Michael Marshall Smith est apparu sur le radar des lecteurs francophones d'Imaginaire à la fin du siècle dernier avec une signature résolument Sf [Pour en savoir +]. Puis, au tout début du XXIème siècle, après trois ans de silence, il renvoie un écho dont les caractéristiques font de ses romans des thrillers hybridés avec de vrais morceaux d'épouvante. Quand ce n'est pas du Fantastique pur jus [Pour en savoir +].
Qu'il signe alors sous le pseudonyme de Michael Marshall.
Un éclectisme qui ne surprendra pas les lecteurs qui ont lu ses nouvelles, notamment collectées dans un gros recueil commercialisé en 2008.
Non, la surprise arrivera en 2009, avec le très décevant Les domestiques. Mais la raison n'en était pas l'auteur lui-même, mais plutôt l'éditeur hexagonal qui avait omis de préciser qu'il s'agissait d'un roman Young Adult™. Michael Marshall Smith, qui pour le coup signait M. Smith, ne diminuait pas que son patronyme sur la couverture, mais aussi le dosage des différents ingrédients qui se trouvaient dessous. Avec les conséquences inhérentes.
À la fin de l'année dernière a paru, sous un nouveau pseudonyme, Michael Rutger, le premier roman d'une série qui s'intéresse à l'Histoire secrète© du monde : peuples oubliés, vestiges de visites d’extraterrestres antédiluviennes, cryptozoologie, etc. intitulé L’Anomalie [Pour en savoir +]
Et, en ce mois de janvier 2021, paraît assez discrètement « La vie ô combien ordinaire d'Hannah Green ».
Commencé au travers d'histoires que racontait Michael Marshall Smith, au fil de son imagination, à son jeune fils avant qu'il ne s'endorme, ce roman n'en deviendra un qu'après un bon 1/3 de récits vespéraux.
Si par la force des choses « La vie ô combien ordinaire d'Hannah Green » s'adresse aux jeunes lecteurs, il n'aura pas de mal à convaincre les autres.
Je le dis en toute connaissance de cause, puisque d'ordinaire la littérature Young Adult™ me tombe littéralement des mains.
Sur un postulat narratif relativement simple, Michael Marshall Smith orchestre la rencontre de son rôle-titre avec ce qu'on appelle communément le Réalisme magique. Dont la couverture, signée Micaela Alcaino, restitue avec justesse l'atmosphère du genre.
Hannah est une jeune fille que son père envoie vivre chez son grand-père, le temps de se faire à l'idée que sa femme l'a quitté. Coïncidence (?), son grand-père qui n'est pas celui que sa famille croit connaître, rencontre au début de ce séjour une vieille connaissance : le Diable !
Le Réalisme magique est apparu, à l'origine, en 1925, pour qualifier un mouvement artistique en peinture. Il a ensuite été préempté par la littérature sud-américaine d’avant-garde, laissant croire - à tort - qu'il ne concernait qu'elle.
Assez proche de la Low fantasy, voire de la Fantasy urbaine, il s'en distingue par le traitement de thèmes, de contextes sur un mode - réaliste - que l'on trouve plus volontiers en littérature blanche.
Ces thèmes, par exemple ici le divorce, cohabitent avec un réenchantement du monde (la partie magique du genre), sans pour autant perdre leur banalité. Parfois cruelle.
Si « La vie ô combien ordinaire d'Hannah Green » est pour lui un nouveau territoire littéraire, Michael Marshall Smith n'a toutefois pas oublié d'y emmener son atypie créative.
Dont la relecture des stéréotypes qui fait toujours merveille. Pour preuve, sa version 2.0 du Christianisme.
Laquelle n'est relativisée que par l'excellente caractérisation d'un second rôle, dont les parcimonieuses apparitions valent à elles seules la lecture de cet excellent roman. J'ai nommé Palafre (Vaneclaw en V.O), le gnome accidenteur !
Mais comme de bien entendu avec le natif de Knutsford (G-B), et actuel résidant de la bonne ville de Santa Cruz (CA), où se déroule justement une grande part du roman, les bonnes idées sont légion (sic).
En conclusion sachez, que « La vie ô combien ordinaire d'Hannah Green » est un roman accessible sans autorisation parentale, et que les plus jeunes de nos lecteurs pourront - sans complexes - le recommander à leurs aînés.
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