Accéder au contenu principal

Gamma Draconis [Benoist Simmat / Eldo Yoshimizu]

« Gamma Draconis2020 » est une bande dessinée qui brouille les pistes.
Publiée par les éditions Le Lézard Noir™, maison d'édition sise à Poitiers, dédiée aux manga, et plus précisément à « la culture underground, de l’art contemporain et des avant-gardes japonaises », ce récit est néanmoins le fruit d'une collaboration entre un scénariste français, Benoist Simmat, et un dessinateur japonais, Eldo Yoshimizu. 
Une BD fabriquée donc par, et pour, une maison d'édition française, à l’attention de lecteurs et de lectrices francophones. 
Mais qui adopte le sens de lecture japonais.
Une forme hybride qui se révélera, en quelque sorte, prémonitoire de son contenu.
            « Gamma Draconis » partage donc son intrigue entre la France et le Japon, entre l'occultisme et la science-fiction.
Si les planches d'Eldo Yoshimizu sont une invitation qu'on ne refuse pas à s'oublier dans une intrigue qui avait tout pour plaire, les dialogues de Benoist Simmat manquent cruellement de naturel.
            Ainsi se retrouve-t-on à lire des notes qui expliquent ce que sont les « RG » ou « Haneda ». Deux éclaircissements qui auraient pu apparaître dans l'interaction de leur discussion respective. Idem lorsque que les personnages utilisent des salutations en japonais. Pourquoi utiliser une langue étrangère pour ensuite la traduire ? Surtout dans une situation si univoque.
Et peut-on imaginer sérieusement qu'un personnage puisse faire référence à une « base secrète » sans se sentir ridicule ? 
Ensuite la part didactique est trop visible, souvent amené d'une manière maladroite.
Visiblement les uns et les autres ne discutent pas entre eux, mais informent ceux et celles qui les liront. Du moins en donnent-ils la très méchante impression.
Alors que certaines ellipses jettent le trouble inverse. 
Dernier point négatif, Benoist Simmat explique dans un entretien que le « but était d'écrire une histoire qui puisse se suffire à elle-même, tout en proposant une fin ouverte. ».
De mon point de vue, « Gamma Draconis » est plus simplement une histoire inachevée. 
La fin n'est pas ouverte, il s'agit d'un cliffhanger dans la plus pure tradition des serials qui l'ont inventé. « Gamma Draconis » est le premier épisode d'un feuilleton qui risque d'être très frustrant si une suite n'est pas donnée aux quelques 250 pages de cette très belle édition.
            En conclusion, que j'espère pour le moins très provisoire, « Gamma Draconis » ne risque que de s'améliorer du côté des dialogues, et du scénario (un poil téléphoné), si l’indispensable suite voit le jour.
Côté dessin, la fibre artistique d'Eldo Yoshimizu ne risque sûrement pas de s'endormir sur son déjà monstrueux talent. Reste que je suis très curieux de voir ses prochains manga, qui ne sont toutefois qu'une facette de son travail.
Verdict : un album mi-figue, mi-raisin.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Juste cause [Sean Connery / Laurence Fishburne / Ed Harris / Kate Capshaw]

« Juste Cause 1995 » est un film qui cache admirablement son jeu.             Paul Armstrong , professeur à l'université de Harvard (MA), est abordé par une vieille dame qui lui remet une lettre. Elle vient de la part de son petit-fils, Bobby Earl , accusé du meurtre d'une enfant de 11 ans, et qui attend dans le « couloir de la mort » en Floride . Ce dernier sollicite l'aide du professeur, un farouche opposant à la peine capitale.   Dès le départ, « Juste Cause 1995 » joue sur les contradictions. Ainsi, Tanny Brown , « le pire flic anti-noir des Everglades », dixit la grand-mère de Bobby Earl , à l'origine de l'arrestation, est lui-même un africain-américain. Ceci étant, tout le film jouera à remettre en cause certains a priori , tout en déconstruisant ce que semblait proposer l'incipit du film d' A rne G limcher. La déconstruction en question est ici à entendre en tant que la mise en scène des contradictions de situations dont l'évidence paraît pour

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" ( M ich