jusqu'à la chute, ingénieuse et roublarde. Un très chouette roman, sympathique et original. À découvrir ! L'édition française bénéficie en outre du talent de J ean- C laude M ézière [ source ] :

Le sourire de Jackrabbit [Joe R. Lansdale / Frédéric Brument]

« Un roman est un moyen facile d’écrire une nouvelle. »  W . S omerset M augham On ne change pas une formule qui gagne.             Hap Collins et Leonard Pine sont de retour en France pour une nouvelle aventure traduite par F rédéric B rument. S'ils travaillent désormais du côté de la Loi, la respectabilité que leur donne leur métier de détective privé n'a pas vraiment changé leur manière de faire. Si vous êtes des habitués du duo, le plaisir de les revoir ne sera pas émoussé par la routine tant J oe R . L ansdale a une manière bien à lui de renouveler une formule qui utilise pourtant depuis plus de trente ans, et une quinzaine de récits au compteur. Si vous ne connaissez pas (encore) Hap & Leonard , je vous conseille d'y venir en lisant les romans dans l'ordre chronologique : Les mécanos de Vénus , L'Arbre à bouteilles , etc. La série télévisée qui en trois saisons adapte les trois premiers romans est pas mal.  Hormis un écueil de taille (à mes yeux) : les

The Suicide Squad [ James Gunn & Co. ]

D’après le réalisateur J ames G unn, J ohn O strander, le scénariste de bandes dessinées qui a recréé la Suicide Squad ® en 1987 - et à qui le réalisateur a offert un caméo, est ravi par le film.  Autrement dit, malgré une direction aux antipodes de celle qu’il avait adoptée lors de son run (1987-1992), J ohn O strander accorde son onction au jeune prodige. Sympa !  Lequel réalisateur réutilise tout ce qui a fait le succès des Gardiens de la galaxie i.e. : si vous avez aimé les deux blockbusters du MCU™, vous aimerez ce nouvel épisode de la Suicide Squad ® . Quand bien même la formule gagnante est en contradiction complète avec l’idée-force de l’équipe cornaquée au siècle dernier par J ohn O strander ; où chaque membre était susceptible de mourir pour l’accomplissement de la mission.              J ames G unn opte en effet pour le ton parodique qu’on lui connaît, un choix déterminisme qui transforme tous ses personnages en caricature, certes très amusantes, mais dont le destin im

Republic Commando : Hard Contact [Karen Traviss]

Clonés à partir du matériel génétique du chasseur de prime Mandalorien Jango Fett , les commandos de la République ® travaillent en petites unités dans le cadre d’opérations spéciales.  Après la bataille de Geonosis , quatre clones ( Darman , Fi , Niner et Atin ) ayant chacun perdu leurs frères d’arme, sont réunis par le maître Jedi Arligan Zey pour effectuer une opération de sabotage sur la planète Qiilura . Laquelle planète abrite un laboratoire en passe de produire une arme biologique dévastatrice.  Forcément, pour les quatre rescapés dépêchés, rien ne se passera comme prévu.  «  Bien que tout soit simple à la guerre,  les choses les plus simples y sont difficiles  »  C arl von C lausewitz              K aren T raviss coupe l’un des quatre clones de ses camarades, tout en les éloignant de leur point de ralliement. Ce qui ne devait être qu’un simple « coup de main » rapide, se transforme en crapahute en terrain hostile ; manière élégante pour l’autrice de creuser la personnalité d

Contre-enquête

« Les critiques ne font qu’interpréter le cinéma. Ce qui compte, c’est d’en faire. »  F ranck M ancuso              Conseiller technique sur la série télévisée Commissaire Moulin , pour laquelle Y ves R énier voulait plus de réalisme, F ranck M ancuso est, de fil en aiguille, embauché dans le pool de ses scénaristes.  Il est d'ailleurs assez fier de dire que c'est dans un épisode de ladite série cathodique ( Les Zombies ) que, pour la première fois à la télévision française, le sacro-saint « mandat de perquisition » américain est renvoyé dans ses pénates étasuniens.  Cette série policière, en plus de lui mettre le pied à l'étrier, lui permet de rencontrer O livier M archal, alors jeune « nuiteux » dans un commissariat du XIII e arrondissement de Paris et aspirant acteur ; et avec lequel il écrira 36, quai des Orfèvres 2004 .  Ce scénario, et surtout l'intérêt qu'ont montré des acteurs de l'envergure d’un G érard D epardieu et d’un D aniel A uteuil pour y parti

L'Oeil du tigre

On peut être d'accord pour déboulonner les statues, au propre comme au figuré. Ou ne pas l'être.  Toujours est-il qu'on peut au moins s'entendre pour dire qu'il y a deux manières de le faire : par réflexe ou via la réflexion.  Indéniablement la bande dessinée de L oulou D edola et de L uca F errara appartient à la deuxième catégorie.             M ohamed A li est une légende, un boxeur dont la mémoire sélective médiatique n'a retenu qu'une image idéalisée qui a largement débordé les rings de sa gloire sportive. Un boxeur capable d’affronter rien de moins que Superman lui-même selon les règles du marquis de Q ueensberry ! (Ici sous la couverture de J oe K ubert, écarté du projet par l'entourage d' A li car il ne dessinait pas les visages de manière assez ressemblante) Mais derrière cette image d'Épinal se profile un homme dont l'exemple n'est sûrement pas étranger à ceux qui déboulonnent - aujourd'hui - les statues par réflexe.  Le sc

Vis-à-vis [Peter Swanson / Christophe Cuq]

« Vis-à-vis », de P eter Swanson est, selon son éditeur français, un « thriller psychologique ». Lequel débute par une enquête criminelle dite par interversion. Ou, dans la langue d’ A gatha C hristie, une « howcatchem ».  Autrement dit une enquête où le meurtrier est connu par le lecteur dès le tout début de l’histoire.              On doit cette innovation, qui date quand même de 1912, à R . A ustin F reeman qui le premier l’a utilisée dans un court récit intitulé The Case of Oscar Brodski . L’enquêteur le plus capé dans ce domaine est à ce jour certainement le lieutenant Columbo , de la police de Los Angeles .  Mais « Vis-à-vis » n’est pas sans rappeler non plus le personnage créé par J eff L indsay, dont la notoriété a largement dépassé le cercle des amateurs du (mauvais) genre littéraire grâce à une série télévisée, diffusée durant huit saisons.  Cependant, malgré cet héritage « Vis-à-vis » s’écarte rapidement, et pour n’y revenir qu’à la toute fin, de l’univers policier.      

Dans le mille : Kaare Andrews

K aare A ndrews est un réalisateur dont la réputation cinématographique n'est pas encore égale à celle qu'il a dans l'industrie de la bande dessinée américaine.  Toutefois, fidèle à ce qu'il fait du côté du 9 ème Art, c'est à un cinéma d' entertainment qu'il se frotte ici.              Huitième opus d'une franchise entamée en 1993, « Sniper: Assassin’s End » ne concoure manifestement pas pour le scénario de l'année.  Il faut d’ailleurs être vraiment culotté pour signer une histoire aussi peu vraisemblable. Ce n'est plus de la suspension d'incrédulité qu'il faut, c'est une ablation du bon sens.  Ceci étant dit, ce n'est pas pour son scénario que je me suis aligné devant les 1 heures 35 de ce long-métrage. Mais bien pour voir le travail du réalisateur K aare A ndrews. Même si l’un n’empêche pas l’autre.  Et là, il y a visiblement quelqu'un derrière la caméra qui veut faire de son mieux.              D'entrée de film, le r