Accéder au contenu principal

Du bruit sous le silence [Pascal Dessaint]

Le roman policier est, en partie, devenu depuis le début du XXe siècle l'occasion d’autopsier la société dans laquelle se déroule l'enquête qu'il se propose de raconter.
C'est parfois sa seule motivation. Au détriment du frisson de l'enquête judiciaire proprement dite.
            Si Pascal Dessaint prend quelques libertés avec la procédure, « Du bruit sous le silence » est cependant un Polar très bien ficelé dans lequel le crime n'est pas une simple excuse. 
Parfois très didactique, notamment sur le rugby, son roman n'est pourtant jamais ennuyeux.
D'autant que les explications sur ce « sport de voyou joué par des gentlemen » est nécessaire puisque c'est lui qui fait les frais de l'autopsie en question.
            Absent de la liste des Mythologies™ de Roland Barthes ce sport, dont on dit qu'il a été inventé par un certain William Webb Ellis en 1823, n'y aurait pourtant pas voler sa place.
Dans les pages de son roman Pascal Dessaint parle du rugby comme « d'un sport janséniste, fondé sur la démonstration d'une excellence ». Et surtout,il fait des joueurs des dieux qui sont « pour quelques instants, la clef qui ouvre la Nature, le geste pur qui sépare le Bien du Mal et dévoile la figure d'une Justice enfin intelligible ».  
Mais comme au royaume de Danemark, il y a quelque chose de pourri au Racing Club Toulousain©.
             Peut-être en partie autobiographie, Pascal Dessaint est né à Dunkerque est s'est ensuite installé à Toulouse, comme le commissaire principal Élie Verlande. « Du bruit sous le silence » est en tout cas très bien documenté. L'auteur a d'ailleurs avoué un travail d'enquête approfondi sur le milieu ; fréquentant les entraînements, les bars, en allant aux matchs. A priori très bien reçu lors de sa commercialisation, en 1999, au moment où le rugby connaissait quelques bouleversements quant au statut des joueurs, « Du bruit sous le silence  » s'il déconstruit la mythologie qui entoure ce sport le fait avec beaucoup de panache, et un sens du verbe que n'auraient sûrement pas renié des gens comme Daniel Herrero ou Roger Couderc.
            Un très chouette roman policier, qui me fait regretter que le sport ne soit pas plus souvent associé à ce (mauvais) genre.      

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'...

Le KU KLUX KLAN (3)

... Quelque soit son véritable poids idéologique ou même politique aujourd'hui, le Ku Klux Klan a déteint sur la culture de masse ; qui n'a pas entendu parler de la célèbre marque de cigarettes  Marlboro et des trois "K" présents sur son paquet, d'un homme qui en regarde un autre pendu (dont on ne verrait que les jambes), et sur la troisième image : la silhouette d'un Klansman ...  (liste non-exhaustive) . Marlboro n'est d'ailleurs pas la seule marque de cigarettes à avoir eu droit à des investigations sur la signification du design de son paquet de cigarette, Camel aussi. Dés les débuts du Klan , le bruit court que ces cavaliers "surgis hors de la nuit" sont les fantômes des soldats Confédérés morts au combat, des soldats qui ayant vendu leur âme au Diable sont de retour ici-bas et annoncent l'Apocalypse. Le nom même du groupuscule a longtemps était entendu comme le bruit que fait la culasse d'un fusil lorsqu'on l...

Nebula-9 : The Final Frontier

... Nebula-9 est une série télévisée qui a connu une brève carrière télévisuelle. Annulée il y a dix ans après 12 épisodes loin de faire l'unanimité : un mélodrame bidon et un jeu d'acteurs sans vie entendait-on très souvent alors. Un destin un peu comparable à Firefly la série de J oss W hedon, sauf que cette dernière bénéficiait si mes souvenirs sont bons, de jugements plus louangeurs. Il n'en demeure pas moins que ces deux séries de science-fiction (parmi d'autres telle Farscape ) naviguaient dans le sillage ouvert par Star Trek dés les années 60 celui du space opera . Le space opera est un terme alors légèrement connoté en mauvaise part lorsqu'il est proposé, en 1941 par l'écrivain de science-fiction W ilson T ucker, pour une catégorie de récits de S-F nés sous les couvertures bariolées des pulps des années 30. Les pulps dont l'une des particularités était la périodicité ce qui allait entraîner "une capacité de tradition" (...