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Articles

Affichage des articles du janvier, 2021

Nicolas Eymerich, inquisiteur [Valerio Evangelisti / Serge Quadruppani]

Il était une fois un jeune italien, diplômé en science politique, fonctionnaire au ministère des finances, auteur de plusieurs essais politiques et historiographiques sur l'extrême-gauche, qu’un énième concours venait d’empêcher d’embrasser une carrière universitaire, tenté par le roman d'épouvante, auquel ses goûts l'avaient préparé.              En quête d'un archétype qui n’aurait pas encore été usé jusqu'à la corde, il jeta son dévolu sur la figure de l'inquisiteur. Un choix notamment influencé par l’interprétation de V incent P rice dans le film de M ichael R eeves, intitulé Le Grand Inquisiteur 1968 . Féru de documentation, ses recherches sur le sujet le mettent sur la piste d'un certain N icolas E ymerich 1320-1399 , dont le nom « qu'il trouve très tranchant » lui plait.  Moine dominicain, inquisiteur général d' Aragon , royaume alors situé au Nord-Est de la péninsule ibérique, N icolas E ymerich est par ailleurs l'auteur, en 1376, d’un

Justice indienne [David Heska Wanbli Weiden / Sophie Aslanide]

Les « polars », dans leur acception la plus large, ont ceci qui les distingue de la littérature blanche, qu'ils présentent des structures très codifiées.  Variations et répétitions innervent les péripéties successives de leurs protagonistes, sans qui ils ne seraient pas ce qu'ils prétendent être.  « Justice indienne » n’y échappe pas plus que les autres. Toutefois, chaque histoire doit s'astreindre à tirer son épingle d'un jeu de chaises musicales impitoyable. Simple réflexe de survie.              D avid H eska W anbli W eiden y arrive en contextualisant son histoire au sein d'une réserve indienne, et en faisant des Lakotas Sicangus , qui y vivent, ses principaux personnages.              Virgil Wounded Horse est « un homme de main » au service - rémunéré - des habitants de la réserve de Rosebud , sise dans le Dakota du Sud . Sa discrète activité, qui n'est pas sans rappeler celle d' Hector dans la série télévisée Longmire , y est possible car la police

La vie ô combien ordinaire d'Hannah Green [Michael Marshall Smith / Laurence Boischot]

M ichael M arshall S mith est apparu sur le radar des lecteurs francophones d'Imaginaire à la fin du siècle dernier avec une signature résolument Sf [ Pour en savoir + ]. Puis, au tout début du XXI ème siècle, après trois ans de silence, il renvoie un écho dont les caractéristiques font de ses romans des thrillers hybridés avec de vrais morceaux d'épouvante. Quand ce n'est pas du Fantastique pur jus [ Pour en savoir + ].  Qu'il signe alors sous le pseudonyme de M ichael M arshall.  Un éclectisme qui ne surprendra pas les lecteurs qui ont lu ses nouvelles, notamment collectées dans un gros recueil commercialisé en 2008.  Non, la surprise arrivera en 2009, avec le très décevant Les domestiques . Mais la raison n'en était pas l'auteur lui-même, mais plutôt l'éditeur hexagonal qui avait omis de préciser qu'il s'agissait d'un roman Young Adult™. M ichael M arshall S mith, qui pour le coup signait M . S mith, ne diminuait pas que son patronyme sur la

Black Program t2 [Laurent-Frédéric Bollée / Philippe Aymond / Didier Ray]

Deuxième tome de la reprise d'un héros franco-belge dont la trempe semble se fissurer de plus en plus méchamment, « Black Program 2 » affiche une très nette baisse de forme.             Notamment à cause d'un scénario qu'on croirait tout droit venu des années 1970. Voire précisément du 26 juin 1979. S'ajoute à cela bien trop d'éléments que L aurent- F rédéric B ollée ne fait que survoler. Ce qui ne favorise pas l'immersion dans un scénario bien trop bancal à mon goût. Qu'un antagoniste largement en-dessous du niveau qu'avait laissé deviner le premier tome, ne parvient pas à transformer. Comme si la coupe n'était pas assez pleine, certains détails sollicitent bien trop la suspension d'incrédulité. Par exemple seul le Commando caïman se rend compte qu'il y a eu substitution, ou encore le compte à rebours qui s'affiche à la vue de tous .             Au niveau des planches, P hilippe A ymond et D idier R ay font par contre largement le job

Jack Glass [Adam Roberts / Christophe Cuq]

« Jack Glass 2014 » est un roman de 560 pages (au format poche), écrit par A dam Roberts, scindé en trois parties distinctes, auxquelles s'ajoutent un glossaire en fin d'ouvrage, et un incipit.              Ce dernier nous renseigne, comme il se doit, sur le pacte de lecture qui nous attend : « Jack Glass » sera donc une énigme scientifique racontée sous la forme d'un récit criminel. Par interversion.  C'est-à-dire que dès l'incipit du roman, on connaît le coupable des différents crimes qui en jalonneront les trois parties.  1 er partie , intitulée « Dans la boîte ».              D'ordinaire un récit criminel commence par la fin, par son énigme. Il s'agit alors pour l'enquêteur (et les lecteurs) de remonter le cours du temps pour trouver le ou les auteurs. Sont bien évidement sous-entendus à cette découverte, le modus operandi et les raisons de ce crime.  « Dans la boîte » s'y prend autrement, en copiant, d'une certaine manière, la forme

L'Idole et le Fléau [L-F Bollée / Igor Kodey / Len O'Grady]

À partir du 18 juin 2012, un fléau d'origine inconnu tue des milliers d'enfants.  À dater de ce jour, de façon inexplicable, aucun enfant ne dépassera plus l'âge de 6 ans, 3 mois et 27 jours. Outre le choc qu'occasion bien évidemment cette pandémie, la disparition de l'humanité se compte désormais en années !              Programmée sur 4 tomes aux éditions 12 BIS , puis sur trois, toujours selon son scénariste L aurent- F rédéric B ollée, « L'Idole et le Fléau 2009 » n'en comptera finalement que 2, suite au désistement surprise de son dessinateur, le prolifique I gor K ordey.  Deux tomes qu'on a parfois rangés sur l'étagère des Uchronies, quand bien même la divergence indispensable à la réécriture de l'Histoire, chère à C harles R enouvier, n’apparaît qu’en 2012. Soit trois ans après la parution du premier album de la série.  Or, par définition, le point de divergence d'une Uchronie est toujours antérieur à la rédaction de l'histoire qu

WandaVision [Disney+]

Si la valeur refuge de nombre de fictions contemporaines est celle de la postmodernité, où la Culture © n’est plus qu’une vaste base de données. Et les scénaristes des décorateurs « méta » dont les scénarios relèvent avant tout du collage, de la fragmentation et de l’hybridation. En faire reproche à l’univers Marvel™ est cependant un procès en sorcellerie qu’il ne mérite pas.              En effet, puisqu’une partie de son attractivité vient – justement – qu’il est un univers partagé qu’on peut suivre de manière diachronique et synchronique. Et « WandaVision », tout étrange que puisse semblait être le début de la série télévisée par rapport aux films de la franchise, est donc la pièce d’un puzzle bien plus vaste que la myriade de citations cachées qui composent les deux premiers épisodes que j'aie vus. Ma sorcière (rouge) bien-aimée             Rappelons toutefois que l'abondance de la mitraille intertextuelle ne compensera jamais l'imprécision du tir. Un écueil qu'é

Le lion du Caire [Scott Oden / Patrice Louinet]

Évacuons dès à présent un point négatif. « Le lion du Caire 2013 » est un roman qui a été écrit dans la perspective d'avoir - au moins - une suite.  Celle-ci ne verra finalement pas le jour, S cott O den en a définitivement fait son deuil. Plus de 10 ans après la publication outre-Atlantique de son roman, c'est de toute façon quasi mission impossible.  Et si l'intrigue principale arrive à une conclusion satisfaisante, plusieurs sous-intrigues et personnages restent à l'état d'ébauches, plus ou moins avancées.              Ceci étant dit ; imaginez le sultan d'un royaume ancestral, entouré d'ennemis. Son seul espoir est un homme. Un tueur hors pair, envoyé par une secte de meurtriers aux ambitions politiques : un Assassin !  Maintenant, imaginez que c'est R obert E . H oward qui vous raconte cette histoire ....              Voilà le pitch , et l'état d'esprit dans lequel s'était plongé S cott O den au moment d'écrire son troisième roman. 

Black Program [Laurent-Frédéric Bollée / Philippe Aymond / Didier Ray]

« Black Program » est le premier tome des nouvelles aventures de Bruno Brazil .             Le personnage, créé par M ichel G reg (sous le pseudonyme de Louis Albert ) et W illiam V ance, apparaît dans les pages du périodique TINTIN, dans lequel il vivra un certain nombre d'aventures, à partir de janvier 1967. Dix ans plus tard est commercialisé sa véritable dernière aventure complète : Quitte ou double pour alak 6 . Le Lombard © entretient ensuite, sporadiquement, la flamme des amateurs avec deux recueils * d'histoires courtes, en 1977 et en 1995.  Dans ce dernier une histoire inachevée, de G reg & V ance, intitulée La chaîne rouge , est également au sommaire.             L aurent- F rédéric B ollée au scénario, et P hilippe A ymond au dessin, ont choisi quant à eux, de reprendre les missions du personnage, exactement après les événements de Quitte ou double pour alak 6 . Nous sommes désormais en mai 1977.             Un choix très judicieux, tant cette ultime aventur

L'Exoconférence [Alexandre Astier / Pauline Moingeon-Vallès / Jean-Christophe Hembert]

Dans un presque « seul en scène » de plus de 100 représentations, A lexandre A stier a illustré, entre 2014 et 2015, la thèse suivante : « L’être humain n'a jamais rencontré, et ne rencontrera jamais, d’extraterrestres ! ».             Intitulé « L'Exoconférence » ce spectacle hors-normes est disponible sur différents supports ou plateformes, pour qui, comme moi, ne l'a pas vu en temps et en heure. A lexandre A stier y mêle un savoir scientifique pointu avec le pastiche, l'ironie, la parodie, le tout confronté à tout un pan de la culture populaire, l'ufologie, et délivré par un personnage par forcément aimable.  Le polymathe s'offre même de jouer un très beau morceau avec les musiciens G reg L ambert, H ugues L emaire et S teeve « Zuul » P etit.             Cette « exoconférence » invente en quelque sorte un précédent en combinant, d'une manière originale, la science, l'humour et la musique.  Un précipité de ce qu' A rthur K oetsler appelait la b

Émissaires des morts [Adam-Troy Castro / Benoît Domis]

Si l'ouvrage de 700 pages d' A dam- T roy C astro, publié par Albin Michel Imaginaire™, s'intitule ainsi, c'est parce que le roman qu'il contient, en plus de trois textes plus courts (deux nouvelles et une novella ), lui donne son propre titre.              À l'instar des trois autres récits qui le précédent au sommaire, présentés dans l'ordre chronologique de la diégèse, « Émissaires des morts » est un whodunit qui se déroule sur une planète sise au sein d'une vaste confédération galactique ; le système Mercantile .  Planète n'est peut-être pas tout à fait le terme le plus approprié, puisqu'il s'agit plus exactement d'une construction, par ailleurs assez hostile à l'être humain, créé de toute pièce par des Intelligences Artificielles, et qui l'est donc tout autant qu'elles. Des I.A. très puissantes, dont l'apparition se perd dans la nuit des temps.  Cet « habitat » disons donc, porte le nom de Un Un Un , et abrite des cr