D'abord écrit en hébreu, Unité 8200 (prononcer 8-200) a connu un très beau succès en Israël. Traduit en anglais, il a cependant eu du mal à trouver un acquéreur anglo-saxon ; les acheteurs potentiels trouvaient l'intrigue incompréhensible pour des non-israéliens
C'est finalement l'éditeur Christopher MacLehose qui l’achètera, en demandant lui aussi, quelques remaniements [Pour en savoir +].
Traduit de l'anglais au français par Françoise Bouillot, Unité 8200 est disponible aux éditions Liana Levi.
Une version qui si elle transpose les grades israéliens en français au contraire de la version anglaise. Ainsi « segen » devient-il lieutenant, ou plutôt lieutenante.
Par le fait, Unité 8200 adopte la féminisation des grades militaire (sergente, soldate), mais ce choix disparait en cours de route, et la lieutenante Oriana Talmor redevient un lieutenant pendant la plus grande partie du roman.
Outre que je me suis demandé si l'armée israélienne pratiquait elle aussi la féminisation de ses grades, je n'ai pu que constater que ce choix tombait assez mal.
En effet « lieutenant » est formé des mots « tenant » et « lieu », autrement dit de tenant lieu, de remplaçant. On trouve d'ailleurs encore un grade dans l'Armée de Terre française, celui de « lieutenant-colonel », qui garde les traces de son origine. Le lieutenant est donc celui qui est amené à remplacer son chef, ce que Unité 8200 illustrera d'ailleurs par l'exemple. Une « tenant lieu » et non pas une « tenante lieu ».
Bref, à vouloir s'affranchir de toutes les règles sans les connaître, on en arrive à des situations bien peu élégantes, qui pour la coup n'apportent pas grand chose, mais finissent par ressembler à ce qu'elles sont : des gadgets. Dont l'inutilité ne résiste pas au quelque 380 pages du roman de Dov Alfon. De là à penser que cela puisse changer les mentalités ....
Mais quid du roman en question ?
Unité 8200, bien que gardant quelques traces d'une intrigue à base d'espionnage de bout en bout, ressortit bien au polar. Mais ce qui le différencie vraiment de ses homologues c'est son ton badin, la désinvolture avec laquelle cette enquête au plus haut de l'État d'Israël, mettant en branle ladite Unité 8200, que l'on compare à la NSA étasunienne, est traitée. Ou plutôt que la désinvolture, l'amateurisme des uns et des autres.
Dov Alfon risque de conforter ceux qui pensent que les affaires de l'État, et pour le coup pas seulement israélien, son roman brasse la géopolitique à un niveau multipolaire, sont menées par des amateurs sans scrupules.
Et que les gentils (sic) doivent surtout compter sur la chance, plutôt que sur leurs compétences.
Au bout de l'élan il reste un roman très rythmé, les 384 pages sont découpées en 121 chapitres, réjouissant, et un peu flippant. Mais très agréable à lire.
Et si d'aventure vous deviez être surpris par la jeunesse de certains des personnages, en regard de leur poste hiérarchique & stratégique, Dov Alfon lui-même ancien officier de renseignement israélien a déclaré, dans une interview, s'être retrouvé, à 21 ans, à la tête d'un budget équivalent à cinq millions de dollars.
Dont acte.
C'est finalement l'éditeur Christopher MacLehose qui l’achètera, en demandant lui aussi, quelques remaniements [Pour en savoir +].
Traduit de l'anglais au français par Françoise Bouillot, Unité 8200 est disponible aux éditions Liana Levi.
Une version qui si elle transpose les grades israéliens en français au contraire de la version anglaise. Ainsi « segen » devient-il lieutenant, ou plutôt lieutenante.
Par le fait, Unité 8200 adopte la féminisation des grades militaire (sergente, soldate), mais ce choix disparait en cours de route, et la lieutenante Oriana Talmor redevient un lieutenant pendant la plus grande partie du roman.
Outre que je me suis demandé si l'armée israélienne pratiquait elle aussi la féminisation de ses grades, je n'ai pu que constater que ce choix tombait assez mal.
En effet « lieutenant » est formé des mots « tenant » et « lieu », autrement dit de tenant lieu, de remplaçant. On trouve d'ailleurs encore un grade dans l'Armée de Terre française, celui de « lieutenant-colonel », qui garde les traces de son origine. Le lieutenant est donc celui qui est amené à remplacer son chef, ce que Unité 8200 illustrera d'ailleurs par l'exemple. Une « tenant lieu » et non pas une « tenante lieu ».
Bref, à vouloir s'affranchir de toutes les règles sans les connaître, on en arrive à des situations bien peu élégantes, qui pour la coup n'apportent pas grand chose, mais finissent par ressembler à ce qu'elles sont : des gadgets. Dont l'inutilité ne résiste pas au quelque 380 pages du roman de Dov Alfon. De là à penser que cela puisse changer les mentalités ....
Mais quid du roman en question ?
Unité 8200, bien que gardant quelques traces d'une intrigue à base d'espionnage de bout en bout, ressortit bien au polar. Mais ce qui le différencie vraiment de ses homologues c'est son ton badin, la désinvolture avec laquelle cette enquête au plus haut de l'État d'Israël, mettant en branle ladite Unité 8200, que l'on compare à la NSA étasunienne, est traitée. Ou plutôt que la désinvolture, l'amateurisme des uns et des autres.
Dov Alfon risque de conforter ceux qui pensent que les affaires de l'État, et pour le coup pas seulement israélien, son roman brasse la géopolitique à un niveau multipolaire, sont menées par des amateurs sans scrupules.
Et que les gentils (sic) doivent surtout compter sur la chance, plutôt que sur leurs compétences.
Au bout de l'élan il reste un roman très rythmé, les 384 pages sont découpées en 121 chapitres, réjouissant, et un peu flippant. Mais très agréable à lire.
Et si d'aventure vous deviez être surpris par la jeunesse de certains des personnages, en regard de leur poste hiérarchique & stratégique, Dov Alfon lui-même ancien officier de renseignement israélien a déclaré, dans une interview, s'être retrouvé, à 21 ans, à la tête d'un budget équivalent à cinq millions de dollars.
Dont acte.
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