Accéder au contenu principal

Détruire tous les monstres [Grady Hendrix / Héloïse Esquié]

L’idée que quelque chose se cache derrière le vernis du réel imprègne la culture occidentale de manière beaucoup plus prégnante que le sommet de l’iceberg complotiste ne nous le laisse croire. 
Ainsi y a-t-il des forces souterraines qui agissent en nous, qui nous manœuvrent en sous-main et dont nous sommes d’autant plus les pantins que nous en ignorons l’existence. Du moins si l’on en croit Freud, Marx, ou même Nietzsche (liste non exhaustive). Ce que Paul Ricœur a par ailleurs appelé « l’herméneutique du soupçon ». 
On comprend dès lors qu’avec de tels parrains notre vision supposée rationnelle du monde puisse s’appuyer sur des fable ; inclination culturelle qu'amplifie aujourd'hui l’omniprésence de l'internet.
« Elle n'était qu'une fille avec une guitare, la guitare en moins. »
            Avec
« Détruire les monstres » Grady Hendrix nous offre un voyage dans l'univers du heavy metal.
Un courant musical qui n'a jamais craint de se frotter aux arrière-mondes de la Fantasy et du satanisme, avec plus ou moins de recul. Et c'est justement sur la distance que peuvent entretenir les métaleux avec ces muses que joue l'auteur. 
            Trente chapitres, dont chaque titre renvoie à la  chanson d'un groupe de Métal, seront nécessaires à Kris pour solder une trahison autant artistique que personnelle vieille d'une trentaine d'année. 
            « Détruire les monstres » est un metal « noir », comme on peut le dire d'un roman ou d'un film. Autrement dit un récit où le monde la vie apparaît uniquement comme un traquenard, plus ou moins douloureux. 
Toutefois la virée de Kris Pulaski emprunte des détours qui n'ont pas manqué de me faire douter de ma taxinomie.
En effet, au plaisir que peut susciter le road trip de l'ex-guitariste de Dürt Würk™ s'ajoute le malaise grandissant de l’inquiétante incertitude des faits qui nous sont relatés.
Alors que nous sommes dans une fiction revendiquée comme telle, Grady Hendrix nous force néanmoins à nous poser des questions sur les faits qui nous sont relatés.
L'un des atouts de « Détruire les monstres » réside d'ailleurs en ce qu'il juxtapose les niveaux de lecture.
            Metal noir et/ou roman fantastique, « Détruire les monstres » est surtout un sacrément bon roman. L'un de ceux qui continuent d'occuper vos pensées, alors même que vous l'avait fini.        

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Big Wednesday (John Milius)

Une anecdote circule au sujet du film de J ohn M ilius, alors qu'ils s’apprêtaient à sortir leur film respectif ( La Guerre des Etoiles , Rencontre du Troisième Type et Big Wednesday ) G eorge L ucas, S teven S pielberg et J ohn M ilius  auraient fait un pacte : les bénéfices de leur film seront mis en commun et partagés en trois. Un sacré coup de chance pour M ilius dont le film fit un flop contrairement aux deux autres. Un vrai surfeur ne doit pas se laisser prendre au piège de la célébrité  Un vrai surfeur ne doit pas se sentir couper des siens. Il ne doit pas courir derrière les dollars, ni gagner toutes les compétitions. [..] M idget F arrelly champion du monde de surf 1964  ... Big Wednesday est l'histoire de trois jeunes californiens dont la vie est rythmée par le surf ; on les découvre en pleine adolescence au cours de l'été 1962, et nous les suivrons jusqu'à un certain mercredi de l'été 1974.   L'origine du surf se perd dans la nuit des