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Longévité d'une imposture : Michel Foucault [Jean-Marc Mandosio]

Pourquoi s'en prendre à Foucault se demande Jean-Marc Mandosio dans la seconde partie de son ouvrage, intitulée « Foucaultphiles et foucaulâtres » ?
Et voici sa réponse : « Parce que le culte qui lui est voué, en France et à peu près partout ailleurs dans le monde (plus même peut-être qu'en France), constitue une excellente illustration du "dessèchement de la pensée par la répétition paresseuse de sempiternels lieux communs ou par une frénésie conceptualisatrice faisant souvent fi de toute rigueur" ».
            Et de fait Mandosio démonte avec rigueur « l'épistémè foucaldienne », souligne la réversibilité, en bon postmoderne qu'est Foucault, de ses propres concepts ; rappelle que Foucault lui-même affirmait écrire de la fiction, souvent dans un discours abscons. Énonce les différentes chapelles qu'il a fréquentées, en le reniant l'une après l'autre : le structuralisme, sa période gauchiste au centre expérimental de Vincennes (de triste mémoire), les « Nouveaux philosophes » ; sa propension à se revendiquer dans les « marges », lui de professeur au Collège de France.
Mandosio cite aussi les propos glaçants de Michel Foucault sur la justice populaire.
            Mais ce dernier ne s'est pas contenté de rester dans de ciel des idées, il a aussi tâté du terrain ; notamment lors de l'affaire de Bruay-en-Artois, ou encore lors de la révolution iranienne où il ne cache pas son admiration pour Khomeiny. Admiration aussi pour Pierre Rivière, un jeune homme qui avait massacré - en 1835 - plusieurs membres de sa famille.
Il y a aussi quelques pages très intéressantes sur le « Parti imaginaire » : Julien Coupat, la revue Tiqqun, digne héritier de Foucault.
            Rien de neuf me direz-vous, pour qui s'intéresse au conceptorama de la French Theory™, mais Jean-Marc Mandosio connait son sujet, et cerise sur un gâteau que l'on dévore sans s'en rendre compte, il ne manque pas d'humour. Et parfois il n'a même pas à forcer son talent.
Comme lorsqu'on apprend qu'il y a non seulement une pensée de « gauche », mais aussi un « corps de gauche », dont celui de Foucault serait un parangon : « Mais à quoi reconnaît-on un corps de gauche ? Voici la réponse : il s'agit de "ce corps dont le cinéaste René Allio écrit [que] "de tout son être, il tend à ressembler, culminant dans son crâne rasé, à un sexe en érection ; et de toute son intelligence pénétrante"».
C'est donc, achève Mandosio, « littéralement une tête de nœud ... ».  
            Au contraire, quand bien même serait sûr de bien connaitre la nébuleuse dont Michel Foucault fait partie, avec Derrida, Deleuze, etc., et leurs fumeuses théories ; la percée du wokisme, qui doit tant à ces intellectuels, nécessite de se rafraîchir souvent la mémoire. 
            Avant de terminer je voudrais citer un extrait du livre de José-Guilherme Merquior :
« Nombreux sont ceux qui ont remarqué la parenté entre le type d'écriture de Foucault et le marché parisien des idées. George Huppert discerne le succès de Foucault à Saint-Germain-des-Prés dans sa capacité à donner "l'impression de dire quelque chose de radicalement nouveau alors que, en même temps, et à la satisfaction du jeune lecteur, il se révèle que ses découvertes s'intègrent suprêmement bien dans le mouvement général des idées qui sont alors en vogue". Cela est assez juste, mais il convient me semble-t-il d'y apporter une nuance : Foucault n'a peut-être en effet rien dit qui soit, en substance, radicalement nouveau, mais dans une certaine mesure il le renouvelait pour des oreilles radicales. »  
            Et le mot de la fin revient bien évidemment à Michel Foucault : « Le programme doit être vide ». 
Une lecture qui n'a jamais été aussi nécessaire.      

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