Les « polars », dans leur acception la plus large, ont ceci qui les distingue de la littérature blanche, qu'ils présentent des structures très codifiées.
Variations et répétitions innervent les péripéties successives de leurs protagonistes, sans qui ils ne seraient pas ce qu'ils prétendent être.
« Justice indienne » n’y échappe pas plus que les autres.
Toutefois, chaque histoire doit s'astreindre à tirer son épingle d'un jeu de chaises musicales impitoyable. Simple réflexe de survie.
David Heska Wanbli Weiden y arrive en contextualisant son histoire au sein d'une réserve indienne, et en faisant des Lakotas Sicangus, qui y vivent, ses principaux personnages.
Virgil Wounded Horse est « un homme de main » au service - rémunéré - des habitants de la réserve de Rosebud, sise dans le Dakota du Sud. Sa discrète activité, qui n'est pas sans rappeler celle d'Hector dans la série télévisée Longmire, y est possible car la police tribale n'exerce statutairement que peu de prérogatives.
Et que les enquêteurs fédéraux, territorialement compétents sur les réserves selon la « Loi sur les crimes graves » de 1885, ne s'intéressent pas aux affaires dites de police de proximité ou de mœurs, sauf si elles entraînent un ou des homicides.
L'écrivain David Heska Wanbli Weiden a échafaudé pour son roman, au titre programmatique, une intrigue dont les plans ont certes été souvent tirés, mais à laquelle il confère pas mal de fraîcheur. Grâce, essentiellement, à des personnages auxquels on s'attache rapidement au travers du portrait qu'il en trace.
Mais « Justice indienne » vaut aussi pour l'instantané que l'auteur nous propose de la réserve de Rosebud, de ses habitants, et de considérations plus larges sur le sort réservé aux natifs américains.
Dont certaines digressions qui s'éloignent singulièrement de l'intrigue proprement dite, sans pour autant en amoindrir son magnétisme.
Polar qui s’intéresse de très près au contexte socio-culturel d'un microcosme singulier, « Justice indienne » est un premier roman bien plus que prometteur.
David Heska Wanbli Weiden tient avec la réserve de Rosebud un Yoknapatawpha en devenir.
Son intime connaissance de l’histoire des Lakotas Sicangus, et de la réserve indienne de Rosebud en particulier, son parcours professionnel - avocat pendant plusieurs années, puis professeur en science politique et en études amérindiennes - font de lui un sérieux promoteur du « Native noir ».
À suivre !
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