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Articles

Affichage des articles du novembre, 2021

HELLBOUND, L'ENFER [Yeon Sang-Ho / Choi Kyu-Sok]

Séoul.  Dans un bar, de nos jours, des adolescents commentent une vidéo qu’ils sont en train de regarder sur un smartphone, on y voit un jeune homme affirmant qu’un certain nombre d’individus dans le monde ont reçu ces dernières années des notifications téléphoniques concernant le temps qu’ils leur restaient à vivre (entre 3 jours et 20 ans).  Le jour dit de leur mort annoncée, trois « créatures » apparaissent et tuent le récipiendaire de ladite notification. Le jeune homme de la vidéo, Jeong Jinsu , le fondateur d’une communauté religieuse – NEO VERITAS – y voit l’acte de Dieu lui-même. Car les « damnés » seraient « tous des criminels » selon lui.  Toujours le même jour, pour la première fois, un Séoulite est l’objet d’une notification…..              Naguère la Corée du Sud , coincée entre le Japon et la Chine , n’était connue que pour ses exportations d’automobiles et de produits électroniques, ou pour son antagonisme avec le régime du Nord. Aujourd'hui elle est davantage connu

Saint-Elme [Serge Lehman & Frederik Peeters]

L’accroche est d’une simplicité biblique :  Le détective privé Franck Sangaré se rend dans la ville de Saint-Elme , sise dans un décor alpestre en bordure d’un lac. Il y retrouve l’une de ses collaboratrices, madame Dombre , afin de mener une enquête « dans l’intérêt des familles ».              Une simplicité que bat cependant en brèche une déclaration de F rederik P eeters ; « Je lui ai dit (à S erge L ehman) , ce qui serait bien c’est de faire un Twin Peaks écrit par J ean- P atrick M anchette ». Et l'ambition de ce récit prévu en cinq albums ne s'arrête visiblement pas là, puisque les deux auteurs ont décidé de faire dans l'iconique européen. Il s'agit pour L ehman & P eeters de faire de Saint-Elme l'archétype de la « ville isolée », un peu comme chez S imenon, où converge des préoccupations de proximités : mafia de l'est-européen, usine d'embouteillage ; dans un décors de lacs de montagne comme on peut en trouver dans le Jura ou aux alentours d

The Eternal [Chuck Austen/Kev Walker/Simon Coleby/Dave Sharp/Mike Raicht]

En 1975, après cinq ans passés chez la Distinguée Concurrence™, J ack K irby revient chez Marvel™ où il a connu ses plus grands succès. Il y amène l'idée d'une nouvelle série de bande dessinée, fruit d'influences extérieures, et d'un recyclage de ce qu'il a déjà produit.             Les Éternels 1976-1978 , puisque c'est de cette série dont il s'agit, est assez représentative du cœur nucléaire créatif qu'est devenu J ack K irby. S'il consomme moult sources allogènes (la théorie des « anciens astronautes » d' E rich von D äniken, le « Mystère » R ichard S haver, Les Enfants d'Icare du romancier A rthur C . C larke, voire certaines nouvelles de Sf d' O tto B inder), ainsi que ses propres travaux ( Black Cat #59 ou Fantastic Four #64) ; il transforme le tout en un nouveau combustible, capable d'énergiser l'imaginaire de n'importe quel lecteur. Même si pour le coup cette nouvelle série ne connaitra que 19 numéros sous son égide

Pig [Michael Sarnoski / Nicolas Cage]

Il est notoire que le pays de l’Oncle Sam n’est pas celui de P ierre T roisgros, ni celui de M aïté. Cependant, comme n’importe quelle image d’Épinal, celle-ci gagne à être nuancée.  « Pig », film iconoclaste de M ichael S arnoski, s’intéresse donc à un chasseur de truffes ……. en Oregon . Un État du Nord-Ouest des États-Unis connu pour ses terres fertiles, ses vins, ses fromages et sa gastronomie. Rien que ça.  Le réalisateur, qui en est aussi le scénariste (avec V anessa B lock), voit son long-métrage comme un « western dont le personnage principal ne serait pas le pistolero le plus rapide du Far-West, mais son meilleur cuisinier ». Iconoclaste donc !  Une sorte d’antithèse à Piège en haute mer 1992 , même si pour le coup « Pig » lorgne, dans ses prémices, plus du côté de John Wick que du film d’action d’ A ndrew D avis. À tel enseigne qu’on ne peut pas ne pas se dire que le choix d’un cochon truffier n’est sûrement pas anodin. Surtout s'il on sait que de nos jours, on utili

Sœurs dans la guerre [Sarah Hall / Éric Chédaille]

La mortalité des civilisations a été actée depuis déjà longtemps. Et la survie dans une société qui expérimente justement sa fin, souvent prise d’un sursaut totalitaire, par un groupe autonome n’est pas non plus une nouveauté.  La fiction en a fait un archétype, et la réalité se charge de nous rappeler que les « survivalistes » ne sont pas seulement un ingrédient de l’Imaginaire. Pas plus que la tentation totalitaire.  Rien qui empêche cependant quiconque de s’y frotter avec sa propre imagination.              C’est ce que fait S arah H all avec son roman « Sœurs dans la guerre » dont le titre original est peut-être plus encore explicite : The Carhullan Army .  Le Carhullan en question est un lieu, dans la Région des lacs dans une Angleterre fictive, où s’est regroupée une communauté de femmes, afin d’échapper à l’autoritarisme d’un gouvernement incapable de subvenir aux besoins de sa population, mais qui trouve l’énergie de l’oppresser et de guerroyer aux quatre coins du monde.    

Willie le zinzin [Stephen King / Pierre-Paul Durastanti]

« Willie le zinzin », publiée en avant-première mondiale - excusez du peu - dans la 104 eme livraison de la revue BIFROST, est une courte nouvelle d'atmosphère très très réussie. Traduite par P ierre- P aul D urastanti (un gage de qualité), elle est en outre illustrée par le talentueux N icolas F ructus.             En quelques pages seulement, presque un tour de force pour le prolixe auteur, S tephen K ing s'ingénie à brouiller les pistes de son récit pour une chute qui, si elle ne sera pas originale pour qui côtoie la littérature de (mauvais) genre, n'en est pas moins saisissante. Brrrillant !             Les éditions Le Bélial'™ n'en sont cependant pas à leur coup d'essai concernant l'auteur américain. Si mes souvenirs sont bons, la maison d'édition sise sur les bords de la Seine, à Saint-Mammès , a déjà publié dans sa revue trimestrielle deux nouvelles alors inédites en français : La nuit du tigre, et Mauvaise herbe .  Rien moins que de très surpre

Sarcophage [Phil Hester / Mike Huddleston]

Peut-être avez-vous remarqué la quasi omniprésence de crayons de bois sur les bureaux, aux U.S.A. . Si vous n'êtes jamais allé aux États-Unis d'Amérique , les séries télévisées et les films vous les ont sûrement montrés, bien visibles par poignées entières dans des pots. Outre que les américains apprennent à écrire au crayon à papier, et qu'ils gardent souvent l'habitude de s'en servir plus tard, j'ai appris que même les examens scolaires se font au crayon de mine. Cet ustensile souligne aussi, et c'est là où je voulais en venir, l'idée - presque constitutionnelle - d'une « deuxième chance ». Cette idée, cette tournure d'esprit, est aussi un puissant levier dramatique .....             « Sarcophage 2004 » est une mini-série de bande dessinée publiée aux U.S.A. en 4 numéros par l'éditeur ONI Press™, à un rythme bimensuel. Traduite en France , par N icolas M eylaender, elle sera réunie en recueil par SEMIC™ trois ans après la fin de sa publica

Frère Termite [Patricia Anthony / Maryvonne Ssossé]

B ryan E dward H ill, scénariste de bande dessinée et script doctor , propose une théorie que je partage ( sic ) .             Idéalement dit-il, dans un récit de (mauvais) genre « vous vous ne devriez pas avoir besoin du monstre, du voleur, du robot, etc. pour que votre conflit dramatique tienne la route. » Il doit y avoir, précise-t-il, un sérieux conflit dramatique avant même que ne soit introduit l'élément qui fera du récit en question un film de Sf, un roman de Fantasy ou que sais-je encore.  Pour étayer ses propos, il donne quelques exemples : • Die Hard parle selon lui d'un mariage dysfonctionnel causé par un déséquilibre dans la réussite professionnelle des McClane , accentué par leur éloignement géographique. John McClane pourrait être le protagoniste d'un drame sur la nécessité de changer personnellement s'il veut faire fonctionner son couple - sauf qu'ici, le bad guy Hans se pointe, et nous voilà dans un film d'action.  • L'Exorciste racont

Code Némésis [Phénix]

Ce thriller de presque 300 pages, repose sur les choix les plus contre-intuitifs que puisse prendre le personnage principal, et sur une distribution de « carte chance » qui déstabiliserait n'importe quel jeu de Monopoly ® qui se respecte. Néanmoins ....             L'accroche est on ne peut plus contemporaine : un père, divorcé, professeur de civilisation grecque à la Sorbonne, apprend que son fils a tenté de tuer le numéro 1 de la DGSE, et qu'il s'est - très - probablement enfui en Syrie .             Si l'auteur combine un scénario très à son avantage comme je l'ai dit, il soigne cependant l'arrière-plan géopolitique et militaire grâce à une documentation solide. Du moins autant que je puisse en juger.             Et le résultat, qui met en œuvre pour y parvenir des artifices biens connus, propose en définitive une fiction que je qualifierais, après U mberto E co ( in De Superman au Surhomme ) de « consolatoire ». Autrement dit un récit appartenant au re

L'Homme surnuméraire [Patrice Jean]

C’est à une « mammographie », pour emprunter un terme à la théorie que développe l’un des personnages du roman, que nous invite P atrice J ean.  Toutefois, à l’inverse du médecin radiologue, figure du savant, l'auteur n’offre pas un savoir objectif, froid, rationnel, mais une lecture particulière de la société ; passionnée et passionnante.  L'acuité de son roman, n’a cependant rien à envier à la  tomosynthèse du spécialiste.                 P atrice J ean y épingle cette soif de pureté que quelques-uns & quelques-unes érigent depuis quelque temps en absolu. Une prise d'otages moralisatrice où, pour montrer patte blanche ( sic ) , on doit constamment s’indigner. Une société de la transparence où tout est passé à la loupe de la moraline, où la présomption d’innocence des tribunaux populaires a depuis longtemps fait ses valises. Où, plutôt que débattre, on anathèmise celui qui n’est pas d’accord avec notre opinion. Dans le meilleur des cas.  Rien ne résiste à ce qu’il faut