Accéder au contenu principal

La vengeance du comte Skarbek [Yves Sente / Grzegorz Rosinski]

Remake d'un roman-feuilleton devenu depuis un quasi stéréotype « La vengeance du comte Skarbek2004-2005 », se lit pourtant avec beaucoup de plaisir.
            Si les improbables rebondissements n'y sont pas pour rien, les planches de Grzegorz Rosinski, en couleurs directes, suffisent pratiquement, à elles seules, à captiver. 
D'une certaine manière, Grzegorz Rosinski raconte bien plus avec une seule vignette que les gros pavés de texte d'Yves Sente.
Il y a ce qu'on voit bien sûr, mais aussi ce qu'on ressent. L'artiste polonais invoque bien plus que ce que l'image donne à voir.
D'autant qu'il est aussi doué question peinture que storytelling. La couleur directe a en effet tendance à figer le récit ; ici rien de tel !  
C'est même plutôt l'inverse. 
            Ainsi Alan Moore, pour prendre quelqu'un qui sait de quoi il parle, citait souvent Mort Weisinger (un influent editor chez DC Comics© dans les années 1960) à propos du ratio mots/case: « Ce que Weisinger disait c'était : si vous avez six cases par page alors le maximum de mots que vous devez avoir dans chaque case ne doit pas excéder 35. Pas plus.
C'est le maximum. 35 mots par case. En outre, si une bulle a plus de 20 ou 25 mots, c'est trop. 25 mots est un maximum absolu. [...] six cases, 35 mots par cases, ça veut dire 210 mots par page au maximum.[..]. Voilà la raison pour laquelle je compte d'une manière obsessionnelle tous les mots de mes scénarios, de manière à ne pas submerger les dessins. J'ai déjà vu des bandes dessinées où les ballons, énormes, remplissaient tout l'arrière-plan...
». 
Et pour le coup, Yves Sentes ankylose encore la lecture en limitant le nombre de phylactères dont il se sert. Même lorsque le texte est court il paraît long.
Rien d'insurmontable : mais lorsqu'on a quelqu'un d'aussi doué que Grzegorz Rosinski pour collaborateur, il faut savoir dégraisser sa prose.
Un conseil qui par ailleurs peut s'appliquer à bon nombre de bandes dessinées.
            En définitif, la source d'inspiration un peu trop voyante et la prolixité du scénariste n'arrivent pas à ternir le plaisir qu'on prend à cette histoire en deux tomes. 
Grâces en soient rendues au talent de Rosinski !  

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Wheelman [Frank Grillo / Jeremy Rush]

En partie produit, et surtout entièrement cornaqué par War Party™, la société de production de J oe C arnahan & de F rank G rillo, et magistralement interprété par ce dernier ; « Wheelman 2017 » repose sur la règle des 3 unités du théâtre dit classique :  • Unité temps : Une nuit.  • Unité d'action : Une attaque à main armée ne se déroule pas comme prévue.  • Unité de lieu : Une BMW E46  Autrement dit, 98% du film se déroule dans une voiture avec seulement F rank G rillo au volant et à l’écran. Son personnage n'interagit avec l'extérieur quasiment que via un téléphone portable.              Tourné à Boston en seulement 19 jours, pour un budget légèrement supérieur à 5 millions de dollars, « Wheelman » est, au moment des comptes, une péloche dégraissée et bien relevée.  D'entrée de jeu les premières minutes donnent le ton : « l'homme au volant » du titre a été embauché pour être chauffeur lors d'un braquage à main armée. Divorcé, sa fille adolescente, d