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Articles

Affichage des articles du mai, 2023

Bad Company [Peter Milligan / Brett Ewins / Jim Mccarthy / Tom Frame]

Si la bande dessinée anglaise, ou disons britannique n'est pas aussi florissante qu'elle le pourrait, compte tenu des créatifs grands-bretons qui travaillent surtout pour les éditeurs étasuniens, l'hebdomadaire 2000 AD [ Pour en savoir + ] et son petit frère (depuis 1990) Judge Dredd Megazine continuent vaille que vaille de proposer un beau catalogue d'histoires.             Et au sein de ces publications, la « Bad Company » est l'une de mes séries préférées.  Elle est l’œuvre du scénariste P eter M illigan, du dessinateur B rett E wins, de l'encreur J im M c C arthy et du lettreur T om F rame.              Le concept en est très simple : dans un futur éloigné  - créée en décembre 1986 ( 2000 AD n°500) la série se déroule en l'an 2210, sur la planète inhospitalière Ararat , une section de soldats terriens, commandée par Kano , combat les Krools , des extraterrestres belliqueux (et moches comme des poux). Cette série se base sur un projet avorté qui aurai

Rouge karma, un hold-up symbolique

J'avais déjà lu quelques romans de J ean- C hristophe G rangé, dont certains qui m'évoquent d’ailleurs de bons souvenirs ( Le vol des cigognes ou encore L’Empire des loups ). Mais sans raison qui me vienne aujourd'hui à l'esprit, il y avait longtemps que ça n'avait pas été le cas.  Et « Rouge karma » me laissera au demeurant un sentiment assez mitigé.  En effet, ce hold-up symbolique dans lequel le butin se retourne finalement contre ceux qui sont à l'origine du casse, a joué aux montagnes russes avec mes impressions.              Dans la première partie, qui a mon avis est la plus intéressante et la plus captivante, paradoxalement puisque la moins exotique, J ean- C hristophe G rangé s'intéresse, et par la même occasion brosse un portrait du Mai 68 parisien, au travers de ses trois principaux personnages.  Et de mon point de vue il juge l'agitation parisienne avec une justesse qu'on n’est guère habitué à lire.  C'est d'autant plus réjouis

L' Ange de la vengeance [Frank Rich / Grégoire Dannereau]

Dans un futur proche (2031), l'édition originale a paru en 1993, le Parti règne en maître. Jake Strait est un  « Justicier Privé » dont la raison sociale est inscrite à la main sur la porte de son bureau : « Redresseur de torts, injustices vengées ». dans cet avenir bien peu réjouissant, la police s'occupe essentiellement de protéger les membres du Parti qui vivent sur la Colline . Pour les autres, qui survivent dans la Cité , il y a des gens comme Jake Strait . Mais Strait a un particularité, il n'accepte pas les affaires politiques. Grand bien lui fasse, car justement il se retrouvera mêlé à l'une d'entre elles, à son corps défendant.              « L'Ange de la vengeance » pioche dans tout ce que la quincaillerie du polar hard-boiled peut offrir, invente un système de classe rudimentaire, et date le tout d'une quarantaine d'années dans le futur (de 1993).             Ce premier romans d'une série qui en compte 4 (dont deux parus en France ) se

Petit point de traduction : Les Négriers [Garth Ennis / Nicole Duclos]

Je me suis replongé dernièrement dans une aventure du Punisher , publiée sous le label MAX © , c'est-à-dire « qui s'adresse(nt) plus particulièrement à un public adulte ». Et ce n'est pas peu dire que cette histoire en 6 numéros, regroupés ici sous les bons auspices de Panini™ est particulièrement glauque. Quand bien même repose-t-elle sur des ressorts dramatiques assez paresseux. En effet, plus je lis, ou plutôt relis le travail du scénariste G arth E nnis, plus je le trouve surcoté. Mais ma notule d'aujourd'hui ne s'adresse pas à lui.             Sans entrer dans les détails, « Les Négriers » s'intéresse au trafic sexuel humain organisé par une bande de criminels venue des Balkans . Et c'est là que mon premier grief, si j'ose dire, se fait entendre.              Traduire « The Slavers » (le titre original) par « Les Négriers » est non seulement admissible, mais tout à fait conforme à ce que propose n'importe quel dictionnaire. Sauf que le m

Sisu, de l'or et du sang [Jalmari Helander/Jorma Tommila/Aksel Hennie]

Le résumé est la simplicité même : alors que les forces du III ème Reich quitte la Finlande , à la fin de l'année 1944, un chercheur d'or croise le restant d'un peloton de SS . Mauvaise rencontre au mauvais endroit. Mais pour qui ?             J almari H elander cite en guise de sources d'inspiration S imo H äyhä, un soldat finlandais qui s'est notamment illustré durant la « guerre d'hiver », également connue sous le nom de guerre russo-finlandaise ; où son talent de tireur d'élite en a fait une légende vivante ; et le film de T ed K otcheff Rambo 1982 .             Film de peu de mots, « Sisu, de l'or et du sang » est d'ailleurs bien résumé par son titre français. À condition de dire ce qu'est le « sisu », un mot finlandais, intraduisible nous dit-on, mais dont on approche la signification en parlant de cran, de force intérieur ; mais rassurez-vous, dès le générique on nous explique de quoi il retourne :  Peu de temps après le pacte est signé

Dead Men Walking [Jeremy Szal]

« Dead Men Walking » est une nouvelle de science-fiction, évoluant dans le sous-genre du Planet Opera , comme on dit en France (et contrairement à ce qu'on pourrait penser, seulement en France ). Courte donc, cette histoire vérifie l'adage que parfois le tout est bien supérieur à la somme de ses parties.             Or donc soit une petit unité militaire sur une planète hostile dont on comprend qu'elle est le bras armé d'une vaste colonisation.  Soit un armement principalement composé d'une armure/exosquelette. Soit une situation tragique, autrement un contexte où la seule solution est pire que le problème qu'elle doit résoudre. Soit, et c'est là que la mise en récit donne tout ce qu'elle a ; une chute inattendue.             Bref, une nouvelle tout ce qu'il y a de réjouissant. Un très bon moment de lecture.    

La belle époque [Franz-Olivier Giesbert]

Au début de ce deuxième tome après Le sursaut [ Pour en savoir + ], F ranz- O livier G iesbert donne une définition du journalisme qu'il chipe à B alzac : «  Une catapulte mise en mouvement par de petites haines.  ». Et pour tout dire, son livre n'est rien de moins que la comédie humaine de la V ème République.             Sont passés au crible de l'anecdote - souvent, mais aussi de l'analyse que donne le recul des ans : P ompidou, G iscard, M itterrand et C hirac, plus  certains de leurs satellites. Voire quelqu'un comme R eagan, dont l'auteur - qui a eu la chance de le suivre aux U.S.A lors de sa campagne au moment où l'ancien acteur briguait son premier mandat national, brosse un portrait qui va bien plus loin que les lieux communs qu'on lui associe d'ordinaire. G iesbert n'oublie pas de citer dans le texte - toujours un régal - E dgar F aure, d'assassiner la cour mitterrandienne ( F abius & A ttali), et de dire tout le mal qu'il

Le témoin du mal

Polar quasiment sans surprises, la quintessence du suspense quand c'est bien fait, « Le témoin du mal » verse immédiatement dans le malaise.              John Hobbes , un enquêteur de la police de Philadelphie qui a arrêté un tueur en série, lequel vient d'être exécuté, se retrouve à face à une nouvelle série de meurtres dont le modus operandi est similaire à celui du condamné qui vient d'être gazé.              Adoptant un point de vue omniscient le film donne une longueur d'avance au spectateur, ce qui permet donc d'entretenir un climat oppressant de bout en bout. Les scènes de possessions sont particulièrement réussies, tous les seconds rôles qui s'y collent donnent une interprétation vraiment saisissante. La palme revient cependant à E lias K oteas  qui a l'insigne honneur de commencer les hostilités. Et ça dépote sévère !             Sauf que le scénario de N icholas K azan, aussi retors que sont antagoniste, réserve tout de même une ou deux surprises

Longévité d'une imposture : Michel Foucault [Jean-Marc Mandosio]

Pourquoi s'en prendre à F oucault se demande J ean- M arc M andosio dans la seconde partie de son ouvrage, intitulée « Foucaultphiles et foucaulâtres » ? Et voici sa réponse : « Parce que le culte qui lui est voué, en France et à peu près partout ailleurs dans le monde (plus même peut-être qu'en France), constitue une excellente illustration du "dessèchement de la pensée par la répétition paresseuse de sempiternels lieux communs ou par une frénésie conceptualisatrice faisant souvent fi de toute rigueur" ».             Et de fait M andosio démonte avec rigueur « l'épistémè foucaldienne », souligne la réversibilité, en bon postmoderne qu'est F oucault, de ses propres concepts ; rappelle que F oucault lui-même affirmait écrire de la fiction, souvent dans un discours abscons. Énonce les différentes chapelles qu'il a fréquentées, en le reniant l'une après l'autre : le structuralisme, sa période gauchiste au centre expérimental de Vincennes (de triste m

Rabbit / Hole

Série télévisée en 8 épisodes, « Rabbit Hole » est, à première vue un thriller d'espionnage. Elle trame au sujet de nos données informatiques personnelles, évoquant assez fortement l'affaire Cambridge Analytica™, société spécialisée dans la  « gestion de crise ».  « Rabbit Hole » joue sur les faux-semblants, la paranoïa ; et d'ailleurs les deux créateurs de la série - G lenn F ricarra & J ohn R equa - de citer Les trois jours du Condor , À cause d'un assassinat ou encore Conversations secrètes .  Et pourtant « Rabbit Hole » n'a cessé, dès son premier épisode, de me remémorer une autre série télévisée : Mission : Impossible .             Comme Dan Briggs ou Jim Phelps , John Weir ( K iefer S utherland) est à la tête d'une équipe, où chacun est expert dans un domaine, chargée de remplir des mission délicates. Toutefois, comme Mission : Impossible en son temps « Rabbit Hole » est aussi (et en fait surtout) une métaphore sur le travail de créateurs de cont

Alfie [Christopher Bouix]

Selon certains commentateurs, et non des moindres, le roman à énigme (ou whodunit ) traduisait, pour les lecteurs d’ A rthur C onan D oyle ou d’ A gatha C hristie par exemple, une inquiétude sociale - liée à l’époque de son irruption dans l’imaginaire collectif - où le détective permettait, en résolvant ladite énigme, de la chasser ; tout en rétablissement de statu quo d’avant le dérèglement.              A gatha C hristie, déjà citée donc, a notamment et de façon remarquable apporté au kilafé un vent de subversion, dont Le meurtre de Roger Ackroyd est un quasi parangon.  Roman qui occupe par ailleurs, et pas par hasard, une place prépondérante dans « Alfie » de C hristopher B ouix.  Un auteur qui en reprenant la forme du whodunit exprime donc une inquiétude d’aujourd’hui, à savoir ce que l’on nomme un peu trop rapidement l’intelligence artificielle ou A.I..              Pour ce faire il utilise avec finesse le principe du célèbre roman de la romancière anglaise, qui pour le coup