Compte à rebours aux allures d'une catastrophe annoncée, « L'Indice de la peur », titre homonyme du surnom d'un véritable indice - dit de volatilité - des marchés financiers, le roman de Robert Harris brouille astucieusement les pistes jusqu'à ce que l'évidence rende les choses inéluctables.
Récit sans concessions au (mauvais) genre qu’il revendique, les péripéties et les personnages honorent néanmoins un classique de la littérature dont on dit qu'il a vu le jour sur les rives du Lac Léman. Et avec qui il partage un patrimoine commun.
C'est d'ailleurs essentiellement sur ses rives que se déroule « L'Indice de la peur », et plus précisément au cœur de Genève, une ville qui sans conteste incarne le plus universellement, au coude-à-coude avec Wall Street et la City, le monde des banques et de la finance.
Robert Harris y plante donc un fait divers qui au fil des pages se révélera l'innocent village Potemkine™ d'une bien plus dangereuse menace. Une histoire inspirée d’événements qui se sont réellement déroulés en 2010.
La solidité de l'intrigue est soutenue par une brochette de personnages que le savoir-faire de l'auteur dote de suffisamment de charisme pour susciter notre intérêt.
Si Alexander Hoffmann, ex-scientifique attaché au CERN, et actuel patron d'un fond d'investissement ; et son épouse, Gabrielle, une artiste dont la démarche artistique mime - symboliquement - celle plus prosaïque de son mari, s'accaparent les attentions de l'auteur, ce dernier n'oublie pas l'importance des rôles secondaire ; quand bien même n’occupent-ils que des strapontins.
Pas plus qu'il n'oublie d'ailleurs celui de son antagoniste principal, dans la mesure où la qualité d’une histoire dépend souvent du méchant qu’elle met en scène.
« L'Indice de la peur » ne renouvelle certes pas formule du thriller en créant un nouveau paradigme, il n'en demeure cependant pas moins qu'il utilise l'algorithme à sa disposition avec le sang-froid d'un opérateur de marché et la science d'un vieux routier du (mauvais) genre.
Reste donc un roman qui encourage l'impatience, et se révèle à la hauteur des espérances d'évasion que son titre promettait.
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