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Articles

Affichage des articles du avril, 2020

The Coldest Game [Bill Pullman / Łukasz Kośmicki]

Premier film du réalisateur polonais Ł ukasz K ośmicki « The Coldest Game » imagine un événement politique appartenant au domaine de l'Histoire secrète™.             En effet, en 1962 pendant la crise dite des « missiles de Cuba » une rencontre d'échecs entre les U.S.A. et l' U.R.S.S. doit servir de couverture à un échange vital de renseignements. Sauf que le champion américain en titre vient de mourir. Classique dans sa forme autant que dans son intrigue. Du moins pour ceux qui n'ont pas oublié les grandes heures des films d'espionnage de la Guerre froide © , « The Coldest Game » rempli consciencieusement son contrat. Lequel contrat aurait cependant pu être un peu raffiné, du moins à l'aune de mes propres critères. « Pur mathématique et pur vodka »             Ainsi Joshua Mansky (alias B ill P ullman), mathématicien alcoolique qui joue ici les remplaçants de dernière minute, au propre comme au figuré, puisque B ill P ullman remplacera dit-on

Mozart en verres miroirs [Bruce Sterling / Lewis Shiner / Michèle Albaret]

Courte nouvelle, d'une vingtaine de pages, qui donne par ailleurs son nom à l'anthologie qui l'accueille ; « Mozart en verres miroirs » est un texte astucieux, habillement référencé et dont l'influence se fait encore sentir aujourd'hui.             En effet, W illiam G ibson le revendique comme principe actif de son dernier roman traduit dans l'Hexagone, Périphériques , que je suis justement en train de lire. Et on retrouve encore cette influence dans la mini-série de bande dessinée écrite par le Canadien d'adoption et intitulée Archangel , que j'ai lue récemment. Écrite par B ruce S terling & L ewis S hiner « Mozart en verres miroirs » est une satire bien plus légère que ce dont elle traite. C'est d'ailleurs, à mon sens, son ton guilleret, désinvolte qui lui donne toute la force qui en fait un récit plus intéressant qu'il ne semble l'être à première vue. Et contre toute attente, encore très actuel.             Intempestif do

La survie de Molly Southbourne [Tad Thompson / Jean-Daniel Brèque / Aurélien Police]

Dans ma critique du précédent tome [ Pour en savoir + ], de ce qui devrait être, je crois, une trilogie, j'accordais ma confiance à T ad T hompson, malgré la relative déception à la lecture de son histoire. Hélas la suite m'aura donné tort.             Si Les meurtres de Molly Southbourne ne s'embarrassait guère de crédibilité interne, « La survie de Molly Southbourne » ne s'y intéressera pas non plus. Tout ce qui rendait pénible la lecture du premier tome, s'y trouve encore (amplifié par le souvenir mitigé du tome précédent). Si Les meurtres de Molly Southbourne nécessitait, non pas de suspendre son incrédulité, mais d'oublier jusqu'à l’existence même du concept, cette suite est encore incohérente Les situations les plus invraisemblables s'enchaînent, au mépris de toute logique, à un point tel que, plus j'avançais, plus la 118 ème et dernière page semblait s'éloigner. Une fois atteinte, je devais me faire une raison ; j'avais pa

Extraction [Tyler Rake]

Déduction fragile certes, mais entre la série des John Wick et « Extraction », les films de cascadeurs semblent avoir en commun une absence significative d’histoire à raconter. Ou disons plutôt que le scénario vire à l’épure, à l’étique.             Mes recherches sur les différentes manières de raconter une histoire m’ont amené à m’intéresser à des individus qui écrivent des guides pour le faire. Les C hristopher V ogler, R obert M c K ee, J ohn T ruby etc. Et dans le lot il y a B lake S nyder, dont l’originalité si je puis dire, tient à ce qu'il appelle la « Logline ». Au High concept © très en vogue, B lake S nyder choisit d'en réduire encore les 25 mots maximum, pour en faire une phrase accrocheuse, la Logline en question. Il s'agit, dans les deux cas, de vendre rapidement un film.  Mais D avid L eitch & C had S tahelski (sur les John Wick ) et S am H argrave sur « Extraction » ont pris, au pied de la lettre, ces présentations pour en faire des scéna

L'Ombre du chat [Paul Borrelli]

Ce roman, de presque 500 pages, est le premier d'une trilogie ; publiée entre 1994 et 1999. Il peut toutefois se lire indépendamment des deux autres qu'a ensuite écrit P aul B orrelli. Sous une couverture rien moins qu'engageante d' A lain R obert, se cache assurément un hybride Polar/Sf remarquable.             Situé en 2032, principalement dans la mégapole de Marseille « L'Ombre du chat » a pour fil rouge une enquête sur un tueur en série surnommé  « Homicide express ». Toutefois ne vous fiez pas trop à mon résumé succinct, qui omet bien évidement d'expliquer pas mal de choses. Sachez toutefois que « L'Ombre du chat » ne se résume (heureusement) pas à un énième roman sur un serial killer , qui serait un génie criminel, au quotient intellectuel supérieur à 160. Manière de planter le décor, P aul B orrelli ne cache ni l'amour ni ce qu'il doit à P hilip K . D ick (et à S erge B russolo). Ainsi son Marseille 2032 a bien sûr quelque chose à

Cloak of Evil [Pat Mills / Kevin O'Neill]

Seconde novella du recueil Marshal Law Origins [ Pour en savoir + ] « Cloak of Evil » est une aventure en prose (et en anglais) de Marshal Law , le personnage de BD inventé par P at M ills & le dessinateur K evin O ' N eill. Pour résumer la substantifique moelle dudit personnage, Marshal Law c'est le Judge Dredd venu faire la loi dans les univers de Marvel Comics™ et DC Comics™. Et qui ferait montre d'une très nette antipathie envers les encapés.             « Cloak of Evil » se démarque toutefois des aventures précédentes, en s'inspirant d'un scandale politique datant des années 1960 (l'affaire P rofumo), et mélangeant allégement les actioners de l'ère R eagan, Strange Days de K athryn B igelow, et l’appétence de P at M ills pour l'occultisme made in C rowley.   Un gloubiboulga qui sur le papier peut paraître indigeste, mais que le talent et l'expérience de P at M ills rend au contraire distrayant. Cela dit les super-héros bien per

Hot Lunch Special [Eliot Rahal / Jorge Fornés]

AfterShock Comics™ est une maison d'édition qui s'est lancée sur la marché de la bande dessinée étasunienne en 2015. On trouve à sa tête J oe P ruett, connu pour avoir été scénariste chez Marvel Comics™ et Caliber Comics™, ou avoir créé Desperado Publishing™ ; et M ike M arts ex- editor (un poste entre directeur de collection et rédacteur en chef) de DC Comics™ ou de Marvel Comics™. AfterShock Comics™ a su rapidement intéresser des auteurs connus du milieu : G arth E nnis, M ark W aid, A manda C onner, etc . Et d'autres moins connus, comme ici E liot R ahal et J orge F ornés.  « Le crime est la continuation du commerce par d’autres moyens »             « Hot Lunch Special » est une mini-série en 5 numéros. C'est d'ailleurs la particularité d'AfterShock Comics™ que de proposer principalement des mini-séries, qui par ailleurs ne se cantonnent pas au seul registre de la BD de super-héros.  Ça rend leur catalogue attractif, et surtout facile d'abor

Voyage avec l'extraterrestre [Carolyn Ives Gilman / Pierre-Paul Durastanti]

En lisant cette nouvelle, je n'ai pas pu m'empêcher, très rapidement, de pressentir que si le texte de C arolyn I ves G ilman utilisait - de manière si originale - un cliché indissociable du mythe extraterrestre, il ne pouvait pas ne pas y avoir de raison. D'autant que l'un des mythes fondateurs des U.S.A. , a justement eu maille à partir avec un précédent assez bien documenté.             En effet, il y a eu un abondant signalement de cas autour des enlèvements que pratiquaient alors les Indiens en lutte face à l'avancer des « visages pâles » , leur captivité, et bien sûr l'ensauvagement qui en découlait aux yeux du reste de la population.  Le tout a d'ailleurs alimentait une certaine vision du Gothique américain, et du western. Cette impression de voir se superposer ces deux « peurs » au motif unique, se trouvait accentuée par la nature même de ce que l'auteur nous racontait, à savoir un « voyage » (avec l'extraterrestre). Autrement dit

À la Bastille, gabba gabba hey ! [Johan Heliot]

«  one, two, three… let’s go !  » Écrite pour une anthologie souhaitant unir pour le pire et le meilleur la Sf et le Rock, une rencontre moins fortuite que celle d'une machine à coudre et d'un parapluie sur une table de dissection, « À la Bastille, gabba gabba hey ! » marie en lieu et place de la carpe et le lapin, les frères R amone et A ristide B ruant dans un futur incertain. Lequel est placé sous la juridiction totalitaire de la Société du spectacle ® . Ou presque ..... « Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, écrit Guy Debord, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images. »           Si la définition de la « société du spectacle » est bien moins simple que ne le laisse supposer son intitulé. Dans une perspective situationniste, la réification qu'en fait J ohan H eliot dans sa nouvelle d'une vingtaine de pages, ouvre un abyme intéressant et de circonstance.   « À la Bastille, gabba gabba hey ! » est aussi un texte fourmillan

Exilés : D'une main de fer

Sortie tout droit du think tank du 10 East 40th Street (NY), « Exilés » est pour ainsi dire l’heureuse rencontre de la série cathodique connue dans l' Hexagone sous le nom d' Au cœur du temps (1966-1967), et de sa consœur qu’on ne présente plus, Mission : Impossible .  Ou peut-être s’agit-il de la celle de séries plus récentes telles que Sliders : Les mondes parallèles et Code Quantum !?             En tout état de cause, confiée en 2001 au scénariste J udd W inick et au dessinateur M ike M c K one, « Exilés » connaitra une première mouture de 100 numéros consécutifs, mais pas toujours avec la même équipe créative. L’arc narratif (#27, #28, #29), intitulé « D'une main de fer », dont il va être question ici, est d’ailleurs dessiné par K ev W alker. Un dessinateur britannique qui a commencé sa carrière professionnelle en 1987, d'abord au service de la société Games Workshop © , puis au sein de l’hebdomadaire 2000AD . Notamment comme encreur sur les dessins

La dernière quête du mage Sarnod [Jeff VanderMeer / Éric Holstein]

« Dans le weird , l’intrigue ne compte pas plus que l’atmosphère induite. » ( 1 ) Impossible pour moi de trier ce qui vient de J ack V ance des apports de J eff V ander M eer, puisque je n’ai jamais rien lu du cycle de la « Terre mourante ». Mais si j’en crois ce que ce dernier dit du weird , « La dernière quête du mage Sarnod » ne dépareillerait pas dans une anthologie qui lui serait dédiée.             Réduite à sa plus simple expression l’intrigue de cette nouvelle est d’une banalité presque vulgaire, nonobstant un twist presque structurel. Autrement dit, si son absence aurait été durement jugée, sa présence appartient au minimum syndical du format. « Lorsqu'elle était arrivée dans cette région de l'EN DEÇÀ appelée la Plaine des Miroirs de Folie, la « nuit » venait juste de tomber. C'est-à-dire que seule une chétive lueur verte venue des hauteurs de la voûte signalait encore le plafond de la caverne, lumière lointaine qui suintait du niveau supérieur où Murm

Revolver [Duane Swierczynski / Sophie Aslanides]

Dernier roman en date de D uane S wierczynski publié de ce côté-ci de l'Atlantique, « Revolver », peut être décrit superficiellement (mais efficacement) comme un crossover entre Cold Case : Affaires classées et Blue Boods . Deux séries télévisées policières qui, dans le premier cas reviennent sur des affaires non résolues, et qui dans l'autre s'intéresse à une famille où on est policier de père en fils.                 D uane S wierczynski est à Philadelphie ce qu'est J ames E llroy pour Los Angeles ou D ennis L ehane pour Boston ; quelqu'un qui écrit la biographie d'une ville au travers d'histoires (plus ou moins) policières de ses habitants. « Revolver » en est un précipité astucieux, en ce qu'il adopte trois points de vue différents.  Celui de Stan Walczak , policier dans les années 1960, celui de son fils Jim , capitaine à la retraite rattrapé par son passé. Et enfin Audrey , la fille de Jim , étudiante en médecine légale. Trois époque