Comme le roman homonyme du célèbre Tom Clancy, dont il est la très libre adaptation, « Sans aucun remords » est l'apax existentiel de John Kelly - lequel évènement unique conditionnera le reste de son existence - un personnage récurrent de ce qu'il est convenu d'appeler le Ryanverse©. Une franchise romanesque ayant pour axe central le personnage de Jack Ryan, un analyste de la CIA d'encre et de papier, que sa carrière, passée via le cinéma et la télévision, a installé dans l'imaginaire collectif occidental.
Laissant derrière lui les années 1970, le Vietnam, John Milius, Keanu Reeves, Laurence Fishburne, Christopher McQuarrie ou encore Tom Hardy, l'acteur Michael B. Jordan recrute Stefano Solima et les scénaristes Taylor Sheridan & Will Staples pour qu'ils lui taillent dans un uniforme de Navy SEAL™ qui allait pourtant très bien à son personnage, une toute nouvelle panoplie de redresseur de torts, motivé par la vengeance.
Ne gardant que l'idée-force du roman, le pool créatif l'étoffe donc d'un contexte géopolitique contemporain, qui débouchera sur un film que sa faiblesse scénaristique ne parviendra pas totalement à hisser au niveau qui aurait pu être le sien. Et ce, malgré quelques idées intéressantes comme la diversion en la personne d'un agent de la CIA antipathique, le contrepied concernant le lieutenant Geer après que son arme se soit enrayée, ou l'étrange « séance des prénoms ».
La réalisation, plutôt rentre-dedans de Stefano Solima, compte elle aussi plusieurs très bonnes idées de mise en scène ; dont l'arrivée du commando SEAL™ à Alep en Syrie, ou encore l'utilisation ingénieuse d'une lampe-torche.
Néanmoins dans sa volonté d'augmenter la côte de dur-à-cuire de son personnage principal, le film s'attaque bien trop agressivement à la crédulité des spectateurs. Souvent au mépris du but que le personnage principal est sensé vouloir atteindre (l'attaque de la voiture, puis son incendie : pour quel résultat(s) ?). Idem lorsque John Kelly se voit en futur père de famille idéal, tout droit d'un catalogue de bonne manières (baille).
En outre, à trop vouloir faire de Michael B. Jordan une vedette (sic), le reste du casting reste en rade (sic) question background.
Mention spéciale « out of character » pour l'agent double (?), dont l'ultime action est aussi ridicule qu'inutile vu le peu de caractérisation dont il a fait l'objet.
Son supérieur ne s'en tirera pas beaucoup mieux.
Difficile de croire que ce scénario est aussi l'œuvre de Taylor Sheridan !
Mais je ne serais pas surpris d'apprendre que « Sans aucun remords » est surtout l'œuvre de son acteur principal, vu la place qu'il y occupe, et surtout la manière dont il le fait.
Dommage, il ne manquait pas grand-chose pour faire de ces 1 heures 49 de long-métrage un bon actionner ; d'ailleurs en y réfléchissant, un nouveau montage (amincissant) et une ou deux explications supplémentaires pourraient encore y parvenir.
En l'état, « Sans aucun remords » est un film qu'on peut ne pas voir ….. sans aucun remords (sic).
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