••• Point d'orgue des années « Vietnam » pour Frank Castle (alias The Punisher) La Section s'apprécie d'autant plus que l'on a en tête les recueils précédents, intitulés respectivement Born et Valley Forge, Valley Forge (les 1er et 13ème tomes de la série The Punisher dans sa version MAX).
Born : Garth Ennis/Darick Robertson/Nicole Duclos
Born, sous couvert de réécrire les origines du Punisher, est avant tout un récit de guerre. Garth Ennis n'a jamais fait mystère de l’intérêt qu'il portait au genre. Si le scénariste d'Irlande du Nord n'est pas quelqu'un qui glorifie la guerre, il ne cache pas l'affection qu'il porte aux individus qui y font leur devoir. Celui de protéger leurs camarades.
Quand bien même n'ont-ils pas choisi d'être là où ils sont, pas plus qu'ils ne partagent forcément l'idéologie sensée être défendue par le conflit en question.
Born ni va pas par le dos de la cuillère, et démontre que l'hapax existentiel* de Central Park n'est jamais que le détonateur d'une énergie destructrice alimentée par l'administration américaine.
Le dessin de Darrick Robertson et l'encrage très « gras » de Tom Palmer conviennent parfaitement à l'ambiance. Tout comme les couleurs de Paul Mounts. La guerre n'est pas une partie de plaisir, et il me semble que ni le récit d'Ennis, ni les planches de l'équipe artistique ne pourraient servir à une campagne de recrutement.
Valley Forge, Valley Forge : Garth Ennis/Goran Parlov/Nicole Duclos
Valley Forge du nom de la base d'appui feu où se sont déroulées les éventements relatés dans Born, se déroule cette fois-ci aux États-Unis à l'époque contemporaine. Comme l'illustration ci-contre le dévoile, ce qui s'est passé fin 1971 au Vietnam, à fait l'objet d'un livre, écrit par le frère d'un des camardes de Frank Castle. Parallèlement à des extraits du livre, nous suivront une opération mené par un groupe des forces spéciales américaines, chargé de capturer le Punisher.
Si ce dernier est bien le personnage principal, il est surtout ici, un catalyseur. Sorte de McGuffin™ il permet à Garth Ennis de dresser le portrait de différents individus, et d'écrire encore un récit de guerre. Une des plus belle histoire d'Ennis qu'il m'a été donné de lire.
Goran Parlov s'y montre aussi à l'aise lorsqu'il s'agit d'exploser la baraque, que lors des moments plus introspectifs, ou lors des discussion entre les personnages. Une belle leçon de mise en récit séquentielle.
••• Pour La Section, Parlov fait de nouveau équipe avec Garth Ennis, et Jordie Bellaire s'occupe dorénavant des couleurs, en lieu et place de précédemment Lee Loughridge.
Mathieu Auverdin (de MAKMA) remplace Nicole Duclos à la traduction.
Fait particulièrement notable, Garth Ennis contrairement à ce qu'il a fait sur Born et Valley Forge, Valley Forge, s'intéresse aux adversaires de Frank Castle et de sa section. Au point de faire parler un personnage « semi historique », Letrong Giáp.
Il articule son histoire autour des souvenirs d'une partie des rescapés qu'a commandée Frank Castle, lors de son premier séjour au Vietnam. Lesquels sont évoqués lors d'un entretien mené par Michael Goodwin, l'auteur du livre sur Valley Forge dont il est question dans le recueil presque homonyme (voir supra).
Dans cette histoire, en autant de chapitres que de numéros mensuels parus aux U.S.A entre octobre 2017 et février 2018, Garth Ennis est au sommet de son art.
Très documentée, La Section n'en oublie pas pour autant de se placer à hauteur d'homme, et surtout de donner la parole à la résistance vietnamienne. Un point de vue pas si fréquent que ça, s'agissant de fiction américaine. La réécriture du « roman national » de s'encombre pas souvent, il est vrai, de la contradiction.
Et surtout, aucun des personnages croisés dans ces pages n’apparaît comme tels.
Par la grâce de son écriture Garth Ennis les transforme en individus. Soutenu il est vrai par le trait fin et expressif de Goran Parlov. Pour ce dernier un dessin vaudra bien mieux qu'un long discours, et cette page infra me paraît être un bon résumé du spectre de son talent :
••• Avec La Section, Garth Ennis affine le portrait de Frank Castle, un personnage dont il a pris les rennes il y a déjà longtemps, mais qui n'a jamais été aussi bien écrit. Et révèle en creux son alter ego.
Corolaire lorsqu'on écrit sur un archétype aussi puissant, c'est aussi une page d'Histoire de l'Amérique que document ici Ennis.
Avec La Section le scénariste boucle (pour l'instant ?) un nouveau chef-d’œuvre (dans lequel j'inclus bien évidemment les indispensables Born et Valley Forge, Valley Forge), au cœur d'une d’œuvre pourtant déjà très riche en scénarios exceptionnels.
_____________
* Hapax existentiel : Un évènement qui ne peut se présenter qu'une seule fois, et qui conditionne le reste d'une vie.
Born : Garth Ennis/Darick Robertson/Nicole Duclos
Born, sous couvert de réécrire les origines du Punisher, est avant tout un récit de guerre. Garth Ennis n'a jamais fait mystère de l’intérêt qu'il portait au genre. Si le scénariste d'Irlande du Nord n'est pas quelqu'un qui glorifie la guerre, il ne cache pas l'affection qu'il porte aux individus qui y font leur devoir. Celui de protéger leurs camarades.
Quand bien même n'ont-ils pas choisi d'être là où ils sont, pas plus qu'ils ne partagent forcément l'idéologie sensée être défendue par le conflit en question.
Born ni va pas par le dos de la cuillère, et démontre que l'hapax existentiel* de Central Park n'est jamais que le détonateur d'une énergie destructrice alimentée par l'administration américaine.
Le dessin de Darrick Robertson et l'encrage très « gras » de Tom Palmer conviennent parfaitement à l'ambiance. Tout comme les couleurs de Paul Mounts. La guerre n'est pas une partie de plaisir, et il me semble que ni le récit d'Ennis, ni les planches de l'équipe artistique ne pourraient servir à une campagne de recrutement.
Valley Forge, Valley Forge : Garth Ennis/Goran Parlov/Nicole Duclos
Valley Forge du nom de la base d'appui feu où se sont déroulées les éventements relatés dans Born, se déroule cette fois-ci aux États-Unis à l'époque contemporaine. Comme l'illustration ci-contre le dévoile, ce qui s'est passé fin 1971 au Vietnam, à fait l'objet d'un livre, écrit par le frère d'un des camardes de Frank Castle. Parallèlement à des extraits du livre, nous suivront une opération mené par un groupe des forces spéciales américaines, chargé de capturer le Punisher.
Si ce dernier est bien le personnage principal, il est surtout ici, un catalyseur. Sorte de McGuffin™ il permet à Garth Ennis de dresser le portrait de différents individus, et d'écrire encore un récit de guerre. Une des plus belle histoire d'Ennis qu'il m'a été donné de lire.
Goran Parlov s'y montre aussi à l'aise lorsqu'il s'agit d'exploser la baraque, que lors des moments plus introspectifs, ou lors des discussion entre les personnages. Une belle leçon de mise en récit séquentielle.
••• Pour La Section, Parlov fait de nouveau équipe avec Garth Ennis, et Jordie Bellaire s'occupe dorénavant des couleurs, en lieu et place de précédemment Lee Loughridge.
Mathieu Auverdin (de MAKMA) remplace Nicole Duclos à la traduction.
Fait particulièrement notable, Garth Ennis contrairement à ce qu'il a fait sur Born et Valley Forge, Valley Forge, s'intéresse aux adversaires de Frank Castle et de sa section. Au point de faire parler un personnage « semi historique », Letrong Giáp.
Il articule son histoire autour des souvenirs d'une partie des rescapés qu'a commandée Frank Castle, lors de son premier séjour au Vietnam. Lesquels sont évoqués lors d'un entretien mené par Michael Goodwin, l'auteur du livre sur Valley Forge dont il est question dans le recueil presque homonyme (voir supra).
Dans cette histoire, en autant de chapitres que de numéros mensuels parus aux U.S.A entre octobre 2017 et février 2018, Garth Ennis est au sommet de son art.
Très documentée, La Section n'en oublie pas pour autant de se placer à hauteur d'homme, et surtout de donner la parole à la résistance vietnamienne. Un point de vue pas si fréquent que ça, s'agissant de fiction américaine. La réécriture du « roman national » de s'encombre pas souvent, il est vrai, de la contradiction.
Et surtout, aucun des personnages croisés dans ces pages n’apparaît comme tels.
Par la grâce de son écriture Garth Ennis les transforme en individus. Soutenu il est vrai par le trait fin et expressif de Goran Parlov. Pour ce dernier un dessin vaudra bien mieux qu'un long discours, et cette page infra me paraît être un bon résumé du spectre de son talent :
••• Avec La Section, Garth Ennis affine le portrait de Frank Castle, un personnage dont il a pris les rennes il y a déjà longtemps, mais qui n'a jamais été aussi bien écrit. Et révèle en creux son alter ego.
Corolaire lorsqu'on écrit sur un archétype aussi puissant, c'est aussi une page d'Histoire de l'Amérique que document ici Ennis.
Avec La Section le scénariste boucle (pour l'instant ?) un nouveau chef-d’œuvre (dans lequel j'inclus bien évidemment les indispensables Born et Valley Forge, Valley Forge), au cœur d'une d’œuvre pourtant déjà très riche en scénarios exceptionnels.
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* Hapax existentiel : Un évènement qui ne peut se présenter qu'une seule fois, et qui conditionne le reste d'une vie.
On peut inclure la série Fury : My war gone by des mêmes auteurs à ce courant de récits dans lequels Garth Ennis questionne la guerre, ses ramifications et ses conséquences, qu'elles soient globales ou à l'échelle d'un individu. En passant du point de vue de Frank Castle, qui fait une apparition en personnage secondaire, à celui de Nick Fury, le scénariste plonge dans certaines des crises géopolitiques significatives qui ont émaillées le XXème siècle (la baie des cochons, le Vietnam, le Nicaragua, l'Indochine) et s'interroge entre autres sur le poids de la responsabilité politique dans ces conflits. Par ailleurs, Ennis s'intéresse également au point de vue adverse et c'est dans cette série qu'il introduit le personnage de Letrong Giáp, un acteur clé dans le commentaire de l'auteur sur les divers aspects troubles de la guerre, qu'on retrouve visiblement dans The platoon (La section).
RépondreSupprimerJe n'en dis pas plus pour ne pas te déflorer le plaisir qui t'attend à la lecture de ces treize épisodes formidables, qui m'ont personnellement ouvert les yeux sur l'étendue du talent de conteur de Garth Ennis. Je n'avais pas vraiment apprécié un des parti pris scénaristiques de la mini-série Born - la fonction que revêt la voix off dans la construction du Punisher - et n'ait pas lu Valley Forge, Valley Forge, mais ton billet me rappelle fort justement que The platoon m'attend et devrait passer dans mes prochaines lectures.
Oui tu as entièrement raison au sujet de Fury : My War Gone. Je compte d'ailleurs la relire suite à ma lecture du triptyque dont je parle ici.
SupprimerVoilà, j'allais le dire, mais Benoit m'a battu de vitesse
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