Durant de nombreuses années, sous le règne de la Comics Code Authority™, même les mots « horror » ou « terror » n'avaient plus le droit de cité dans les fascicules de bande dessinée étasuniennes. Les comic books étaient alors un no man's land pour les vampires, les zombie et autres goules.
Les temps ont depuis changé, et le regain cinématographique du genre a donné à l'éditeur DC Comics© l'idée d'embaucher l'écrivain polytrope Joe Hill, au sein de leur nouveau label, l’évidement bien nommé Black Label©.
S'il n'occupe pas officiellement le poste d'editor, le DC Comics© lui a aménagé une collection à son nom. Et ce faisant, nul doute que ceux qui y travaillent y ont été invités par lui, et qu'il participe à la direction de la collection.
Outre « Basketful of Heads », une mini-série en sept numéros, la collection en question accueille plusieurs autres mini-séries : The Low, Low Woods (Carmen Maria Machado et Dani) , The Dollhouse Family (écrite par Mike Carey et dessinée par Peter Gross), Daphne Byrne (Laura Marks & Kelley Jones) et Plunge encore par Joe Hill, mais cette fois avec Stuart Immonen.
À l'histoire principale respective de ces cinq titres, s'ajoute une série de complément, à suivre sur tous les titres, intitulée Sea Dogs.
Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'avec « Basketful of Heads » le natif du Maine (ME) ne se moque pas de nous !
Pourvu d'un collaborateur de grand talent à la planche à dessin, Joe Hill nous a concocté un survival au scénario plus tordu qu'un cric de buggy.
Il faudra en effet attendre la toute fin de l'histoire pour en avoir le fin mot. Mais rassurez-vous, entre temps, nos rétines auront le temps de s'imprégner de quelques décapitations et autres spectaculaires sévices. Et nos neurones ne chômeront pas non plus.
Leomacs (alias Massiliano Leomacs) , qui a notamment travaillé sur Tex Willer ou Dylan Dog pour l'éditeur transalpin Bonelli, mais aussi sur la série américaine Lucifer, apporte son savoir-faire indispensable à la réussite de l'entreprise.
Maîtrisant parfaitement son art, il est capable de transmettre l'émotion aussi bien grâce à l'expression d'un visage, qu'au travers un cadrage ou via le langage corporel des personnages.
Captivant, son storytelling imprime la juste cadence de lecture et donne le temps au texte de Joe Hill de jouer son propre rôle.
Les couleurs de Dave Stewart apportent le solfège d'ambiances nécessaires au déroulement de l'intrigue, et soutient vaillamment le travail de ses deux collègues.
Le lettrage est souvent le parent pauvre de l'équipe.
Et pourtant un bon lettreur est non seulement nécessaire mais indispensable.
Deron Bennett, que je ne connaissais pas, semble être de ceux-là.
Joe Hill est devenu suffisamment connu pour s'endormir sur ses lauriers. Il aurait pu surfer sur sa notoriété, et proposer une série d'épouvante ordinaire qui coche toutes les bonnes cases du genre pour satisfaire les aficionados.
« Basketful of Heads » est pourtant bien plus que ça.
Grâce à son talent et à celui de ses coéquipiers, il donne à lire une excellente histoire. La manière dont elle se déroule me laisse croire qu'il ne prend pas son job dans la BD par-dessus la jambe.
Pas plus que ses collègues d'ailleurs.
Bref, « Basketful of Heads » est une de ces séries qui sortent franchement du lot !
À lire absolument (probablement chez Urban Comics© et en français pour ceux qui n'entravent pas l'english américain).
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