L’idée que quelque chose se cache derrière le vernis du réel imprègne la culture occidentale de manière beaucoup plus prégnante que le sommet de l’iceberg complotiste ne nous le laisse croire.
Ainsi y a-t-il des forces souterraines qui agissent en nous, qui nous manœuvrent en sous-main et dont nous sommes d’autant plus les pantins que nous en ignorons l’existence. Du moins si l’on en croit Freud, Marx, ou même Nietzsche (liste non exhaustive). Ce que Paul Ricœur a par ailleurs appelé « l’herméneutique du soupçon ».
On comprend dès lors qu’avec de tels parrains notre vision supposée rationnelle du monde puisse s’appuyer sur des fable ; inclination culturelle qu'amplifie aujourd'hui l’omniprésence de l'internet.
« Elle n'était qu'une fille avec une guitare, la guitare en moins. »
Un courant musical qui n'a jamais craint de se frotter aux arrière-mondes de la Fantasy et du satanisme, avec plus ou moins de recul. Et c'est justement sur la distance que peuvent entretenir les métaleux avec ces muses que joue l'auteur.
Trente chapitres, dont chaque titre renvoie à la chanson d'un groupe de Métal, seront nécessaires à Kris pour solder une trahison autant artistique que personnelle vieille d'une trentaine d'année.
« Détruire les monstres » est un metal « noir », comme on peut le dire d'un roman ou d'un film. Autrement dit un récit où le monde la vie apparaît uniquement comme un traquenard, plus ou moins douloureux.
Toutefois la virée de Kris Pulaski emprunte des détours qui n'ont pas manqué de me faire douter de ma taxinomie.
En effet, au plaisir que peut susciter le road trip de l'ex-guitariste de Dürt Würk™ s'ajoute le malaise grandissant de l’inquiétante incertitude des faits qui nous sont relatés.
Alors que nous sommes dans une fiction revendiquée comme telle, Grady Hendrix nous force néanmoins à nous poser des questions sur les faits qui nous sont relatés.
L'un des atouts de « Détruire les monstres » réside d'ailleurs en ce qu'il juxtapose les niveaux de lecture.
Metal noir et/ou roman fantastique, « Détruire les monstres » est surtout un sacrément bon roman. L'un de ceux qui continuent d'occuper vos pensées, alors même que vous l'avait fini.
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