Évacuons dès à présent un point négatif.
« Le lion du Caire2013 » est un roman qui a été écrit dans la perspective d'avoir - au moins - une suite.
Celle-ci ne verra finalement pas le jour, Scott Oden en a définitivement fait son deuil. Plus de 10 ans après la publication outre-Atlantique de son roman, c'est de toute façon quasi mission impossible.
Et si l'intrigue principale arrive à une conclusion satisfaisante, plusieurs sous-intrigues et personnages restent à l'état d'ébauches, plus ou moins avancées.
Ceci étant dit ; imaginez le sultan d'un royaume ancestral, entouré d'ennemis. Son seul espoir est un homme. Un tueur hors pair, envoyé par une secte de meurtriers aux ambitions politiques : un Assassin !
Maintenant, imaginez que c'est Robert E. Howard qui vous raconte cette histoire ....
Voilà le pitch, et l'état d'esprit dans lequel s'était plongé Scott Oden au moment d'écrire son troisième roman.
Une tutelle qui n'aura pas échappé à Patrice Louinet, grand spécialiste du texan, qui en parlera aux éditions Bragelonne™.
Et s'occupera même de le traduire, comme il a pu le faire pour Howard.
« Le lion du Caire » se déroule au XIIème siècle, essentiellement dans la ville du Caire, et fait la part belle aux intrigues politiciennes, à la poésie de l'acier et à quelques envolées épiques.
La part de surnature inhérente au genre auquel se rattache le roman, est ici exploitée avec discrétion.
Comme chacun sait, le Moyen Âge historique est une période où le merveilleux était un aspect de la vie quotidienne des uns et des autres. Si en Europe il devait composer avec le Christianisme, au Caire c'est un autre monothéisme qui a pris sa place : l'Islam.
Scott Oden prend donc le parti d'une superstition omniprésente mais à bas bruit, tout en en accentuant sa présence ici ou là.
Par exemple au travers du salawar du héros, sorte de Stormbringer des Mille et une nuits. Ou en dotant un des antagonistes qu'affrontera Assad, le bien nommé « émir du couteau », de prouesses en nécromancie qui dépassent les témoignages historiques les plus hardis.
Si Scott Oden reconnait s’être abondamment documenté, c'est surtout les écrits de Robert Ervin Howard qui lui ont servi de modèle. Notamment Les portes de l'empire. Sans oublier bien sûr, les auteurs dont le natif de Peaster (TX) s'est lui-même inspiré à son époque.
À la lecture, c'est donc à un réel magnifié que l'auteur nous invite.
Ses descriptions minutieuses conjurent une ville du Caire plus vraie que nature.
Idem pour la théorie de personnages bigarrés qui peuple les presque 500 pages de son histoire.
Mendiants, courtisanes, vizir, croisés, eunuques, etc. ; tous apportent leur vitalité et leur présence à une aventure haute en couleurs, qui si elle n'invente pas le cercle carré, mérite largement le temps passé à la lire.
Seul tome d’un cycle de sword and sorcery pourtant promis à un bel avenir « Le lion du Caire » est surtout un très bon roman. L’originalité de son contexte, le rôle qu’y occupe la gent féminine, et celui donné aux Cairotes, en fait une histoire de Fantasy tout à fait singulière.
D’autant qu’on le trouve aujourd’hui, en occasion, à des prix défiant toute concurrence.
Hautement recommandé !
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