Je me suis replongé dernièrement dans une aventure du Punisher, publiée sous le label MAX©, c'est-à-dire « qui s'adresse(nt) plus particulièrement à un public adulte ». Et ce n'est pas peu dire que cette histoire en 6 numéros, regroupés ici sous les bons auspices de Panini™ est particulièrement glauque.
Quand bien même repose-t-elle sur des ressorts dramatiques assez paresseux.
En effet, plus je lis, ou plutôt relis le travail du scénariste Garth Ennis, plus je le trouve surcoté.
Mais ma notule d'aujourd'hui ne s'adresse pas à lui.
Sans entrer dans les détails, « Les Négriers » s'intéresse au trafic sexuel humain organisé par une bande de criminels venue des Balkans.
Et c'est là que mon premier grief, si j'ose dire, se fait entendre.
Traduire « The Slavers » (le titre original) par « Les Négriers » est non seulement admissible, mais tout à fait conforme à ce que propose n'importe quel dictionnaire.
Sauf que le mot « négrier » renvoie plus précisément, comme il le laisse entendre d'ailleurs, au commerce des esclaves noirs, dans le cadre de ce qu'il est convenu d'appeler le « commerce triangulaire ». Où les marchand et les acheteurs étaient des Européens ou des Étasuniens, mais toujours des Blancs (et les esclaves des Noirs).
Or ici, les criminels en question font le commerce d'esclaves blanches.
C'est un détail me direz-vous. Certes !
Toutefois, l'esclavage a pris, en France notamment, ces dernières années, avec la loi dite Taubira d'abord, puis avec la vague woke (dont nous ne sommes toujours pas sortis), un tour pour le moins très orienté (sic).
Principalement en occultant le volet esclavagiste qui concerne la traite arabo-musulman, la traite inter-africaine, voire européenne comme l'étymologie nous y mènera.
On prête d'ailleurs à madame Taubira des propos qui font froid dans le dos : elle aurait ainsi déclaré en mai 2006 (soit un an avant la parution du recueil dont il est question ici), qu'il était préférable que les jeunes Arabes (sic) de l'Hexagone, « ne portent pas sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes ».
Une amnésie mémorielle dont je n'accuse bien évidement pas Nicole Duclos, mais dont sa propre traduction me semble être un symptôme passif de la doxa à l’œuvre (encore aujourd'hui).
C'est d'autant plus décevant que le mot même d'esclave vient du latin sclavus déformation de slavus qui signifie alors Slave.
Un mot apparu au cour du Haut Moyen Âge, moment où la plupart des esclaves étaient justement des Slaves des Balkans, et qui a donc donné esclave.
Bref pour le dire crûment en intitulant cet arc narratif disons « Marchands d'esclaves », on aurait bouclé la boucle (s'agissant justement d'esclaves slaves).
Tout en laissant entendre, à ceux qui le voulait bien, que l'esclavage ne concernait donc pas seulement la traite négrière.
Un autre point moins important, mais pas moins agaçant, concerne la manie de donner de « l'officier » à des policiers qui n'en sont pas, au sens que l'on donne à ce mot en France.
Le terme d'agent, voire de patrouilleur (comme on l'entend parfois au Québec), serait bien plus en accord avec les prérogatives et le travail de ceux à qui cela s'adresse.
Russ et Miller, les deux personnages ci-dessus, ne sont pas des officiers de police, lesquels - en France, pays auquel s'adresse la traduction dont je parle, assurent des fonctions de commandement opérationnel, sont détenteur d'un examen qui fait d'eux des officiers de polices judiciaire, ce qui leur donne le droit & le devoir de conduire des enquêtes.
Bref, rien à voir avec le travail de surveillance et d'intervention que ces deux personnages effectuent.
« Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur de ce monde », écrivait Albert Camus en 1944. [Sourire]
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