À dater de ce jour, de façon inexplicable, aucun enfant ne dépassera plus l'âge de 6 ans, 3 mois et 27 jours. Outre le choc qu'occasion bien évidemment cette pandémie, la disparition de l'humanité se compte désormais en années !
Programmée sur 4 tomes aux éditions 12BIS, puis sur trois, toujours selon son scénariste Laurent-Frédéric Bollée, « L'Idole et le Fléau2009 » n'en comptera finalement que 2, suite au désistement surprise de son dessinateur, le prolifique Igor Kordey.
Deux tomes qu'on a parfois rangés sur l'étagère des Uchronies, quand bien même la divergence indispensable à la réécriture de l'Histoire, chère à Charles Renouvier, n’apparaît qu’en 2012. Soit trois ans après la parution du premier album de la série.
Or, par définition, le point de divergence d'une Uchronie est toujours antérieur à la rédaction de l'histoire qui en parle. Ce qui n'est donc pas le cas ici.
À moins que ladite divergence ne soit à chercher en 1935 ?
Une année où se déroule bien un événement tout à fait exceptionnel (et secret), relaté dans un des flashbacks, chargés d'éclairer l'origine du fléau en titre, qui rythment le récit. Mais une divergence dont les effets se feront donc attendre jusqu’en 2012.
En aparté, je trouve que l’évènement en question fait de « L'Idole et le Fléau » un rejeton déclaré du Matin des magiciens1960. Ouvrage qui donna alors un très large écho à l'occultisme nazi, devenu depuis un sous-genre à part entière de l'imaginaire collectif.
Une notoriété que l'univers de bande dessinée inventé par Mike Mignola a encore accru, au travers des aventures de son héros fétiche Hellboy.
Un Mike Mignola qui, soit dit en passant, devait rejoindre la distribution des personnalités invitées par L-F Bollée, telles Carl Sagan, Alan Turing, ou encore Ian Fleming.
Ce dernier doit sa présence non pas à son espion mondialement connu, mais à sa courte carrière au sein de la Naval Intelligence pendant la Seconde Guerre mondiale. Une division du renseignement britannique pour laquelle il imagina quelques opérations secrètes. Dont justement une, restée au stade de projet, dénommée « Operation Ruthless ».
Un nom de code qui ira comme un gant au titre du second tome de « L'Idole et le Fléau », avec qui elle partage plusieurs points communs.
Là où le premier, intitulé Syndrome 6/3/27, s'inspirait plus ouvertement, d'un roman de P.D. James. « L'Idole et le Fléau » est une série qui n'a donc pas trouvé son lectorat. Le scénariste parlera « d'une douche froide » pour le premier tome, et d'une petite amélioration pour le second, « mais le mal était sans doute fait ».
Lâchée par son dessinateur, également occupé sur la série L'Histoire secrète (avec Jean-Pierre Pécau), seuls deux tomes trouveront finalement le chemin des librairies. Le troisième est disponible ici, sous forme de scénario découpé, grâce à L-F Bollée.
Qu'il en soit remercié.
Reste deux albums de très bonne facture, pour lesquels je n'ai pas eu à bouder mon plaisir.
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