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Articles

Affichage des articles du juillet, 2020

Lucy Loyd's Nightmare [Lucy Loyd / Mike Robb / Beverly]

Tarte à la crème dès qu'il est question d’évoquer, d’une manière ou d’une autre, une bande dessinée faite d'histoires courtes d'horreur, les défuntes éditions EC Comics ne sont à l’évidence pas pour rien dans la création de « Lucy Loyd’s Nightmare ».             Référence totémique à un âge d’or d’une bande dessinée subversive donc, « Lucy Loyd’s Nightmare » n’a heureusement rien de servile à proposer.             Récits gigognes, mises en abyme, un Quatrième mur™ quasi absent, l'histoire de « Lucy Loyd’s Nightmare » est de celles qui ont - volontairement- conscience d'en être une. Jusqu’à pousser les auteurs à utiliser des pseudonymes rien moins qu’innocents. La mise en récit, qui inventorie toute la grammaire de l'exercice de style, y ajoute une perspective à la cube de Necker, du meilleur effet. En sus, un humour noir et grinçant macabre s’agrippe méchamment à la plupart des situations, qui s’enchaînent malgré tout sans temps mort.             Un sourir

Au doigt et à l'oreille [Ross Thomas / Georges Alfred Louédec]

Série noire™ paru en 1982 « Au doigt et à l'oreille » est un excellent thriller d'espionnage. Écrite par R oss T homas, un auteur hautement recommandé par J ean- P atrick M anchette, ce dernier traduira quelques uns des romans du premier aux éditions Rivages © , cette histoire d'un peu moins de 300 pages se lit quasiment d'une traite.             Si n'importe quel lecteur de thrillers se trouvera vraisemblablement en terrain connu, le panache de certains personnages, et le veulerie des autres, tempérés par un humour communicatif des uns et des autres (parfois à leur dépend), emportera néanmoins le morceau. Ajoutez-y un scénario (très) alambiqué, et servez à température ambiante.             « Au doigt et à l'oreille » est une lecture rafraîchissante, un feel good roman dans lequel personne ne peut regretter d'avoir investi un peu de son temps. En tout cas R oss T homas est passé dans le peloton de tête de ma liste des auteurs à lire !  

Suicide Squad [Tom Taylor / Bruno Redondo / Adriano Lucas / Wes Abbott]

Inventée en 1959 pour les besoins d'une aventure qui n'a rien avoir avec ce qu'elle est devenue aujourd'hui, la Task Force X , dite Suicide Squad , prendra sa forme « définitive » grâce au scénariste J ohn O strander en 1987, du moins dans sa lettre d’intention. Un statu quo relatif, puisque la définition même de l’équipe est que ses membres sont, ni plus ni moins, que du consommable. Pour le dire vite, la « Suicide Squad » c'est Les Douze salopards version super-vilains.               Une poignée de super-criminels emprisonnés est donc recrutée pour des missions suicides. Lesquelles sont autant de bonus qui diminuent leur peine. Équipés d'un explosif crânien, qui peut être déclenché à n'importe quelle incartade, ils n’ont pas d’autres choix que d’obéir.              Ce qui fait l'intérêt de cette série, qui a connu plusieurs déclinaisons au fil du temps, c'est bien sûr l'incertitude qui pèse sur le sort des membres de l'équipe. Et, tout

Trackers, série télévisée d'après Deon Meyer

Thriller en six parties, « Trackers » est dominé par une distribution féminine qui fait la loi. Même Lemmer , le personnage à qui l’écrivain D eon M eyer a consacré deux romans, et qui adapte ici, avec un pool de scénaristes et un showrunner, le second, intitulé À la trace , n’est qu’un rouage, certes essentiel, à un plan qui le dépasse. Un plan qui n’est cependant que l’une des sous-intrigues de cette passionnante histoire, aux nombreuses ramifications.             Effectivement « Trackers » braconne sur plusieurs théâtres d’opération : la protection animal, le trafic de diamants de conflits, les gangs, la politique, et enfin le terrorisme. Situé principalement au Cap , en Afrique du Sud , les six épisodes n’omettent pas non plus l’ombre de l’Apartheid.             Trois femmes, disais-je, dominent donc de la tête et des épaules cette passionnante série télévisée. • S andi S chultz dans le rôle de Janina Mentz , la directrice du PBI, les services de renseignement, et qui au demeurant

House Call [Christopher Priest / Christopher Mooneyham]

Prévu pour le 27 mai dernier, ce numéro spécial a dû faire les frais de la pandémie. En tout cas je ne l'ai vu nulle part. Reste qu'une des histoires à rejoint l'opération numérique « DC Digital First », celle écrite par C hristopher P riest.             Le scénariste reprend en main un personnage de DC Comics © qu'il connait bien, pour en avoir écrit une douzaine de numéros, lorsqu'il s’appelait encore J ames O wsley ( 1 ) , en collaboration avec le dessinateur P hil G ascoine, fin 1988 et durant l'année 1989. Ce personnage c'est The Unknown Soldier .             Sur une idée tout ce qu'il y a de plus simple, C hristopher P riest utilise tout ce qui fait le scénariste qu'il est. En effet P riest a quelques tics d'écriture, volontairement adoptés, dont celui d'utiliser systématiquement plusieurs cases noires, qui rythment ses histoires au gré de phrases aussi courtes que sibyllines.             Une idée simple disais-je, où son art de la dig

Reconstitué [Sean Williams / Pascal Huot]

S ean W illiams est un auteur de science-fiction australien que j’ai découvert au détour d’une excellente nouvelle, Éternité , traduite dans le recueil Science-Fiction 2007 , à propos duquel j’avais parlé de Dommage collatéral de K ristine K athryn R usch, sur ce blog. Comme Éternité , « Reconstitué » appartient à la Hard Sf, un courant qui fait de la science un personnage à part entière de l’intrigue, voire parfois, le personnage principal du roman où elle apparaît. « Une menace n’était jamais une menace. C’était quelque chose que Jonah lui-même lui avait enseigné. Une menace était une erreur du criminel. Une menace était un indice. »             Ici S ean W illiams imagine un whodunit , tout à fait dans la tradition du genre, jusqu’à l’épilogue, mais entièrement basé sur une idée scientifique. Une science fiction pour l’instant, puisqu’il s’agit de la téléportation.             Traduit par P ascal H uot, dont j’ai pu lire après coup que son travail ne faisait pas l’unanimité, sau

10 Cloverfield Lane [Mary Elizabeth Winstead / John Goodman]

« 10 Cloverfield Lane » est un film qui se croit malin, et qui m'a persuadé qu'il l'était vraiment.             Dès le départ ça part très bien, le scénario souffle le chaud et le froid sur une situation que la mise en scène fait tout pour rendre ambiguë. Et la manipulation des subjectivités n'ira qu'en augmentant. L'interprétation n'est pas pour rien dans ce sentiment paranoïaque exacerbé.             La distribution, très réduite, impose au face à face entre Michelle et Howard Stambler d'être toujours juste. Même si J ohn G allagher dans le rôle d' Emmet propose quelques respirations bienvenues à l'ambiance crapoteuse qui s'installera. Et fort heureusement, M ary E lizabeth W instead et J ohn G oodman le sont ; au point de faire oublier qu'ils jouent la comédie ( sic ) .  Huis clos entre perversion carnassière et bonté déclarée, le film multiplie les fausses pistes en autant de ricochets déroutants. Plus le temps passe, et moins on

Dommage collatéral [Kristine Kathryn Rusch / Mikael Cabon]

« - Les Dobson m'ont accusé d'avoir eu envers leur fille un geste inapproprié ».             « Dommage collatéral » est une splendide nouvelle de K ristine K athryn R usch, uniquement disponible à ma connaissance dans l'anthologie que l'éditeur Bragelonne™ offrait en septembre 2007, pour l'achat d'un titre de leur collection Sf. Astucieuse, elle joue avec nos préjugés et nos a priori , pour mieux interroger ce qui fonde la notre morale.             Autrement dit, vu les temps que nous vivons, ce face à face avec nos propres câblages -sans cesse- sollicités, est quasi un exercice de survie intellectuelle.             Mais surtout, cette nouvelle ne se contente pas d'être l'illustration maligne d'une belle leçon, mais bien une fort belle histoire. Particulièrement émouvante.             Je crois bien que c'est le premier texte de K ristine K athryn R usch, et ça ne risque pas d'être le dernier. Bref, « Dommage collatéral » se taille en atten

Basketful of Heads [Joe Hill / Leomacs / Dave Stewart / Deron Bennett]

Durant de nombreuses années, sous le règne de la Comics Code Authority™, même les mots « horror »  ou « terror » n'avaient plus le droit de cité dans les fascicules de bande dessinée étasuniennes. Les comic books étaient alors un no man's land pour les vampires, les zombie et autres goules. Les temps ont depuis changé, et le regain cinématographique du genre a donné à l'éditeur DC Comics © l'idée d'embaucher l'écrivain polytrope J oe H ill, au sein de leur nouveau label, l’évidement bien nommé Black Label © . S'il n'occupe pas officiellement le poste d' editor , le DC Comics © lui a aménagé une collection à son nom. Et ce faisant, nul doute que ceux qui y travaillent y ont été invités par lui, et qu'il participe à la direction de la collection.              Outre « Basketful of Heads », une mini-série en sept numéros, la collection en question accueille plusieurs autres mini-séries : The Low, Low Woods ( C armen M aria M achado et D ani) ,