Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du janvier, 2020

La Prisonnière du diable [Mireille Calmel]

La Prisonnière du diable , de M ireille C almel, récit sous l'emprise immédiate du suspense et du soupçon, verse lentement mais irrémédiablement, au cours de ses 416 pages, dans un imaginaire de Fantasy . Et ceci, malgré son émargement dans la catégorie des « romans historiques ».  « Mai 1494, en Égypte. Une roue de pierre tourne, gardée par un ordre secret. Elle transmet la Volonté de Dieu.  Juin 1494, à Utelle, sur les hauteurs de Nice ; Hersande règne sur le sanctuaire de Notre-Dame. Elle reçoit enfin le billet délivré par la roue. »              Placé sous les auspices d'une distribution principalement féminine, La Prisonnière du diable a tous les atours d'un roman « post-#MeToo », ou, à tout le moins, ceux d'une affirmation féministe.  Mais il faut parfois se méfier des apparences (tout en reconnaissant que l'autrice oriente à sa guise sa création).  Certes, on ne peut pas totalement évacuer le Zeitgeist dès lors qu'il est question de créer, d

Le Mans 66 [James Mangold / Christian Bale / Matt Damon]

« Mon nom est Caroll Shelby, et je fais des voitures de course * », une formule dont on ne sait pas si elle s'inspire ou si elle a inspiré J ohn F ord (aucun lien de parenté avec le constructeur automobile). Mais ce dont on peut en revanche être sûr, c'est qu'à l'instar de son glorieux aîné, J ames M angold préfère filmer la légende.  Qu'au besoin il façonne.              Le Mans 66 c'est pour le dire vite, une bromance à 300 km/h, un film qui plutôt que de ressembler à une longue (2h30) publicité, cherche à capter une époque. Celle, romantique dixit M angold, où il était encore possible à un maverick de défier le « Système ».  Mise à part (à mon avis) deux insères de voix- off redondants, et la leçon de F ord à son personnel au tout début, qu'on dirait tournée dans un petit atelier mécanique, Le Man 66 est captivant de bout en bout.  C hristian B ale et M att D amon, qui partagent le même amour pour la AC COBRA (justement créée par Sh

Avec ses yeux [Liu Cixin / Gwennaël Gaffric]

Je ne crois pas pouvoir rêver mieux, comme premier rendez-vous avec L iu C ixin, que sa nouvelle intitulée « Avec ses yeux ». Illustrée ici par R omain É tienne. Traduite par G wennaël G affric, elle a été couronnée par le Prix des lecteurs 2017 de la revue BIFROST * . Et au moment de sa sortie en Chine , en 1999, par le Prix Galaxy . Autrement dit, le prix littéraire chinois le plus prestigieux en matière de science-fiction.             Twist ou chute, j'aime qu'une nouvelle me surprenne. Si en plus elle m’embarque sur un terrain complétement inattendu .... Celle de L iu C ixin est de cette trempe. En plus d'être 100% science-fictive, si j'en crois la définition que donnait T heodore S turgeon du genre.   Et puis .... Avec ses mots,  L iu C ixin rend possible au lecteur une expérience comparable à celle que l'employé au sol du centre de navigation transmet, avec ses yeux , à la jeune femme de la nouvelle. En y laissant (en ce qui me concerne) une aussi

De bonnes raisons de mourir [Morgan Audic]

Aujourd'hui, des tours opérators nous proposent de visiter Pripiat et la Zone d'exclusion de Tchernobyl (plus communément appelée la Zone), au départ de Kiev ; pour des prix compris entre 60$ et 165$. Dans un bus confortable nous précise-t-on. A udic M organ quant à lui, nous propose De bonnes raisons de mourir , pour 21,90€. Trigger warning : « Je dois vous avertir que plusieurs scènes de ce livre décrivent des personnages partageant un repas contenant du gluten. »  Dans ce roman, son deuxième, l'auteur, enseignant, nous entraîne dans un whodunit ( kilafé ) où se mêlent le Tchernobyl d'aujourd'hui et celui de la catastrophe nucléaire d'avril 1986. Le tout sur fond de tensions séparatistes, de taxidermie, d'effondrement économique et de revendications écologiques.             Désirs contrariés, compétition entre les protagonistes et les antagonistes, révélations ouvrant des perspectives différentes de celles du départ ; si je voulais continue

Le postier [Bentley Little / Michel Pagel]

« Pour les habitants d'une petite ville isolée comme Willis, en Arizona, l'arrivée du courrier est l'un des points forts de la journée. » Publié aux U.S.A. en 1991, Le postier l'est quatre ans plus tard dans une traduction de M ichel P agel pour la collection Terreur © , de l'éditeur Pocket . • Bentley Little             Né un mois après que sa mère ait assisté à la première du film Psychose d' A lfred H itchcock, B entley L ittle est un écrivain d'horreur qui sera rapidement adoubé par S tephen K ing lui-même. Jeune écrivain de nouvelles, il sera avant cela encouragé par D ean K oontz, qu'il rencontre à une signature, lequel lui trouve un agent pour son premier roman The Revelation .  Ce roman, qui était son projet de thèse en Master de littérature anglaise, remporte le Bram Stoker Award dans la catégorie du « Meilleur premier roman » en 1990.   Bref ont a connu écrivain moins prometteur. Discret, se reconnaissant peu d'affinités av

Légion t2 : À fleur de peau [Brandon Sanderson / Mélanie Fazi]

Précédemment dans Légion : Stephen Leeds a été engagé par les Laboratoires Azari, SA. pour retrouver un de ses scientifiques. Lequel « a trouvé le moyen d'appliquer la science aux vérités suprêmes de la religion. » dixit Tobias, un aspect de Stephen Leeds. • Dans À fleur de peau Stephen est investi d'une nouvelle mission : retrouver un corps qui a disparu de la morgue. ______________             L'idée de Légion , alias Stephen Leeds a été soufflée à B randon S anderson par son ami D an W ells : Et si ..... les voix qu'entend un schizophrène, plutôt que de le pousser à la folie, lui rendaient service ?  Stephen Leeds est un surdoué, un génie, capable d'apprendre en très peu de temps quasiment n'importe quel savoir (langue, histoire, psychologie, techniques commando, etc. ). Toutefois, plutôt que d'utiliser ce savoir comme n'importe lequel d'entre nous, Stephen créé, après chaque apprentissage, un « aspect ». Autrement dit une nouvelle

Brooklyn Affairs [Edward Norton / Jonathan Lethem]

Si on ne peut pas ne pas penser à Chinatown en regardant Brooklyn Affairs , à condition d'avoir vu le film de Roman Polanski , l'immobilier y prenant la place qu'occupait l'eau à Los Angeles et Moses Randolph se substituant à Noah Cross . C'est plutôt dans la filmographie de l’interprète de ce dernier, que le film d' E dward N orton puise plus qu'une parenté ( sic ) . La filiation étant justement un thème partagé par Chinatown et Brooklyn Affairs . En effet, le long-métrage d' E dward N orton inverse la proposition du film (et du roman de D ashiel H ammett) Le Faucon Maltais . Dans le film de J ohn H uston, la chasse au trésor autour du Faucon de Malte est à la fois un écran de fumée, et le révélateur d'un meurtre (celui de Miles Archer , collègue de Sam Spade ) ; véritable enjeu de l'intrigue.  Un whodunit dont la nature n'apparait qu'à la toute fin. Dans Brooklyn Affairs c'est l'inverse.  L'enquête sur le me

Le cadeau de Noël [Jeffery Deaver / Élie Robert-Nicoud]

« Une nouvelle est un tir de sniper. Rapide. Surprenant. » écrit J effery D eaver dans la préface (drôle et intéressante) de son recueil, intitulé Spirales infernales . Si la forme courte n'est pas n'est son type de récit privilégié, Le cadeau de Noël en est un, même si on lit cette nouvelle un autre jour que le 25 décembre.  Il s'agit d'une enquête de Lincoln Rhyme et d' Amelia Sachs .  Le premier est un éminent criminologue, et la seconde son assistante, non moins éminente. Deux des personnages récurrents de l'auteur, lesquels ont eu droit à une interprétation sur « grand écran » [ Pour en savoir + ], et à une série télévisée ; en cours de diffusion.   Pour en revenir à la nouvelle en question, elle nécessite, pour être appréciée pleinement, d'accorder toute sa confiance à l'auteur. Ainsi, dire de J effery D eaver qu'il est talentueux, et pour le coup roublard comme pas deux, n'est plus un avis mais un axiome.  À ce titre Le cadeau d

La mort dans l'Ouest [Joe R. Lansdale / Claude Freilich]

J'ai découvert J oe R . L ansdale au milieu des années 1990. Les éditions Fleuve Noir © avaient commercialisé, à l'époque, une collection de livres de poche proposant des histoires de super-héros, en prose. Si l'expérience s'était révélée assez pénible à lire, un auteur était clairement sorti du lot : J oe R . L ansdale. Et comme cela se passe assez souvent je me suis mis en quête de ce qui était alors disponible, et je suis tombé sur La mort dans l'Ouest , publié en 1992 par les éditions L'incertain © . Un « Weird Western » de 130 pages, plus un avant-propos de l'auteur.             On s'entend habituellement pour dire que le premier « Weird Western » jamais écrit l'a été par R obert E rvin H oward. Publiée en 1932 dans le bien nommé Weird Tales , un pulp magazine dont la renommé est encore aujourd'hui vivace dans l'imaginaire collectif ; L'Horreur dans le tertre mêle habilement le mythe du Far West et celui du vampire.    

Les Elfes de Fer t1 [Chris Evans / Emmanuel Chastellière]

Peut-être connaissez-vous cette « théorie littéraire », mise au point par l'écrivain & éditeur F ord M adox F ord, laquelle avance que la seule lecture de la quatre-vingt-dix-neuvième page d'un roman est suffisante pour donner envie de lire ou non ledit roman.  Or donc, j'ai soumis La Souveraine des ombres à ce test. Et le premier tome de la série, connue sous le titre de Les Elfes de Fer , s'en tire plutôt bien. « Quand le sort est jeté, au beau milieu de la bataille, tout ce qui compte, monsieur, ce sont les couilles, les mousquets et les soldats. Nous avons besoin des trois. »             Ce premier tome, ressortissant de la Fantasy dite « magie & mousquets », est par ailleurs plutôt astucieux car il met en scène des elfes dans un sous-genre d'où ils sont généralement absents.  En effet la Flintlock Fantasy (dans la taxonomie anglo-saxonne) dépeint un monde imaginaire post-moyenageux où l'avancée technologique est souvent équivalente à ce

Bone Collector [Jeffery Deaver / Philip Noyce / Denzel Washington]

Bone Collector est une adaptation du premier tome de la série romanesque créée par J effery D eaver.  Lincoln Rhyme est était un policier hors pair avant qu'un accident ne le rende tétraplégique. Dès le générique (très bonne idée d'ailleurs), il est présenté comme un expert en police scientifique ( forensic ), un essayiste et un conférencier. La découverte du cadavre d'un notable de la ville de New York , par une jeune policière, pousse un de ses anciens collègues à faire appel à lui.              Bone Collector est, à ma connaissance, le seul film à utiliser la structure narrative dite du « voyage du héros » pour deux de ses personnages. En effet, Lincoln Rhyme ( D enzel W ashington) et Amelia Donaghy ( A ngelina J olie) connaissent  de conserve « l'appel de l'aventure », « le refus », « le mentor », etc. ; quasiment étape par étape la structure popularisée par C hristopher V ogler (à partir des travaux de J oseph C ampbell). Là où c'est ingénieux